Souleymane Traoré, l’ancien Directeur général du Fonds d’entretien routier (FER), a été interrogé devant la chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) dans la journée d’hier, lundi 03 avril 2023. Il est poursuivi pour détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment des capitaux préjudiciables à l’Etat guinéen. Le président de la Cour, Francis Kova Zoumanigui, l’a questionné sur l’origine des fonds importants, notamment en devises, retrouvés dans ses comptes bancaires, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Souleymane Traoré a déclaré que ces fonds provenaient de ses activités, aurifères et agricoles notamment. Il a également expliqué n’avoir jamais effectué de retraits sur son compte devises, car il avait ouvert ce compte pour économiser de l’argent pour les études universitaires de ses enfants. Le compte épargne a été utilisé pour accumuler des versements de 5 000 à 10 000 dollars, issus des frais de missions qu’il n’a pas utilisés lors de ses déplacements dans différents pays africains. Il a nié avoir reçu un virement de 177 589 dollars en novembre 2019. Le prévenu affirme aussi que les versements faits par des tiers sur son compte bancaire étaient effectués à son nom personnel, car il n’avait pas le temps de faire des versements ou des retraits en raison de ses fonctions.
Le président de la Cour a remarqué que le compte de Souleymane Traoré avait enregistré un total de 277 592 dollars de 2019 à 2021.
A la barre, le prévenu Souleymane Traoré a donné des explications sur l’acquisition des fonds logés dans ses comptes bancaires. « J’ai ouvert le compte en 2002. Ce sont les revenus de mes activités que j’épargne ici. Je vous ai dit ici la fois dernière que sur ce compte-là d’ailleurs, j’ai reçu un virement de 100 000 dollars de Bellzone en provenance d’Australie dans le cadre de mes activités. Je vous ai dit aussi que j’avais des activités aurifères et celles agricoles qui me génèrent des ressources. Donc, des revenus que je verse sur mes comptes. Sur le solde de mon compte devises, si vous regardez le mouvement de mon compte devises, vous verrez que je n’ai jamais fait de retrait puisque c’est le compte que j’ai voulu ouvrir pour épargner un peu pour les études universitaires de mes enfants, la scolarité des études universitaires de mes enfants. Donc, c’est une accumulation sur plusieurs années. Sur mon compte épargne, je n’ai jamais fait de retraits et ces versements, c’est 5 000 dollars, c’est 10 000 dollars. Donc, je vais en mission puisque quand je vais en mission, les frais de missions, je ne les utilise pas. Je les verse dessus. Donc, c’est cette accumulation sur plusieurs années que vous voyez comme ça. Voilà un peu l’origine de ces ressources », a-t-il expliqué.
Le président de la Cour, Francis Kova Zoumanigui a fait remarquer aux parties que le compte de Souleymane Traoré a enregistré de 2019 à 2021, un total de 277 592 dollars. « Il est vrai que ces deux dernières années, qui correspondent à ma présidence de la l’AFERA (l’Association des fonds d’entretien routier africains), j’ai beaucoup voyagé dans les différents pays africains parce l’organisation regroupe 35 pays, et qu’en tant président, il y a au moins dans chaque sous-région, un groupe focal qui se réunit deux fois par an. Donc, il y a 4 groupes focaux dans les différentes régions africaines, il y a les assemblées générales et ces frais de mission, comme je vous l’ai dit la fois dernière, quand vous allez en tant président, en tant directeur général, tout votre séjour est pris en charge par le pays qui vous reçoit », se justifie-t-il.
Par ailleurs, le 11 novembre 2019, il y a une transaction dont le montant s’élève à hauteur de 177 589 dollars dans le compte de Souleymane Traoré. Mais, le prévenu rejette et s’explique : « ce n’est pas possible monsieur le président, dans la mesure où vous ne pouvez pas verser plus de 20 milles dollars. C’est une migration interne de ma banque qui a changé de logiciels de gestion. Donc, les comptes ont été migrés sur de nouveaux logiciels. C’est le solde qui existait. Sinon, dans toutes les banques, vous ne pouvez pas dépasser 5 000 ou 10 000 dollars de versement », a-t-il laissé entendre.
En outre, le président du tribunal va interroger le prévenu sur différents versements faits par les tiers du 10 décembre 2019 au 11 mars 2020 jusqu’au 20 juillet 2021, avec un total de 277 000 dollars. « Dans une banque, monsieur le président, vous ne pouvez pas dépasser 10 000 dollars au maximum. Ceux qui déposent l’argent sur mon compte le font à mon nom personnel. Parce qu’avec mes fonctions, je ne peux pas aller faire la queue à la banque pour faire un versement. Parce que je n’ai pas le temps d’aller à la banque pour des versements ou bien des retraits et les montants qu’on verse sur mon compte, ce sont des montants que moi-même je donne à des jeunes gens pour aller verser sur mon compte… ».
L’autre question posée à Souleymane Traoré est relative à un montant de 277 mille 500 dollars versés dans ses comptes par tierces personnes. « Monsieur le président, vous constaterez que depuis des années, je ne me suis pas présenté devant un guichet d’une banque pour faire le retrait ou le versement. Ceux qui vont verser ces montants sur mon compte, c’est moi même qui leur donne les montants pour aller verser sur mon compte et ces montants proviennent de mes frais de mission à l’intérieur et à l’extérieur du pays, de mes activités agricoles et de mes activités aurifères. Ils n’ont aucun lien avec mon salaire au FER, ni d’ailleurs sinon que de ces frais de mission qui varient entre 5000 et 10 000 dollars que je n’utilise pas et des ressources tirées de mes activités. Pour les frais de mission, j’ai les libellés au FER, mais pour les autres activités, je n’ai pas de documents par rapport à cela », a-t-il laissé entendre.
Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com
