Conakry : sevrés d’essence, les pêcheurs de Kaporo expriment leur ras-le-bol et menacent d’investir la rue

Des pêcheurs artisanaux et des mareyeuses ont organisé ce mardi, 2 janvier 2024, un mouvement de protestation au port de Kaporo (dans la commune de Ratoma). Ils dénoncent la discrimination dont ils font l’objet dans la vente de l’essence dans les stations-services depuis l’explosion du dépôt de carburant de Kaloum le 18 décembre dernier. Ils promettent aussi d’intensifier leur manifestation dans les prochains jours si leur réclamation n’est pas satisfaite par les autorités, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

La discrimination dont souffrent actuellement les pêcheurs artisanaux à Conakry est née de l’interdiction de servir du carburant dans les bidons au niveau des stations-services. Cette interdiction a été annoncée par le gouvernement guinéen quelques jours après l’explosion du dépôt de carburant de Kaloum. Mais, elle paralyse déjà les activités de pêche à Kaporo.

« Je suis un responsable qui est resté devant, parce que j’ai constaté que la manifestation des sages et des jeunes. Nous, on est père de famille, c’est aller dans la mer qu’on connaît. Nous faisons de la pêche pour nourrir les enfants. Il y a eu crise d’essence et nous avons les Jerricans (réservoir des pirogues motorisés) pour acheter de l’essence pour envoyer au port. Les véhicules ne vont pas dans la mer. Et ils disent qu’ils ne vont pas nous servir dans le jerrican. Ils veulent nous tuer. C’est pour cela qu’on s’est révolté. Mais, comme on a vu que les jeunes voulaient déborder, on les a sensibilisés. Ça fait mal s’ils interdisent de servir l’essence dans les jerricans. Nous ne sommes pas des travailleurs de l’Etat, la plupart de la population est nourrie par les pêcheurs.

La pêche artisanale aide l’Etat à nourrir la population. Mais, on n’a pas une bonne ministre. On a envoyé une ministre qui ne connaît pas le domaine, elle n’est pas spécialiste de la pêche. Dans le département, on a nommé comme ministre une femme, Directrice communale de la pêche une femme, directrice du port encore une femme. C’est un acte de sabotage. Mais, on attend jusqu’à un autre jour. Ils seront surpris de voir ce qui se passe. Le colonel Mamadi Doumbouya doit examiner cela, si c’est vrai ou faux. Parce que si tu entends qu’on parle d’un chef, c’est si la population accepte », a indiqué Ibrahima Baga Camara, pêcheur au port de Kaporo.

Pour se faire entendre aujourd’hui par les autorités, les pêcheurs artisanaux de Kaporo ont bloqué l’accès à leur port et ont mis en demeure leur administrateur d’y pénétrer. Mais, si rien n’est fait jusqu’à demain pour les satisfaire, ces pêcheurs promettent d’investir la rue pour bloquer la circulation.

« Depuis cette interdiction, c’est le calvaire que nous vivons ici. Nous achetons de l’essence à Dubréka. Depuis trois semaines, c’est seulement deux pirogues qui travaillent au port de Kaporo. Par exemple, quand tu achètes un bidon de 20 litres d’essence à Dubreka tu te retrouves avec 18 litres ici, sans compter ce que tu donnes au pompiste. Nous souffrons beaucoup au port de Kaporo et il n’y a pas de travail. Nous avons envoyé des glaces qui sont gâtées, il n’y aucune goutte d’essence. Nous étions dans la rue hier et le Chef de quartier nous a rappelés de rentrer en disant qu’il est formellement interdit de servir l’essence dans les bidons.

A Dixinn, ils vendent l’essence. S’il vous plaît aidez-nous. A Kaporo, ils servent uniquement les détenteurs des engins. Nos matériels ne font que se détruire. Moi j’ai deux petites pirogues ici, mais ça ne marche pas par manque d’essence. Pourquoi les autorités refusent d’aider les pêcheurs de Kaporo ? Pourtant plusieurs pirogues viennent s’arrêter ici. Et mieux, nous avons une station d’essence tout près. Si toutefois on ne gagne pas de l’essence d’ici demain à Kaporo, les femmes vont sortir dans les rues », a menacé Mabinty Soumah, porte-parole des femmes du port de Kaporo.

Amadou Baïlo Batouala Diallo pour Guineematin.com

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