En Islam, le saint Coran et les hadits du Prophète (PSL) sont les références de base. Mais, ni l’un ni l’autre n’a de façon formelle traité de la question de la contraception. Ce qui ouvre la voie à une interprétation jurisprudentielle, appelée en Arabe Fiqh. Dans le souci de connaître la position de l’islam sur la question de la contraception, un reporter de Guineematin.com a donné la parole à l’éminent spécialiste en jurisprudence islamique, Docteur Mamadou Oury Barry.
De nos jours, l’utilisation des contraceptifs s’est répandu, même chez les femmes et filles de confession musulmane. Elles le font pour éviter les grossesses ou pour les arrêter de façon temporelle ou définitive.
Interrogé à ce sujet, Dr Mamadou Oury Barry répond : « votre question se traite sur plusieurs volets. Premièrement, en ce qui concerne les filles ou femmes non mariées, qui font recours à la contraception pour éviter de tomber enceinte, cela est interdit. Car, cela va dans un sens qui favorise la fornication ou ‘’djinah’’, l’un des plus grands péchés en islam ».
Abordant le deuxième angle de compréhension, relative aux femmes mariées qui font recours à la contraception pour limiter le nombre d’enfants, pour espacer les naissances pour une durée relativement longue, avec ou sans l’accord de leurs époux, que cela soit pour des raisons de formation, de carrière ou de projets personnels, l’Islam juge inopportunes toutes ces raisons et considère la procréation prioritaire. Par conséquent, cela est également proscrit. Dr Mamadou Oury Barry cite ce hadith du Prophète Mohamed (PSL) : « Prenez pour épouses des femmes qui ont de l’affection pour vous et qui sont disposées à procréer ; car, je rivaliserai (c’est-à-dire votre nombre) avec les autres nations le jour du jugement ». Ce Hadith démontre l’intérêt qu’accordait l’islam sur la nécessité de ne pas entraver volontairement sa possibilité de procréer.
Quant aux couples, aux familles, qui décident d’un commun accord de limiter le nombre d’enfants qu’ils veulent faire, par crainte de ne pas pouvoir assurer leur subsistance, ils sont dans l’illégalité, soutient notre interlocuteur. Car, Allah, l’exalté, dit dans le Coran, sourate 17 versets 31 : « Et ne tuez pas vos enfants par crainte de la pauvreté ; c’est nous qui attribuons leur subsistance, tout comme à vous. Les tuer, c’est vraiment un énorme péché ». Le fait de recourir à la contraception par crainte d’assurer la subsistance des enfants dénote d’un manque de foi à l’égard du Créateur, a insisté notre interlocuteur. Parce qu’il n’incombe pas à l’homme d’assurer sa propre subsistance. « Il n’y a point de créature sur terre dont la subsistance n’incombe à Allah », sourate 11, versets 6.
Et assurément, toute épouse qui fait usage de la contraception sans l’aval de son époux et sans l’informer aura commis un double pêché. Celui d’avoir délibérément entravé sa procréation et une trahison vis-à-vis de son époux. Car, le mari a autant le droit à une progéniture que la femme.
Cependant, il y a des exceptions, des circonstances atténuantes où il est acceptable de recourir à l’utilisation de la contraception. Parce qu’avant tout d’abord, l’islam met le bien-être et l’intégrité physique des êtres humains au-dessus de tout. L’exception concerne donc les motifs liés à la santé de la femme. Lorsqu’un diagnostic établit très clairement qu’une grossesse pourrait constituer un risque pour la maman, alors elle est autorisée à prendre une contraception, car Dieu dit : « Allah veut pour vous la facilité, et ne veut pas la difficulté », sourate 2 verset 185. De même pour les femmes dont le rythme de naissance est assez fréquent, elles peuvent recourir également à la contraception pour maintenir un rythme normal, enseigne Dr Mamadou Oury Barry.
Issiaga Barry pour Guineematin.com
