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Massacre du 28 septembre : « Dadis s’est délibérément engagé à minimiser les dégâts, à saboter la mémoire des victimes »

Capitaine Moussa Dadis Camara, ex chef de la junte du CNDD

Dans sa plaidoirie ce mardi, 21 mai 2024, devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la cour d’appel de Conakry) dans le procès du massacre du 28 septembre 2009, Me Alseny Aïssata Diallo s’est montré très mordant contre le capitaine Moussa Dadis Camara. Cet avocat de la partie civile accuse l’ex chef de la junte militaire du CNDD d’être le planificateur des “crimes atroces” qui ont été commis au stade de Conakry sur des manifestants non armés.

« Les événements du 28 septembre ont été mûris, planifiés et exécutés en toute connaissance de cause par le capitaine Moussa Dadis Camara. Il a vu venir de loin ces événements et il s’est préparé conséquemment. Il a planifié les choses et a même donné des instructions à certains de ses éléments pour venir régler les comptes de tous les leaders politiques… Le plan était de faire taire à jamais les leaders politiques qui n’ont pas accepté ses instructions visant à repousser la date de la manifestation… Ici (à la barre), il y a une entente entre les accusés : il s’agit de nier systématiquement les faits. Mais, on ne peut pas nier qu’il y a eu des crimes contre l’humanité au stade du 28 septembre… Mais qu’est-ce qui a été surtout inacceptable monsieur le président, le capitaine Dadis Camara s’est délibérément engagé à minimiser les dégâts causés au stade, à saboter la mémoire des victimes, à rejeter la responsabilité sur les leaders politiques, d’effacer les traces. Monsieur le président, pour dire que c’est le capitaine Moussa Dadis Camara qui est entièrement responsable et que dans la répartition des responsabilités il doit avoir la part du lion, quand il y a eu les atrocités, même les blessés, il a refusé qu’ils sortent pour aller se soigner… C’est pour vous dire qu’il était le seul maître de la Guinée, tout provenait de lui et tout revenait à lui. Et s’il avait voulu, il n’y aurait pas eu les événements du 28 septembre, il n’y aurait pas eu ce carnage », a indiqué Me Alseny Aïssata Diallo.

Poursuivant son speech, cet avocat de la partie civile a révélé la “chaude discussion” qui a eu lieu entre le capitaine Dadis Camara et le Général Sékouba Konaté (ministre de la défense nationale) au lendemain de ce massacre du 28 septembre.

« D’ailleurs, puisqu’il savait pertinemment que si le Général Sékouba Konaté est à Conakry, en tant que ministre de la défense, il n’allait pas accepter qu’il y est ce carnage, il allait donné l’ordre à l’armée guinéenne de s’interposer et de procéder à l’arrestation de ces recrues de Kaléa, il (Dadis Camara) lui donné son avion personnel, il l’a envoyé en mission en Forêt. Et pour le rassurer, il l’a fait accompagner par son homme de confiance… La preuve, quand le Général Sékouba est revenu le lendemain des événements, il y a eu une chaude discussion entre lui et le capitaine Moussa Dadis Camara à Taouyah. Parce que le Général n’était pas du tout content de voir ses frères et sœurs guinéens détruits, enterrés vivants, déchiquetés, jetés en haute mer, etc. Il n’était vraiment pas d’accord. Mais le capitaine avait son plan : rester seul maître et de ne rester qu’avec ses hommes de confiance, ses proches. C’est pourquoi, quand il y a eu les événements du 3 décembre 2009, on s’est rendu compte qu’il avait déjà signé un décret pour muter le Général Sékouba Konaté comme gouverneur à Kankan… Si Dadis Camara avait pu rester au pouvoir 10 ans, 15 ans, 20 ans, peut-être qu’il aurait gouverné des arbres ou les animaux. Parce qu’ils auraient tué tout le monde », a martelé Me Alseny Aïssata Diallo.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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