Accueil A LA UNE Labé : immersion dans le difficile quotidien des conducteurs de taximoto

Labé : immersion dans le difficile quotidien des conducteurs de taximoto

Le métier de taximoto est une activité très ambiante de nos jours. Partout en Guinée, pour des raisons de manque d’emploi, de piste pécuniaire, les jeunes, souvent des diplômés, se lancent dans ce domaine devenu l’unique solution pour eux. À Labé, ils sont nombreux à être motards, mais malgré cela, ils rencontrent énormément de problèmes dans cette préfecture éloignée de plus 350 kilomètres de Conakry.

Rencontrés ce lundi 25 Mars 2024, les responsables syndicaux des motards de la préfecture sont revenus sur le quotidien de leur activité. Un quotidien surtout marqué par le manque de soutien des autorités, le manque d’éclairage public, des routes dégradées et poussiéreuses.

Elhadj Mounir Diallo, premier secrétaire général syndicat

« Aujourd’hui, c’est grâce aux différentes cotisations que nous survivons. On ne gagne pas bien dans notre travail. En plus d’utiliser cette cotisation pour louer nos locaux, c’est cet argent que nous utilisons pour aider parfois nos camarades motards qui se retrouvent dans des difficultés. Il y a aussi des confrères motards qui ont fait 5 ans, 10 ans dans le métier de taximoto avec l’engin d’une autre personne, c’est-à-dire qu’ils utilisent la moto de quelqu’un pour travailler et qu’ils doivent lui remettre une recette. Donc, ces personnes sont à accompagner grâce à nos cotisations. Et actuellement, nous pensons faire notre possible pour permettre à ces personnes de travailler avec leur propre moto et de travailler de façon indépendante. On n’a aucun autre accompagnement des autorités, parfois aussi les personnes de bonne volonté nous épaulent. Mais honnêtement, on ne vit que de nos cotisations. Le secteur taximoto crée de l’emploi pour la jeunesse. Grâce à ça ici à Labé, on a dissuadé beaucoup de jeunes d’emprunter la mer. Mais, on manque vraiment de soutien », a dit Elhadj Mounir Diallo, premier secrétaire général syndicat indépendant de Labé.

Sur la même lancée, Abdoulaye Barry, taximotard de Labé-centre, dénonce le manque de soutien des autorités, bien que la Mairie prélève les taxes.

« Il y a eu par le passé un problème ici entre les syndicalistes et Monsieur le maire pour les taxes de stationnement. C’est un problème récent, ça ne fait même pas deux mois. Il y a eu une confrontation entre le maire et le syndicat. C’était les syndicats qui prélevaient les taxes de stationnement avant, mais finalement la mairie leur a retiré ça. C’est la commune qui prélève aujourd’hui les taxes de stationnements. En plus, malgré qu’ils viennent prélever les taxes avec nous ici, on ne profite pas de l’argent. On stationne sous le soleil ici. Les bancs sur lesquels on s’assoit, c’est nous-mêmes qui les payons. Et quand la saison pluvieuse est là, on n’a pas de tente sous lesquelles s’abriter. Les lampadaires, la nuit, ne s’allument pas. Ça crée énormément de problèmes. Parfois, il y a des cas d’accidents, de vols et ça accroît l’insécurité », a-t-il indiqué.

En outre, vu l’affluence de plusieurs personnes dans l’activité de taximoto, il y a plusieurs centrales syndicales qui régularisent le domaine. Il y a parmi ces centrales, l’Union syndicale des travailleurs de Guinée dirigé par le secrétaire général Mory Diakité. Il appelle les motards à plus de responsabilités.

Mory Diakité, secrétaire général USTG

« En fait, au niveau de l’activité de taximoto, ici le manquement principal c’est la formation. Tous ceux qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts, n’arrivent pas à avoir du travail se lancent dans le métier de motards. Ils ne sont pas formés et ne connaissent pas quand les routes parlent avec les plaques, créant ainsi énormément de dégâts. Donc, il faudrait que les jeunes se forment bien avant de se lancer dans le métier, de se discipliner et de comprendre que quand ils portent deux à trois personnes derrière, que ce sont des vies humaines qu’ils ont derrière eux. Qu’ils soient plus responsables et polis. Que l’État comprenne que l’activité de taximoto ne doit pas être abandonnée. Depuis 2005 le métier est pratiqué à Labé. Dans les conditions normales, les autorités locales doivent nous faire loger. Avant le contrat qui nous liait nous permettait de gagner pour payer les cotisations. Le syndicat réclamait 20 millions avec les taxes qu’il prélevait, mais maintenant, puisqu’on en a plus, on ne vit que de nos cotisations. Donc, que l’État se penche là-dessus pour nous aider d’autant plus que malgré toutes les taxes, malgré qu’il ait récupéré ça de son côté, on a rien vu de concret sur le terrain », a dit ce monsieur présent dans le métier de tximoto depuis plus de 20 ans.

Mamadou Baïlo Diallo pour Guineematin.com

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