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Charles Wright sur l’évasion de Dadis, Pivi et Cie : « les gens (assaillants) étaient devant la maison centrale depuis 4H40 »

Alphonse Charles Wright, ministre de la justice et des droits de l'Homme

On en sait un peu plus sur ce qui s’est passé à la maison centrale samedi dernier lors de l’évasion du capitaine Moussa Dadis Camara et les colonels Moussa Tiegboro Camara, Blaise Goumou et Claude Pivi tous jugés au procès du 28 septembre 2009. L’opinion s’est passée beaucoup de questions sur la façon dont le commando « dirigé » par le fils de Claude Pivi (en cavale) a pu dépasser le cordon de sécurité à la rentrée de Kaloum, mais aussi celui entourant la prison pour faire sortir les prisonniers.

Invité dans une émission à la télévision Évasion Guinée, le ministre de la Justice et des Droits a notamment expliqué que les assaillants étaient devant la maison centrale pendant plusieurs heures avant de passer à l’action. Selon Alphonse Charles Wright, il a bien fallu des complices pour réussir l’opération.

« Les gens étaient devant la maison centrale depuis 4h40. La maison centrale est une zone où quand un véhicule passe, vous avez des barbelés de sécurité pour percer les pneus. Depuis 4h, ils sont arrêtés là. Ils ne sont pas venus avec des véhicules, pas du tout. Ils ne sont pas venus avec des véhicules, ils sont venus trouver un véhicule de la police à la devanture. Et il se trouve que dans ce véhicule de police, il y avait leurs accoutrements. Tout était dans ce véhicule de police, tout était préparé. L’agent qui est auprès du véhicule dans un premier temps est assis. Quand les gens viennent, il fait semblant qu’il a été mis aux arrêts alors que durant toute la scène il était là avec les gens, ils discutaient de comment ça devait se passer. Le véhicule qu’ils ont saisi, qui détenait la clé ? Parce que pour que vous puissiez utiliser un véhicule pour l’opération, il faut vous rassurer qu’il y a le carburant, il faut assurer que le véhicule est opérationnel, mais tout y était. Puisqu’ils étaient auprès du véhicule de la police, ceux qui passaient pouvaient penser que c’est la police qui était là, parce qu’ils avaient déjà porté leurs uniformes. Qui pouvait penser que ceux qui étaient là sont venus pour faire sortir ces détenus ? Parce que le véhicule qui était là est celui qui a l’habitude de stationner là-bas . Donc, ils viennent et ils font tout dans ce véhicule. La question que je me suis posée, comment ils savaient que ce véhicule là pouvait être à cette position ? Pourquoi c’est là-bas qu’ils ont pris des armes et se sont habillés ? Jusque-là, je ne parle pas des gardes pénitentiaires d’abord parce que la sécurité à des niveaux. Les gardes pénitentiaires sont à l’intérieur, ils ne sont pas à l’extérieur. Ils sont venus se mettre devant la cour de la maison centrale pendant deux à trois heures arrêtés là-bas. Ceux qui étaient là ce jour pour le cordon sécuritaire étaient de l’autre côté, complètement effacés, assis. Quelqu’un vient s’arrêter pendant une à deux heures alors que tout ce cordon sécuritaire est là-bas. Il n’y a même pas eu un tir. Et ceux qui étaient là-bas n’étaient pas mis au repos, ils étaient là et ils les regardaient, communiquaient avec eux. Quand ils ont fini de faire, le véhicule qui devait transporter le capitaine Dadis Camara et autres est venu garer. Comment rentrer à la maison centrale ? C’est simple : ils sortaient, ils rentraient et sortaient pendant 30 minutes », a indiqué Alphonse Charles Wright.

Le ministre de la justice a révélé que les caméras de la maison centrale ont été sabotées avant l’attaque. Alors il s’estime trahi par l’administration pénitentiaire.

« A la maison centrale, vous avez une porte blindée et 60 caméras que j’ai placées. Sur les 60, il n’y en avait que 8 qui fonctionnaient normalement . Parce que 2 jours avant, ils ont saboté les caméras qui ont été fixées là-bas. Qui garde les caméras si ce n’est pas les gardes pénitentiaires (..). Ce sont eux. Je ne parle même pas de l’extérieur. Mais ceux que j’ai placés là en toute confiance, j’ai mis des caméras pour vous aider puisque vous ne pouvez pas tout voir, vous débrancher les caméras. La base de données est dans le bureau du régisseur. C’est lui qui reçoit toutes les données, qui peut appeler qui que ce soit pour alerter. Tu étais où ? Pourquoi ces caméras étaient désactivées. Ces gens sont venus s’arrêter pendant 2h de temps devant la maison centrale, vous ne les avez pas vus ? La porte est blindée, il y a un règlement intérieur qui dit qu’il n’y a pas de visite dès 16h. Si quelqu’un vient à des heures indues, tape à la porte, la première chose à dire c’est de demander c’est qui? Qu’est-ce que vous voulez ? C’est tel, non je ne vous reçois pas (…). Si l’intéressé arrive à casser la porte, à rentrer, à vous braquer une arme parce que vous vous n’en avez pas, à vous blesser, je peux comprendre. Personne ne vous en voudra pour ça. Personne ne doit vous accuser de ça, parce qu’on ne peut pas résister face à une force dont on n’a pas la capacité de faire face. Mais on tape à la porte, vous l’ouvrez, personne n’est blessé, on vient on embarque les gens librement. Ce qui est marrant dans tout ça, c’est quand les gens-là ont quitté avec capitaine Dadis et les autres, ceux qui étaient à l’intérieur sont venus encore s’arrêter. Qu’est-ce qu’il faut ? Il faut justifier qu’on a été attaqué. En pareille circonstance, ni ceux les gardes pénitentiaires, ni ceux qui étaient dehors, personne ne peut me justifier qu’il n’y a pas eu de faille, qu’il n’y a pas eu de complicité », a dit le Garde des Sceaux.

Ce qui reste clair, la rocambolesque évasion des plus célèbres prisonniers du pays n’a pas encore fini de révéler tous ses secrets.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com 

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