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Huile rouge à Yomou : des femmes se plaignent de la perte de leur chiffre d’affaires et interpellent les autorités

Cécile Matha Doualamou, productrice de l'huile rouge et ménagère

De nombreuses femmes évoluant dans l’extraction et la commercialisation de l’huile rouge se plaignent de la baisse des prix du produit à Yomou. Elles ne parviennent plus à joindre les deux bouts dans une conjoncture économique compliquée. Interrogée par le correspondant de Guineematin.com basé dans la préfecture de Yomou, certaines d’entre elles ont expliqué leur calvaire. Elles demandent aux autorités de la transition de les aider à sortir de cette situation.

Il y a quelques temps, le bidon de 20 litres d’huile rouge sur le marché se négociait entre 280 000 et 300 000 GNF. Aujourd’hui, la donne a changé, plongeant les dames de la Guinée forestière dans le désarroi. C’est le cas de dame Angeline Balamou, qui exerce ce métier dans les villages de Yomou.

Angeline Kpoghomou, commerçante

« Depuis que j’ai commencé le commerce de l’huile rouge, il y a de cela plus de 20 ans, je n’ai jamais vu un moment plus difficile que ce moment que nous traversons actuellement. Nous sommes endettées jusqu’au cou. Parfois, nous passons dans les villages pour acheter un bidon d’huile rouge à 90 000 ou 100 000 francs guinéens. Mais une fois à N’Zérékoré, on l’achète avec nous à un prix inférieur au prix d’achat, soit 90 000 ou 95 000 GNF. Au lieu d’avoir des bénéfices ; au contraire, nous perdons. Actuellement, la charge des familles depend des femmes. C’est elles qui ont toutes les dépenses et nous nous lançons dans le commerce pour pouvoir soutenir nos familles et nos enfants à étudier. Mais si la vie va ainsi, nous ne pourrons pas nous en sortir. Nous demandons à l’Etat de passer à l’ouverture des frontières pour qu’au moins le prix de l’huile rouge augmente sur le marché. C’est le seul produit qui peut permettre à la population d’avoir de l’argent », a déclaré Angéline Balamou.

L’extraction de l’huile rouge est un grand combat, allant de la coupe du régime de palmiers jusqu’à l’extraction. Un processus complexe qui fait dire à ceux qui exercent ce métier qu’ils travaillent à perte.

Cécile Matha Doualamou, productrice d’huile, fait partie de ce lot de citoyens déçus. « Vraiment, nous étions très contentes quand le général Mamadi Doumbouya a pris le pouvoir. Nous avions pensé que la donne allait changer. Imaginez-vous, nous achetons un régime de palme à 2 000 francs et il nous faut au minimum 15 ou 20 régimes pour avoir un bidon, et les travaux liés à l’extraction de l’huile rouge, c’est vraiment de la mer à boire. C’est très difficile, nous sommes exposés à beaucoup de dangers, des épines, les blessures de machette, voire les morsures de serpent. Nous faisons tout ça pour subvenir à nos besoins et à ceux de nos familles. Tous les produits qui proviennent de la Guinée Forestière, leurs  prix ont tous baissé, tel que l’huile rouge, la cola, le café. Par contre, les produits qui ne sont exportés ont connu des prix très élevés, tel que le riz. Le sac de riz est allé actuellement ici chez nous à Yomou à 400 000 francs guinéens. Pour avoir un sac de riz, il faut avoir au minimum 6 bidons.  Regardez comment la vie est devenue très dure. Vraiment, nous prions le président de la République de faire face à nous, au moins de passer à l’ouverture des frontières afin que le produit soit exporté aussi. Sinon, nous ne pourrons pas nous en sortir avec cette situation. Certains de nos enfants ne vont plus étudier faute de moyens n parce que la seule source de revenus pour nous, c’est l’huile rouge. »

Avec la baisse de prix de l’huile rouge, du café et de la cola, c’est la même inquiétude qui est exprimée par les élèves qui s’en sortaient avec cette activité. D’où le cri de cœur d’Antoine Kpoghomou, candidat au BEPC de la session 2024.

Antoine Kpoghomou, élève de la 10ème Année

« C’est vraiment très dur pour nous qui avons des parents fatigués. Nous nous prenons en charge nous-mêmes pour nos études. Nous sommes obligés pendant le weekend d’aller au village pour couper les régimes de palmiers pour les femmes pour pouvoir subvenir à nos besoins à l’école. Mais avec cette situation de baisse des prix, il faut prendre une maman,  pour pouvoir au moins avoir 4 ou 5 bidons pour venir faire face à nos études, et si nous abandonnons les cours, cela joue négativement sur nos études. Vraiment, nous prions les autorités de faire face à cette situation », a plaidé le jeune collégien.

De Yomou, Michel Anas Koné pour Guineematin.com 

Tél. : 620 354 792

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