« Ce n’était pas volontairement ; mais, il est décédé dans mes mains. Nous avons passé la nuit ensemble. Le matin, il a laissé la dépense sur la table et est sorti… Mais, je n’ai pas préparé, j’ai pris cet argent pour acheter de la nourriture pour les enfants. Quand il est revenu le soir, il m’a demandé si j’ai préparé, j’ai dit : non… », a notamment expliqué Dame Aminata Diallo ce lundi à la barre.
Le parquet du tribunal de première instance de Dixinn a requis 20 ans de prison ce lundi, 27 février 2023, contre Aminata Diallo, une jeune mère de famille. Cette accusée est poursuivie pour le meurtre de son mari en 2019 à Sonfonia-Gare, dans la commune de Ratoma. Des faits qu’elle a d’ailleurs reconnus à la barre, tout en exprimant des regrets et en implorant le pardon du tribunal, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.
C’est la première fois qu’elle comparait devant le tribunal pour cette affaire de meurtre qui lui colle à la peau (après plusieurs programmations) ; mais, Aminata Diallo a plaidé coupable dès l’entame de son interrogatoire à la barre. Elle a déclaré que le coup de poignard infligé à son mari (Mamadou Bobo Bah) au niveau du cœur était un geste involontaire.
« Ce n’était pas volontairement ; mais, il est décédé dans mes mains. Nous avons passé la nuit ensemble. Le matin, il a laissé la dépense sur la table et est sorti sans que je ne le sache. Mais, je n’ai pas préparé, j’ai pris cet argent pour acheter de la nourriture pour les enfants. Quand il est revenu le soir, il m’a demandé si j’ai préparé, j’ai dit : non ! Il a demandé pourquoi ? J’ai dit comme le manger du bébé est fini, j’ai acheté pour lui. Mais, je lui ai aussi dit que j’ai acheté quelque chose pour nous pour le dîner. J’ai dit : attends-moi, je vais finir de faire le manger du bébé et je prépare pour nous. Il m’a dit non, lui il veut du riz ou son argent », a-t-elle raconté, tout en précisant que c’est en ce moment que son mari lui a administré une paire de gifles et des coups.
Poursuivant son récit, Aminata Diallo a laissé entendre que c’est de cette paire de gifles qu’est partie la bagarre qui a coûté la vie à son mari.
« On s’est bagarré dans la chambre, il a pris le couteau pour dire que si je ne sors pas il va me tuer. J’ai dit : je ne sors pas à cause de 20 mille francs. Je lui ai donné un coup au niveau du ventre, il est tombé et j’ai pris le couteau, je suis partie au salon, je me suis cachée derrière les fauteuils… Il m’a prise de dos par mes cheveux, nous sommes arrivés à la terrasse (…), il a pris ma main qui détenait le couteau. Dans les tiraillements, le couteau a touché son cœur. Il m’a laissée et a dit : tu m’as blessé. J’ai dit : où ? Dès que j’ai vu le sang, j’ai crié et appelé à l’aide. Ainsi, Koto (frère) Alhassane est venu, ils l’ont envoyé à l’hôpital… Il (Mamadou Bobo Bah) était mon cousin, nous avons la même taille ; mais, je suis plus grosse que lui. Au moment des faits, j’étais enceinte de trois semaines. Suite à la bagarre, j’ai eu une fausse couche », a expliqué Aminata Diallo.
Dans ses réquisitions, le ministère public a déclaré que l’accusée avait l’intention de tuer son mari et ses remords pour ce crime sont tardifs. Le procureur, Mamadou Hady Diallo, a aussi demandé au tribunal de condamner Aminata Diallo à 20 ans de prison et de constater le désistement de la partie civile.
De son côté, l’avocat de la défense a plaidé la clémence du tribunal pour son client. « Puisque l’intention n’était pas là, nous vous demandons l’acquittement », a-t-il plaidé.
Pour sa propre défense, Aminata Diallo a déclaré avoir regretté le meurtre de son mari et elle a demandé pardon au tribunal.
« Je regrette tellement et je demande pardon. Je n’avais pas l’intention. C’est vrai qu’il y a eu une bagarre, mais je n’avais aucune intention de le tuer », a-t-elle déclaré.
Finalement, le juge audiencier, Amadou Sy, a mis le dossier en délibéré pour décision être rendue le 13 mars 2023.
À suivre !
Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com
