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Pour ou contre l’usage du fouet à l’école ? Des acteurs de l’éducation divisés sur la question 

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Malgré son interdiction par la législation scolaire, le fouet est encore présent dans plusieurs écoles de Conakry. De nombreux « surveillants généraux » des écoles, aussi bien du primaire que du secondaire, sont régulièrement munis d’une chicotte et prêts à sévir contre les élèves dits « récalcitrants ». Des acteurs de l’éducation, interrogés par un reporter de Guineematin.com, ont des avis divergents sur le sujet. Si les uns trouvent normal d’utiliser le fouet dans l’apprentissage, d’autres réprouvent la pratique et appellent à y mettre fin.

L’utilisation du fouet à l’école est une pratique qui existe depuis plusieurs générations. Elle est souvent perçue comme un moyen pour « corriger » les enfants récalcitrants à l’école. Mais, son utilisation divise des acteurs de l’éducation.

 La rédaction de Guineematin.com s’intéressant à la réalité, donne la parole aux personnes concernées par le phénomène pour en parler à travers l’un de ses reporters dépêchés à leur rencontre.

Habib Diallo, parent d’élèves

Habib Diallo, ingénieur agronome et parent d’élèves, se dit favorable à l’utilisation du fouet à l’école. « Moi, je suis passé par là. À l’école, j’étais très canaille. C’est seulement le fouet qui m’effrayait. Donc, le débat ne doit pas se poser, il faut la chicotte à l’école. Il faut permettre aux enseignants de se munir de cet outil, en faire un instrument pédagogique, ne pas les blâmer quand ils s’en servent. Les parents payent des millions pour l’enseignement de leurs enfants ; donc, si c’est le fouet qui permettrait que ceux-ci obtiennent un bon niveau, il faut que le fouet resté à l’école… »

Même son de cloche chez Elhadj Abdoulaye Barry, père de sept enfants, rencontré à Ratoma. Il demande néanmoins à ce que les enseignants n’en abusent pas.

Elhadj Abdoulaye Barry, parent de sept enfants

« Il faut chicoter les enfants à l’école. Les enfants ne connaissent pas ce qu’ils veulent. Donc, il faut les chicoter. L’utilisation du fouet aussi ne doit pas être exagérée. Il faut frapper l’enfant s’il ne traite pas par exemple son devoir ou s’il pose des bêtises. On n’est pas comme les blancs. Nous, dans l’éducation, même à la maison, le fouet est présent… »

L’impact nocif de l’utilisation du fouet sur les enfants est non négligeable, estiment d’autres personnes. Ibrahima Sory Soumah, professeur de Mathématiques dans une école de la place, conscient de cet état de fait, dit qu’il est simplement muni du fouet, mais qu’il ne l’utilise pas.

Ibrahima Sory Soumah, professeur de mathématiques

« Utiliser le fouet, ce n’est pas évident. Mais nous, on tient le fouet, c’est pour les effrayer. On ne frappe pas les enfants à l’école. On brandit le fouet simplement pour les amener à nous obéir, à se tenir au carreau. Parce qu’il y a des enfants qui sont malades. Donc, si vous les frappez, ça risque de créer des problèmes. C’est pourquoi nous sommes simplement avec le fouet, mais on ne l’utilise pas… »

Par contre, Boubacar Biro Barry, président de l’Association des parents d’élèves et amis de l’école (APEAE) de l’école primaire publique Radar, rencontré à la mairie de Ratoma, affirme que le fouet est dépassé.

Boubacar Biro Barry, président de l’APEAE

« C’est un système archaïque, un système vraiment dépassé. C’est vrai que c’est difficile de contenir les enfants à l’école, compte-tenu surtout de la démission parentale. Mais, cette méthode est juste due à la défaillance du système. Aujourd’hui, on n’a pas besoin du fouet pour redresser un enfant… C’est une pratique qu’il faut vraiment bannir afin d’empêcher que l’enfant ne développe la culture de la répression. Le fouet n’est vraiment pas pédagogique puisqu’il traumatisme. Il faut d’autres méthodes, d’autres moyens comme la sensibilisation et la synergie entre l’école et la famille pour en finir avec le fouet dans les établissements. Si cette pratique persiste toujours aujourd’hui, c’est parce que les parents ont démissionné dans le suivi de leurs enfants, et c’est compréhensible. Cette démission est due à la pauvreté. Les parents n’ont pas le temps et ils ne peuvent donc pas contrôler leurs enfants à l’école… »

Mamadou Baïlo Diallo pour Guineematin.com

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