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Déguerpissement des emprises publiques à Dixinn : plusieurs baraques et des points de vente saccagés sur fond de tension

Le bulldozer de la mairie de Dixinn était en action ce vendredi, 25 février 2022, les occupants de la contrée bordant des rails près de Madina. Cette zone habitée par des Guinéens et des Léonais a été déguerpie. Une centaine de baraques, de kiosques, de conteneurs et autres points de commerce ont été affaissés sous l’œil impuissant de leurs propriétaires. Plusieurs dégâts matériels et des blessés (dont un garde communal) ont été enregistrés. Les victimes de ce déguerpissement dénoncent cette opération dont ils n’avaient aucune connaissance, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.

Selon Abdoulaye Cheick Sidibé, l’un des déguerpis, la maire de Dixinn n’a informé personne de cette opération. Tout le monde a été surpris de voir le bulldozer ce matin.

Abdoulaye Cheick Sidibé, victime

« Ce matin, ils sont venus nous surprendre pour gâter nos hangars. Certains revendent du poison ici, d’autres du tô, du sandwich, du café… d’autres comme moi sont même logés ici. Mais, ils ont tout gâté. Nous n’avons reçu aucun avertissement. Pour un premier temps, ils (responsables communaux) étaient venus prendre 100 mille avec nous pour qu’on puisse rester. Et, ensuite, ils sont revenus trois mois plus tard pour réclamer les mêmes 100 mille. Voici, aujourd’hui, ils sont venus tout saccager sans nous avertir. Difficilement j’ai pu sauver mes documents. Mon conteneur que j’ai  acheté à 1.500.000 francs et dans lequel je loge avec ma petite famille a été détruit. Le tableau de mes enfants et le frigo dans lequel ma femme met de l’eau à vendre a été détruit. On a tout perdu. Je suis paniqué, je ne sais pas quoi faire » a dit Abdoulaye Cheick Sidibé.

Contrairement à son prédécesseur, Fassou Hébélamou, étudiant au Centre de Formation professionnelle de Donka, reconnaît qu’ils ont été bel et bien informés de quitter les lieux. Mais, il fustige le comportement de certains cadres de la commune qui leur ont extorqué de l’argent en leur faisant croire qu’ils pouvaient encore rester dans cette zone.

Fassou Hébélamou, étudiant du CFP de Donka

« Pour ce déguerpissement, on a été informé, franchement. Mais, à chaque fois qu’ils viennent, nos chefs qui sont ici nous demandent de collecter de l’argent pour qu’ils nous laissent tranquille. Parfois on paie 100 mille, parfois 150.000 francs. On a cotisé ici, ça ne fait pas un mois, à raison de 100 mille chacun. Après ça, nos chefs ici et les cadres de la mairie nous ont demandé de peindre nos kiosques pour que le coin soit un peu joli. Nous avons accepté cela et presque tout le monde a bien fait sa place. À ma grande surprise, à mon retour de l’école aujourd’hui, j’ai trouvé qu’ils ont tout saccagé, sans exception. Ce qui avait arrangé leur kiosque ou pas, tout a été déguerpi. Pourtant, nos chefs ont collecté de l’argent ici pour aller leur donner. Chez nous ici, on a pu sauver beaucoup de nos biens avant l’arrivée de la machine. C’est chez nos voisins où beaucoup de choses ont été gâtées… Pour s’installer ici, moi j’ai payé 700 mille à un certain Tounkara qui réclamait ça au nom d’une dame qui serait la propriétaire des lieux. À la fin de chaque mois, nous payons  50 mille comme frais de location et au fur et à mesure ça augmentait. La place en question est gérée par deux communes : les communes de Matam et de Dixinn. À tout moment Matam peut venir nous demander de payer que parce que la partie leur appartient. Dixinn aussi la même chose. C’est comme ça qu’ils viennent nous embêter. Je demande à l’État de nous venir en aide. Sinon là où nous sommes, on n’a même pas où dormir, on ne sait pas quoi dire », a expliqué cet étudiant en maçonnerie.

De son côté, Souleymane Diallo ne s’est pas laissé faire. Il a livré un rude combat avec les agents communaux avant que ces derniers ne mettent en pièce son kiosque. Mais, il a dit avoir tout perdu.

Souleymane Diallo, gérant de Kiosque

« Ils sont venus l’autre fois nous informer de libérer les lieux. Nous avons cotisé entre nous ici pour aller les voir. Nous avons commencé au gouvernorat, après nous sommes allés voir la responsable d’ici madame Konaté à qui appartient le parc automobile qui se trouve derrière nous en face de l’autoroute. Nous leur avons dit de nous épargner, parce que ce sont les étudiants qui viennent ici, c’est les restaurants et les prestataires qui sont là. Du coup, aujourd’hui ils sont venus pour saccager. Personne ne s’est opposé à eux, mais pendant que nous sortions nos effets, comment ils peuvent faire passer le bulldozer sur nos biens ? Ma télévision, mon congélateur, mon kiosque, rien n’a été épargné », a-t-il déploré.

Foromo Kalivogui, prestataire dans la même contrée, n’a pas pu sauver ses outils de travail. Selon lui, la quasi-totalité de ses machines (imprimante, photocopieuse, ordinateur…) ont été endommagées par le fait du bulldozer qui a tout saccagé de passage.

Fassou Hébélamou, étudiant du CFP de Donka

« Aujourd’hui nous sommes très surpris de voir une équipe très musclée venir nous déguerpir. Nos machines sont gâtées, nos matériels volés. Nous sommes  des diplômés, au lieu de rester à la merci des parents, on a décidé de faire ce travail. Ils ont gâté chez moi deux imprimantes, deux ordinateurs, une machine photocopieuse, de reliure et de plastification ont été endommagés », a dit ce jeune diplômé.

Alpha Oumar Cissé, victime de blessure

A noter que cette opération de déguerpissement fait partie d’une campagne de déguerpissement des emprises de la route lancée par la mairie de Dixinn depuis près d’une année. Mais, ce vendredi, c’est sur fond de tension que les opérations se sont déroulées. Des altercations et des tirs de sommation entre les occupants des lieux et les agents de la police. Un garde communal y a été grièvement blessé, ainsi que plusieurs autres civils.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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