Des journalistes guinéens se mobilisent pour célébrer le doyen Diallo Souleymane de son vivant. Le fondateur du groupe de presse Lynx/Lance, Lelynx.net a traversé des moments difficiles dans son combat pour la liberté de la presse en Guinée, notamment des séjours en prison à cause de son engagement pour la liberté de la presse. Les initiateurs de cet événement, prévu le 29 octobre prochain, ont tenu la 5ème réunion préparatoire ce samedi 15 octobre 2022 à Conakry, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
A deux semaines de la cérémonie d’hommage en faveur journaliste Diallo Souleymane, les initiateurs de cette reconnaissance à l’endroit de l’un des doyens de la presse guinéenne multiplient les réunions préparatoires. La commission, composée de plusieurs hommes de médias, a tenu sa 5ème rencontre.
Les préparatifs vont bon train, rassure Asmaou Barry. « Nous avons beaucoup avancé aujourd’hui en termes de préparatifs que ça soit sur le documentaire qui parle de la vie de Diallo Souleymane, mais également sur d’autres surprises que nous lui réservons pour ce jour. Bref, il faut se féliciter que chacun s’y met, tout le monde essaye de contribuer même ceux qui ne sont pas à cette réunion d’aujourd’hui chacun se sent concerné et ajoute son grain de sel. C’est ce qui est plutôt remarquable parce que ça montre que Diallo Souleymane constitue un symbole d’union pour l’ensemble de la corporation », a-t-elle expliqué.
Sanou Kerfalla Cissé est l’initiateur de cet évènement qui vise à reconnaître le mérite de Diallo Souleymane pour son combat pour la liberté de la presse durant ces trente dernières années. Il a lui-même passé 10 ans dans sa carrière au journal satirique Le Lynx.
« Diallo Souleymane est cet homme qui a formé beaucoup de journalistes. Dans les années 1990, la presse écrite a été libéralisée ici à travers la loi 005 du 22 décembre 1991. C’est dans cette ambiance que les Diallo Souleymane ont créé le journal Le Lynx. Il y avait déjà Siaka Kouyaté, qui avait lancé le Citoyen, mais Diallo Souleymane a eu pour mérite d’exister. Le journal a aujourd’hui plus de 30 ans. Je me rappelle, c’était le 7 février 1992 quand Le Lynx a été lancé. Diallo Souleymane a mis sur le marché beaucoup de produits qui sont en train de faire leurs preuves, soit au sein de leurs propres entreprises ou dans l’administration.
Je me prends en exemple : aujourd’hui, j’emploie 102 personnes ; tout ça, ce sont des produits du journal Le Lynx. C’est avec beaucoup de bonheur que nous commençons par Diallo Souleymane ; il n’est pas le seul acteur. Puisque tout voyage de milles pas commence par un pas, il faut commencer. Avec les collègues, tous les journalistes, nous allons essayer de perpétuer cette journée et créer un prix qui portera le nom prix Diallo Souleymane pour la liberté de la presse en République de Guinée », a déclaré Sanou Kerfalla Cissé, PDG du groupe de presse Afric Vision.
Diallo Souleymane a rencontré beaucoup de difficultés dans sa carrière de journaliste. Il a fait la prison plusieurs fois sous le régime de feu général Lansana Conté. Sanou Kerfalla Cissé est l’un des témoins oculaires des moments difficiles traversés par le doyen.
« Au départ, je suis un témoin oculaire de ses difficultés parce que j’ai rejoint le Lynx le 15 mars 1993. En 1995, suite à un article intitulé « Miss CEDEAO, la Guinée n’en veut pas », cet article balisait le chemin non seulement de la liberté d’écriture, de la démocratie et surtout la nomination d’un Premier ministre. Qu’est-ce qui s’est passé à l’époque ? Il y a eu l’élection Miss CEDEAO en Côte d’Ivoire le 12 août 1995. Parmi les 16 États, 14 étaient annoncés et 2 ne l’étaient pas, dont la République islamique de Mauritanie et la Guinée. Les quatre autres Miss ont raté leurs vols ; donc, il y avait 10 miss présentent lors de la quatrième édition de Miss CEDEAO.
Nous nous sommes dit au Lynx, notamment Diallo Souleymane, qu’une élection miss se tient rarement dans une mosquée ; donc pour la Mauritanie, on les comprend pourquoi ils n’envoient pas une miss au niveau de la CEDEAO. Mais pour le cas de la Guinée, on a dit que c’est évident pour la simple raison qu’ici en Guinée on n’en veut pas, du moment qu’on a notre Henriette Conté, parce que les deux dames se rivalisaient (Kadiatou Seth Conté et Henriette Conté, toutes mariées à Lansana Conté), donc au Lynx, nous avons dit qu’on préfère notre Henriette Conté qui a été non seulement première dans le temps que dans l’ordre alphabétique.
A l’époque puisque l’ancien président avait fait main basse sur la dernière miss Guinée, on s’est demandé depuis le coup Diarra qu’il n’y avait pas un premier ministre dans ce pays, d’ailleurs si cette miss était élue qui l’aurais épousée ? Donc, cet article a fouetté l’orgueil du gouvernement de l’époque à réveiller le sens pour dire attention, on n’a pas de Premier ministre ici. Pourquoi après les événements des 2 et 3 février 1996, il est allé en prison pour trois semaines et en mars il est allé encore en prison pour 3 jours.
Donc, pour le 28 septembre, il a été condamné au paiement de 2 millions GNF. Il y a eu des gens qui se sont portés volontaires pour payer ce montant, mais au Lynx nous avons dit non. Malgré nos maigres moyens, nous avons payé les 2 millions GNF. On ne nous a pas fait cadeau. Ce monsieur mérite tout simplement une reconnaissance pour son combat », a indiqué M. Cissé.
Mamadou Tanou Bah pour Guineematin.com
