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Lounceny Fall après sa déposition : « je m’attends à ce que tous les leaders politiques viennent »

Dr François Lounceny Fall, victime du massacre du 28 septembre

Après trois (3) jours d’interrogatoire à la barre du tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry, sur le massacre du 28 septembre 2009, François Lounceny Fall, a exprimé un sentiment de  » grand soulagement » devant la presse qui l’attendait au sortir de la salle d’audience. L’ancien Premier ministre et ministre des Affaires Etrangères a mis l’occasion à profit pour exhorter les autres leaders politiques, présents au stade lors du massacre, de venir dire leur part de vérité.

Guineematin.com vous propose, ci-dessous l’intégralité sa réaction :

Dr François Lounceny Fall, victime du massacre du 28 septembre

« J’avoue que c’est un grand soulagement pour moi. Parce que pendant 13 années, j’ai attendu ce moment. Étant l’un des leaders qui ont mobilisé les militants et militantes pour ce meeting du 28 septembre, je me sentais dans l’obligation, après tout ce qui s’est passé, ce que nos militants et militantes ont enduré, au stade du 28 septembre, j’ai toujours considéré qu’il est de notre devoir de venir devant ce tribunal d’abord encourager qu’il y ait un procès. Parce que les crimes qui ont été commis ce jour-là sont des crimes monstrueux. On a assassiné, on a tué des dizaines de personnes, on a violé des dizaines et des dizaines de femmes et des milliers de personnes qui ont été blessées dans une manifestation absolument pacifique dans un enclos fermé. La barbarie de cette action pendant 13 ans, j’ai toujours souhaité donner devant un tribunal ma part de vérité.

Je n’ai pas attendu ce procès, j’ai publié un livre à l’Harmattan où j’ai relaté les événements du 28 septembre depuis 2012-2013. J’ai fait des interviews dans le monde entier pour parler des massacres du 28 septembre et l’occasion m’a été donnée de venir, je n’ai pas hésité malgré toutes les pressions de plusieurs personnes. J’ai tenu à assumer mes responsabilités en venant dire au tribunal en tant que partie civile, ce que je sais sur le massacre du 28 septembre.

Je m’attends à ce que tous les leaders politiques viennent. Puisqu’il y avait quand même une responsabilité collective. Je suis heureux que ce procès se tienne. Parce que notre pays, comme vous le savez, dans son histoire tumultueuse, on a connu beaucoup de crimes de masse dans ce pays, mais qui sont restés dans l’oubli. Et les gens avaient tendance aussi à ranger le massacre du 28 septembre dans ce groupe de crimes de masse oublié. Nous aspirons à réconcilier les guinéens.

Ce que j’ai dit ici, ce procès n’est pas dirigé ni contre une région, ni contre une ethnie. Je vous le dis en toute sincérité et je souhaite que ce procès serve à réconcilier les guinéens et qu’il encourage aussi les guinéens à revisser l’histoire pour que les pages noires qui sont encore sous silence, qu’on puisse en parler avec courage, assumer ce qui s’était passé. Le jour où nous allons exorciser ces choses, vous verrez que la Guinée va se mettre en place. Il y aura une nouvelle Guinée, réconciliée avec elle-même.

Ce que j’ai dit devant le tribunal, on ne peut pas transformer les victimes en bourreaux. Mais c’est de bonne guerre. Ils (les avocats de la défense) n’ont pas d’autres angles de défense. Les leaders des forces vives qui avaient fait une demande officielle de se réunir, on n’est pas allé dans la rue pour manifester. On voulait faire un meeting, faire une déclaration. C’est tout ce qu’on voulait et c’est notre droit légitime. Malheureusement, nous n’avons pas été entendus, c’est plutôt la brutalité qui a été la réponse qui a été donnée et la conséquence, vous la connaissez… », a dit l’ancien Premier ministre.

Propos recueillis par Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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