Accueil A LA UNE Massacre du 28 septembre : le parquet requiert des peines de 14...

Massacre du 28 septembre : le parquet requiert des peines de 14 ans de prison à la perpétuité contre les accusés

C’est après avoir égrené une longue liste de jurisprudences internationales sur les crimes contre l’humanité que le procureur Algassimou Diallo a décliné les réquisitions du parquet sur les sorts des accusés dans le dossier du massacre du 28 septembre 2009. Et dans sa distribution des peines à infliger au capitaine Moussa Dadis Camara et Cie, ce parquetier n’a visiblement fait état d’aucune clémence. Il estime que ces accusés n’ont montré aucun remords par rapport à ces crimes et il demande au tribunal de n’accorder aucune circonstance atténuante dans cette affaire. En tout cas, il a requis des peines allant de 14 ans de réclusion criminelle à la perpétuité, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Dans son grand oral, le procureur algassimou Diallo a exprimé la nécessité de requalifier les faits poursuivis dans ce dossier en crimes contre l’humanité. Et pour convaincre le tribunal, il a égrené un chapelet de jurisprudences internationales qui ont marqué d’importantes affaires en Afrique et dans le monde. Ensuite, il s’est employé à démontrer la cruauté des infractions commises le 28 septembre 2009 contre des manifestants non armés et surtout l’absence de remords chez les accusés présents à la barre.

« Dans le but de tenter d’empêcher la tenue du meeting [des forces vives], il (le capitaine Moussa Dadis Camara) a posé des actes et a été informé qu’un nombre important de nos concitoyens ont été tués au stade. Mais, il n’a pris aucune disposition. Et les jours qui ont suivi, il n’a entrepris aucune sanction, du moment que lui-même disait qu’on lui a dit que monsieur Toumba Diakité qui était son aide de camp était au stade… Monsieur le président, mon autre surprise tout au long de ces 18 mois [de procès], c’est ce manque de remords. On a eu des séances ici qui étaient difficiles à supporter pour nous. J’avais voulu en ce moment vous demander de demander individuellement à ces accusés qui sont mariés et qui ont des enfants s’ils avaient des filles parmi leur progéniture. Tellement que c’était affreux ce qui était en train d’être dit ici. Ces femmes et ces filles qui étaient parties au stade juste pour écouter les leaders d’opinion qui n’étaient pas d’accord avec la conduite de la transition, (…) on leur a exposé à une nudité forcée, on les a violées avec cruauté. Le célébrissime gynécologue, Dr Namory Keïta, est venu ici vous dire qu’il a examiné une femme qui avait dans ses parties génitales des débris de bois… Mais je n’ai senti le moindre remords dans les attitudes de ces accusés, je n’ai senti le moindre remords sur leurs visages, aucune compassion. C’est pour cela monsieur le président que je vous demanderez, au cas où, pour leur défense, on vous demandera de faire application de l’article 117 pour leur accorder des circonstances atténuantes, vous ne devez même pas y penser », a-t-il martelé.

Poursuivant son speech, le procureur Algassimou Diallo a demandé au tribunal de retenir les accusés dans les liens de la culpabilité pour “crimes contre l’humanité”.

« Au regard de ce que nous venons de vous dire depuis le matin, le ministère public requiert qu’il plaise à votre auguste tribunal [de] requalifier les faits de meurtre, assassinat, torture, enlèvement, séquestration, coups et blessures volontaires, violences, pillages de marchandises, de biens mobiliers, d’incendie volontaire de magasins, conteneurs et leurs contenus, vol à main armée, entrave aux mesures d’assistance et de l’omission de porter secours, détention illégale de matériels de guerre de première catégorie, viol et complicité (…) en ceux de crimes contre l’humanité… Constater le décès de Mamadouba Toto Camara (…) et dire par conséquent que l’action publique est éteinte à son égard. Retenir dans les liens de la culpabilité les accusés Moussa Dadis Camara, Moussa Thiegoro Camara, Blaise Goumou, Ibrahima Camara alias Kalonzo, Abdoulaye Chérif Diaby, Marcel Guilavogui, Aboubacar Sidiki Diakité alias Toumba, Cécé Raphaël Haba, Claude Pivi alias Coplan pour les faits de crimes contre l’humanité par meurtre, assassinat, torture, séquestration, viol et responsabilité de supérieur hiérarchique. Alpha Amadou Baldé et Paul Mansa Guilavogui pour des faits de crimes contre l’humanité par viol et torture », a-t-il indiqué.

Face à la gravité de ces crimes, le procureur Algassimou Diallo a requis des peines allant de 14 ans de réclusion criminelle à la perpétuité contre les accusés.

« Pour la répression, condamner Moussa Dadis Camara, Moussa Thiegoro Camara, Blaise Goumou, Abdoulaye Chérif Diaby, Marcel Guilavogui et Claude Pivi alias Coplan à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 30 ans ; Alpha Amadou Baldé (en fuite) par défaut à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 30 ans ; Ibrahima Camara alias Kalonzo, Aboubacar Sidiki Diakité alias ‘’Toumba” et Paul Mansa Guilavogui à 15 ans de réclusion ; Mamadou Aliou Keita et Cécé Raphaël Haba à 14 ans de réclusion criminelle ; décerner mandat d’arrêt contre les accusés Alpha Amadou Baldé et Claude Pivi alias Coplan (tous deux en cavale) », a-t-il déclaré.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

Facebook Comments Box
Quitter la version mobile