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Ibrahima Kalil Camara jugé pour enrichissement illicite à la CRIEF : « J’ai vendu même des charbons », se défend-il à la barre

Cour de répression des infractions et financières

Ibrahima Kalil Camara a comparu récemment devant la chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Il est poursuivi devant cette juridiction pour des faits présumés « d’enrichissement illicite » Mais à la barre, il a nié catégoriquement ces faits qui lui sont reprochés. Et dans sa déposition, il a expliqué à la Cour comment il a acquis ses biens et a promis de fournir toutes les preuves avec des pièces à l’appui, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Ibrahima Kalil Camara est un fonctionnaire de l’Etat à la direction générale des impôts où il a tout d’abord été un simple agent avant de devenir chef section d’apurement de la même direction. Au-delà de cette fonction, Ibrahima Kalil Camara est à la fois agriculteur et éleveur, à en croire ses déclarations devant le président de la Cour, Yagouba Conté.

« D’abord j’étais un agent à la direction générale des impôts. Puis dans le temps, je suis devenu chef de section d’apurement de la direction générale. J’étais payé à 4 millions de francs guinéens. Ces 4 millions de francs guinéens ne suffisaient pas à mes dépenses dans le mois. Moi j’ai commencé à travailler depuis 1985. A l’issue d’un concours national d’intégration à la fonction publique en 1988, j’ai été admis et envoyé à l’ONAG. En ce qui concerne l’acquisition de mes biens, moi j’ai toujours eu l’idée de travailler pour moi-même. Alors, pendant que je suis fonctionnaire de l’Etat, j’exerçais d’autres activités parallèles notamment agricoles. Je cultive le riz, le pastèque, l’ananas, le piment, le gombo. Je vendais même des charbons que je prenais avec des femmes à Forécariah et que j’envoyais à Conakry pour revendre. J’ai aujourd’hui une usine d’eau dénommée Source Maférenyah. Et c’est la seule activité qui marche actuellement. Mes activités agricoles seules pouvaient me rapporter jusqu’à 200 millions de francs guinéens par an. Concernant mes biens bâtis, j’ai des parcelles à Kobayah. J’ai deux lots de 6 parcelles chacun et un autre de 10 parcelles. Un terrain où j’ai construit des maisons de 3 chambres et salon, de 2 chambres et salon et d’une chambre et salon. J’ai 6 bâtiments d’un côté, 7 bâtiments d’un autre côté et 6 autres bâtiments. J’ai 40 locateurs qui occupent ces maisons et qui me paient un total de loyer qui s’élève à 300 millions par an. Par mois, on me paie 40 millions de francs guinéens, si je ne me trompe pas. Il y en a parmi ces locateurs qui paient à 3 millions, d’autres paient 2 millions. J’habite à Kobayah Bas-fond avec ma famille dans un duplex que j’ai construit moi-même et que j’ai fini de construire en 2022. J’ai commencé à construire le duplex ainsi que les 19 autres bâtiments entre 2015 et 2016. Mais tout ça a été construit sur mes propres moyens que j’ai acquis moi-même. Mais je n’avais aucune source ailleurs où je prenais de l’argent pour construire ces bâtiments. J’avais une maison à Nongo, ma toute première maison que j’ai revendu à 900 000 000 de francs guinéens suite au décès de mes épouses. J’ai eu des coups durs dans ladite maison. Quand j’étais dans cette maison, j’ai épousé une première femme qui a fait 3 enfants pour moi. Après l’accouchement du 3ème, elle est décédée et m’a laissé avec le nouveau-né. J’ai épousé une deuxième qui a fait 2 enfants pour moi. Et après l’accouchement du 2ème, elle est décédée me laissant avec le nouveau-né. Et très malheureusement, la maison faisait face au cimetière. J’avais une école à Kobayah, des niveaux primaire et collège. J’ai commencé à construire l’école en 2012. C’est un bâtiment à étages R+2. Mais je suis en train de céder, parce que ça ne me profite pas. J’ai commencé par deux classes. Ce sont mes revenus tirés de mes autres activités notamment agricoles que j’ai pris pour investir dans cette école. Mais à un moment donné, ça ne me profitait pas. J’ai ensuite commencé à prendre des prêts. Si je veux m’enrichir illicitement, je vais prendre des prêts ? J’ai revendu l’école en 2021 à 13 milliards de francs guinéens. J’ai payé des dettes et fait des investissements », a-t-il longuement expliqué.

A la question de savoir s’il n’a que ça comme biens, Ibrahima Kalil déclare qu’il en a d’autres dans la préfecture de Forécariah.

« J’ai un domaine de 50 hectares à Maferinya sur lequel j’ai commencé à faire le lotissement et revendre certaines parcelles. J’avais des bœufs, des moutons, des chèvres, des poussins. Mais aujourd’hui tout ça n’existe presque pas, parce qu’on m’a arrêté et on m’a mis en prison pour quelque chose que je n’ai pas fait. Dans cette vie, tu occupes une position enviable, il y en aura des gens qui seront contre toi. Mais moi je n’ai porté plainte contre personne. Je crois en Dieu, celui qui m’a donné tout ça. Je m’en remets à Dieu. Ces hectares, je les ai achetés à 4 000 000 de francs guinéens chacun entre 2009 et 2010 », a-t-il fait savoir.

La Cour a en outre posé la question au prévenu de savoir s’il a des comptes bancaires pour connaître la vérité dans la présente procédure. Répondant à cette question, monsieur Camara a dit qu’il en a des comptes.

« J’ai des comptes bancaires à Yètè Mali où j’ai pris un prêt de 8 milliards et que je dois rembourser avec intérêt à hauteur de 11 milliards. J’ai un compte bancaire au niveau du Crédit Cash où j’ai pris 500 millions de francs guinéens. Mais les gens de crédits cash m’appelaient quand j’étais en prison pour me menacer par rapport au remboursement de leur argent. A la banque Cofina, j’ai pris 3 prêts dont le 3ème était à hauteur de 1 milliard de francs guinéens. Le montant total de mes prêts à Cofina qui s’élève à des milliards de francs guinéens. Ce sont les titres fonciers de mes biens à Maferinya que je donnais comme garantie pour les prêts auprès des banques. Le premier prêt que j’ai consenti, c’est avec la BICIGUI à hauteur de 100 000 000 de francs guinéens avec une facilité de caisse à 50 000 000 de francs guinéens. Les agents des banques font des visites de terrain au niveau de mes domaines pour s’assurer de ma propriété avant de m’accorder les prêts. Ils vérifient tout avant de m’accorder les prêts. J’ai toutes les pièces avec moi. Les preuves sont là. J’ai deux comptes à la BICIGUI et deux autres ailleurs. J’ai un compte pour ma société d’eau la Source de Maferinya qui seule fonctionne actuellement. Hier par exemple, mon gérant a versé 42 000 000 de francs guinéens de recettes sur mon compte après la vente journalière. J’ai toute la comptabilité dont je peux vous fournir les pièces », s’est-il défendu.

La Cour a renvoyé le dossier au 3 juin 2024 pour la communication des pièces et la suite des débats.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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