Comme annoncé précédemment, le procès des présumés auteurs du massacre du 28 septembre 2009 se poursuit à Conakry. Le capitaine Marcel Guilavogui continue à faire sa déposition à la barre. En répondant aux questions de la partie civile, il a nié en bloc tous les griefs qu’on lui reproche, a constaté sur place l’équipe de Guineematin.com déployée sur les lieux.
Le capitaine Marcel Guilavogui rejette en bloc tous les faits mis à sa charge. Face à une batterie de questions que maître Saa Dissi Millimouno, un des avocats de la partie civile, lui a posé, il est resté droit dans ses bottes. Il ne reconnaît aucun fait articulé contre lui.
Guineematin.com vous propose ci-dessous l’échange entre l’avocat et l’accusé :
Le colonel Claude Pivi a déclaré aux enquêteurs qu’au matin du 28 septembre 2009, il n’était pas au camp Alpha Yaya Diallo. Mais dès qu’il est revenu, il a eu l’information qu’il y a eu des violences au stade. Et les militaires lui ont cité les noms de ceux qui sont allés aux stade. Vous, en votre qualité d’adjoint du commandant Aboubacar Toumba Diakité, qui était le commandant de la garde présidentielle, quels sont les noms qui vous ont été cités comme étant ceux qui sont rendus au stade ?
« Ça, c’est au colonel Pivi qu’il faut demander ça. Moi, je ne sais pas », répond Marcel Guilavogui.
Les militaires ne vous ont donné aucun nom comme étant allé au stade ?
« Je n’ai jamais été au stade »
Je n’ai pas dit que vous avez été au stade, mais vous étiez quand-même l’adjoint de Toumba ? Lorsque vous avez eu l’information qu’il y a eu des violences au stade et que ce sont les militaires de la garde présidentielle qui s’y sont rendus, est-ce que vous avez cherché à connaître quels sont les éléments de la garde qui sont allés au stade ?
« Je n’ai pas cherché parce que Toumba est là. Il est le chef. Je n’ai pas cherché, j’étais malade. »
Capitaine Marcel Guilavogui, dès les premières heures de la survenance des violences au stade, les informations selon lesquelles vous et le commandant Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba avez été vus au stade ont circulé. Et le président Dadis dit avoir rencontré Toumba à cet effet pour en discuter. Est-ce que vous aussi, il vous a rencontré ?
« Non, je n’ai pas rencontré le président Moussa Dadis Camara sur le cas du 28 septembre »
Donc, le président Dadis n’a même pas cherché à vous rencontrer ?
« Il ne l’a pas cherché. En tout cas, on ne s’est pas vu. Il ne m’a pas aussi appelé. »
Est-ce que le président vous avait donné au moins des instructions pour prendre toutes les dispositions en vue d’identifier les éléments qui sont allés au stade ?
« Je n’ai jamais reçu d’ordre dans le cadre du 28 septembre à travers le président Dadis »
Mais est-ce qu’il a convoqué au moins sa garde pour chercher à savoir qui est allé au stade et qui n’est pas allé ?
« Je ne suis pas au courant ».
Est-ce que la garde présidentielle avait l’habitude de se déplacer en masse, avec des armes sans l’autorisation du président ?
Le président se déplace avec sa garde. S’ils sont dotés d’armes, ils partiront avec leurs armes.
Est-ce que la garde présidentielle avait l’habitude de se déplacer avec les armes, sans le président ?
La garde présidentielle ne peut pas se déplacer et laisser le président sur place.
Est-ce que vous vous rappelez le 28 septembre 2009 avoir emprunté l’autoroute, être arrivé à la Camayenne, puis en face de l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry et avoir garé à ce niveau ?
« Ce n’est pas moi ça »
Capitaine Marcel Guilavogui, le 28 septembre 2009, vous êtes sortis du Camp Alpha Yaya Diallo avec des camions, des pick-up, et des hommes habillés en bérets rouges, armés. Où étiez-vous allés ?
« Ça, ce n’est pas moi »
Marcel Guilavogui, le 28 septembre 2009, très tôt le matin, vous avez eu une rencontre avec le commandant Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba. De quoi avez-vous parlé au cours de cette rencontre ?
« Ça, ce n’est pas moi. Moi, j’étais malade en ce moment »
Ce n’est pas une infraction de rencontrer Toumba ce matin-là. Vous n’étiez pas le seul. Je vous rappelle qu’il y avait feu Makambo, il y avait Georges, il y avait Théodore. Et je vous rappelle, lorsque vous êtes venus le rencontrer, vous Marcel Guilavogui, vous lui avez posé le problème de l’association de la garde présidentielle à la gestion de la manifestation. Et lorsque vous l’avez posé, Georges a précisé que les hommes sont déjà allés au stade pour infiltrer les manifestants. C’est Georges qui a fait cette précision devant vous, lorsque vous, vous avez posé à Toumba le problème de l’association de la garde du président à la gestion de la manifestation. Vous rappelez-vous ?
« Ça, ce n’est pas moi. Je n’ai pas fait cela »
Saïdou Hady Diallo, Abdallah Baldé, Mohamed Doré, Amadou Lama pour Guineematin.com
