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Exploitation sauvage de l’or à Mandiana : le directeur préfectoral de l’environnement a reçu 20 millions de francs guinéens….

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La lutte contre l’exploitation minière illégale et la dégradation de l’environnement est un sujet préoccupant dans la préfecture de Mandiana. Malheureusement, malgré les mesures prises par le Procureur général près la Cour d’appel de Kankan, la réalité sur le terrain est loin d’être encourageante. Des cadres qui ont pour mission de veiller à l’application de ces mesures protectrices de l’écosystème forestier en profitent pour se faire plein les poches. Au lieu de mettre un terme aux activités nuisibles à l’environnement, ils se sont engagés dans une quête d’argent auprès des acteurs de la dégradation environnementale, rapporte l’équipe de Guineematin.com dans la préfecture.

Contrairement à d’autres localités où plusieurs machines de concassage ont été saisies, des cadres de la préfecture de  Mandiana, notamment le service en charge de l’environnement, ont choisi de soutenir les activités destructrices de l’environnement dans certaines localités,  en échange d’espèces sonnantes et trébuchante.

Selon une source proche de la préfecture, qui s’est confiée sous anonymat, le directeur préfectoral de l’environnement et du développement durable aurait perçu des montants des ressortissants de la commune rurale de Balandougouba et d’autres localités rurales pour être épargnés de l’opération de démantèlement des machines de concassage.

« Si vous voyez que je ne parle pas actuellement, il y a beaucoup de raisons. Parce que moi, il y a des choses que je ne cautionne pas vraiment. Les agents de l’environnement sont allés à Kantoumanina et à Kodiaran, ceux-ci ont payé de l’argent pour que la mission n’arrive pas chez eux. Mais à mon fort étonnement, ce matin, au cours d’une réunion, les ressortissants de Balandougouba sont venus payer 20 millions de francs guinéens au directeur de l’environnement pour anéantir la mission. Et quand il a reçu les 20 millions, il a appelé le secrétaire général chargé des affaires administratives pour dire que les ressortissants de Balandougouba sont venus payer  20 millions pour que la mission n’arrive pas dans leur localité. Après ce compte-rendu,  il a partagé l’argent en deux tranches : 10 millions pour eux et les autres cadres de la préfecture, et la seconde partie, pour un autre service. Ils se sont rendus également à Faralako, et c’est le maire lui-même qui a envoyé une équipe pour prendre de l’argent avec les propriétaires terriens pour les remettre. Ils ont aussi travaillé avec Missima qui payé de l’argent. Leur stratégie,  c’est de saisir les machines concasseuses et puis demander de l’argent aux communautés pour encore les libérer. Dans toute cette situation, les sous-préfets et la commune urbaine n’ont absolument rien reçu. D’ailleurs, l’argent qu’ils perçoivent, ils ne font jamais de compte-rendu à la préfecture. C’est seulement les 20 millions GNF de la commune rurale de Balandougouba qu’ils ont présentés », a expliqué notre source.

Joint par téléphone par notre reporter, le Directeur préfectoral de l’environnement et du développement durable de Mandiana, a reconnu avoir perçu le montant de 20 millions GNF des ressortissants de Sansani, un district relevant de Balandougouba, mais nie en bloc toute tentative de corruption dénoncée par notre informateur.

« Ils sont effectivement venus avec 20 millions de francs guinéens en passant par mon chef section jusqu’à mon bureau. Je leur ai dit que moi, je ne suis pas fou d’annuler une mission, car j’ai un objectif, que c’est très gauche de faire les autres sous-préfectures et de ne pas aller à Balandougouba. Je leur ai dit d’expliquer pourquoi ils sont venus. Alors, ils m’ont dit qu’ils sont de passage pour Kankan. C’est ainsi, quand ils sont partis, j’ai pris l’argent pour informer l’autorité préfectorale. Il était question donc de garder l’argent. Mais ce qui est sûr,  la mission va bouger pour aller dans ces zones au plus tard le lundi. C’est ainsi que j’ai reçu l’appel du procureur pour me demander si je les ai reçus à mon bureau. Je l’ai dit qu’ils sont effectivement venus, et il m’a demandé pourquoi je ne l’ai pas informé,  je lui ai dit de m’excuser et j’allais le lui expliquer. C’est comme ça qu’il  a appelé le préfet, qui a également confirmé les faits. Il a instruit que rien ne nous empêche de poursuivre les opérations dans ces zones. Hier, nous étions en réunion, et l’autorité préfectorale m’a demandé où on en est avec  la mission. Je leur ai dit que ça reste seulement Kiniéran, Balandougouba et Dialakoro, et que je suis en train d’élaborer les rapports des autres préfectures. Je précise que ce n’est pas la commune rurale de Balandougouba qui est venue, ce sont les habitants de Sansani. Mais déjà, mon agent qui est là-bas m’a devancé, car il a enlevé les têtes de toutes les machines. Et ils m’ont dit que l’argent qu’ils m’ont remis était juste pour la salutation. Ce qui est différent de la négociation », soutient Kaïn Keïta.

Un autre fait qui accable le service de l’environnement, c’est bien l’intervention nocturne de ces agents stagiaires dans la localité de Kôtèbatou, dans la commune rurale de Morodou, où ils ont pris un montant de 10 millions avec les exploitants des machines, sans informer le président du district, relate une source au service des impôts de ce district.

« Moi, j’ai été appelé la nuit par un proche du maire, que les agents de l’environnement sont allés prendre 10 millions avec eux là-bas, pendant que le président du district n’était même pas informé… »

Selon nos informations, le procureur de la République près le tribunal de première instance de Mandiana s’est saisi du dossier et aurait même informé le procureur général près la Cour d’appel de Kankan afin que des mesures concrètes soient prises pour mettre fin à cette situation.

De Mandiana,  Mamady Konoma Keïta et Souleymane Kato Camara pour Guineematin.com

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