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Semaine du jeune avocat en Guinée : plusieurs solutions préconisées pour endiguer la corruption

Semaine du jeune avocat en Guinée

La première édition de la semaine du jeune avocat, organisée par l’Association des jeunes avocats de Guinée (AJAG), a pris fin ce vendredi, 26 juillet 2024, à Conakry. Pendant 3 jours, des sujets aussi pertinents que « la corruption en milieu judiciaire, la gestion des cabinets, le droit minier » ont été abordés par ces professionnels de la justice. Une rencontre à l’issue de laquelle des recommandations et des pistes de solutions pour endiguer le fléau de la corruption ont été envisagées par les participants, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Au terme de cette rencontre, le président de l’AJAG, maître Elhadj Madiou Barry a déclaré que plusieurs diagnostics et pistes de solutions liés à la corruption ont été abordées par les participants. Il a précisé que l’un des problèmes de la corruption, relevé au cours de cette rencontre, est lié à l’impunité.

Me Elhadj Madiou Barry, président de l’association des jeunes avocats de Guinée

« Nous sommes tous confrontés à la corruption. Peut-être que la problématique ou les nuances, c’est le niveau de corruptibilité des uns et des autres. En ce qui nous concerne particulièrement, on a voulu, dans nos échanges, faire un partage d’expérience, un panel autour duquel tous les professionnels de la justice se retrouvent. Pour discuter de la même problématique. Nous avons jugé utile de faire de cette manière, pour que chacun puisse dire à l »autre comment endiguer ce phénomène, parce que nous savons qu’il existe.  Malheureusement, ceci n’est pas à favoriser une bonne justice. Et puisque nous voulons une justice juste, conforme au droit, il est donc important de s’attaquer au fléau. Bien entendu, ce n’est pas la première fois, les textes existent d’ailleurs. Mais, il faut aller au-delà de ces textes, pour vulgariser, discuter de ce qui est. Pourquoi ce n’est pas endiguer ? Et qu’est-ce qu’il faut faire pour endiguer définitivement le phénomène ? Donc, les échanges ont porté autour de ces questions », a fait savoir maître Madiou Barry.

Par ailleurs, le président de l’AJAG a dévoilé tous les acteurs présents pour ces échanges autour de la corruption.

« Il y a eu un apport considérable des uns et des autres. Des magistrats, des greffiers, des huissiers, des notaires, des gendarmes, des avocats, tous les acteurs de la justice sont intervenus autour de ce sujet. Les débats ont été de taille, et on a commencé par la déontologie(…) Pour lutter contre la corruption, il faudrait qu’il y ait une volonté politique ferme. Les instruments existent, les textes existent, il faudrait veiller à l’application des textes. L’un des problèmes de la corruption, c’est l’impunité. Si les auteurs de ces actes sont traduits devant les juridictions, les peines correspondantes sont prononcées à leur égard, c’est certain qu’on pourrait s’en sortir. Mais au cours des échanges, on s’est rendu compte que ce n’est pas l’aspect répressif qu’il faut voir. Il y a l’aspect prévention.  Cela est extrêmement important.  Ceci passe par la vulgarisation des textes. Alors, pour lutter contre la corruption en milieu judiciaire et dans tous les autres secteurs, il faudrait simplement revoir nos consciences. C’est une question de morale. Chacun de nous sait que l’avantage indu n’est pas dû. Donc, il faut refuser l’avantage indu. Le jour où chacun de nous décidera de faire comme cela, c’est certain qu’on luttera efficacement contre la corruption. Je vous donne un exemple. J’aurai aimé que l’agence nationale de la lutte contre la corruption soit présente.  Mais pour des raisons d’ordre technique, ils n’ont pas pu. Moi, en parcourant leur site web, je me suis rendu compte sur leur déclaration que nous perdons près de 500 milliards de francs guinéens par an qui partent dans le cadre de pots-de-vin. Imaginez-vous si on utilisait 500 milliards pour construire une route. On aurait combien de route par an ? Si on utilise 500 milliards pour construire des écoles, pour la formation des journalistes, pour les besoins que nous avons tous, l’assistance de ceci ou cela, nous n’en seront certainement pas à ce niveau… Deuxième lutte, il faut vulgariser pour que les gens comprennent les dangers. Parce que cela existe dans tous les secteurs. Avec cela, peut-être qu’on arrivera à endiguer, en appliquant bien entendu l’aspect répressif quand ça sera nécessaire à l’égard des indélicats », a lancé maître Madiou Barry.

En outre, l’Association des jeunes avocats de Guinée (AJAG), a fait savoir que ces pistes de solution, issues des trois jours de travaux, seront transmises aux autorités de la place pour qu’elles en fassent bon usage.

« A l’issue de nos assises, nous allons faire un rapport de synthèse qui sera effectivement transmis aux autorités. Nous le transmettrons à notre ordre, nous le transmettrons aux autorités judiciaires, au Ministère de la justice, nous le transmettrons au Conseil national de la transition parce que nous sommes en période de transition. Nous espérons qu’ils en feront bon usage. Puisque ce sont des acteurs de justice qui ont discuté pour dire voici les problèmes, voici les propositions de solutions que nous vous soumettons. Je suis convaincu qu’il n’y a pas meilleure appréciation que ce que nous-mêmes nous vivons et disons, voici ce que nous vivons et voici ce qu’il faut comme solution », a-t-il précisé.

De son côté, maître David Béavogui avocat au barreau de Guinée, ancien secrétaire général de l’AJAG, et participant à cette rencontre, a dit être satisfait de cette formation qui est une première en Guinée.

Me David Béavogui, avocat à la cour et participant à la formation

« J’avoue que c’est une satisfaction indescriptible de nous voir réussir cet événement. C’est une première. La semaine du jeune avocat n’a jamais été célébrée en Guinée. C’est une réflexion de l’actuel président de l’AJAG, qu’il faut saluer, qu’il faut féliciter. Ça nous a permis de débattre de beaucoup de thèmes, parmi lesquels la corruption en milieu judiciaire. La corruption, comme vous le savez, gangrène notre société. Nous avons également débattu du droit minier, et de pas mal d’autres thèmes liés à la gestion du cabinet d’avocat.  Avec des compétences locales et sous-régionales, nous avons eu l’honneur de recevoir nos confrères ivoiriens. Donc, ça a été un cadre de partage d’expériences qui nous a beaucoup enrichi », a-t-il laissé entendre.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 620 589 527/664 413 227

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