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Conakry : Djanken Diakhaby risque 3 ans de prison pour avoir fait voyager sa petite-fille en Allemagne

Dame Djanken Diakhaby, traduite devant le tribunal criminel de Dixinn pour répondre des faits d’enlèvement d’enfant, risque 3 ans d’emprisonnement. La partie civile, le Capitaine Naby Keïta (officier de police) et le parquet de Dixinn reprochent à cette vieille femme d’avoir fait voyager en Allemagne, Mariama Keïta, sans l’avis de son père biologique. Un père biologique qui n’est autre que le Capitaine Naby Keïta. A l’audience de la semaine dernière, l’accusée a nié les faits mis à sa charge, a constaté le reporter de Guineematin.com ayant suivi l’audience.

Dans sa déposition, Djanken Diakhaby, en détention depuis le 27 mars 2024, a dit que le Capitaine, Naby Keïta, partie civile dans cette affaire, ne lui a jamais confié la fille qu’il lui réclame aujourd’hui. « Naby ne s’est jamais présenté dans la famille pour dire qu’il est l’auteur de la grossesse de ma fille Sonassa Diallo. Il ne s’est jamais présenté dans famille.  Ma fille Sonassa Diallo et son enfant Mariama Keïta étaient sous mon toit.  Au vivant de mon mari, Naby ne s’est jamais présenté à la famille. Ma fille est allée en Allemagne et elle m’a confié son enfant, ma petite-fille. Naby Keïta ne m’a jamais confié cette fille », a-t-elle expliqué à la barre.

Appelé à son tour à la barre, le Capitaine Naby Keïta a expliqué dans quelles circonstances il s’est connu avec Sonassa Diallo, mère de sa fille et comment elle a été enlevée. « C’est à l’Université Koffi Annan de Guinée que j’ai rencontré Sonassa Diallo, en 2012. On vivait en concubinage. Au cours de notre union, elle est tombée enceinte. Elle m’a dit que sa famille n’accepte pas un enfant né hors mariage chez eux. Elle est allée chez sa copine à Sonfonia où elle a accouché le 8 février 2013 à l’hôpital de Sonfonia Gare. Après l’accouchement, je l’ai envoyée à Cosa chez ma sœur aînée, qui est douanière. Neuf mois après, elle m’a dit qu’elle veut aller au Maroc pour suivre une formation. Je l’ai accompagnée à l’aéroport elle a effectué le voyage. Après, elle est allée en France puis en Allemagne où elle réside actuellement. Vu mes occupations professionnelles et les occupations de ma sœur, j’ai pris mon enfant Mariama Keïta, je l’ai envoyée chez sa grand-mère, madame Djanken Diakhaby en 2014. Entre temps, j’ai voulu me marier. Je suis allé récupérer l’enfant parce qu’il y aura maintenant quelqu’un qui pourra s’occuper d’elle. Quand je suis allé récupérer l’enfant, Djanken Diakhaby m’a fait savoir que son mari est décédé. Elle a pleuré, elle a plaidé à ce que je laisse ma fille avec elle, le temps pour elle d’enlever le chagrin. J’ai accepté parce qu’elle a plaidé. Par humanisme, j’ai laissé provisoirement l’enfant avec sa grand-mère. Je ne savais pas qu’elle préparait son voyage. Un jour, j’étais à l’école de la police, l’école où elle est inscrite m’a appelé pour me dire que ça fait 2 jours que mon enfant ne venait pas à l’école. J’ai pris la permission pour venir à la maison, pour voir les motifs de son absence répétée. Quand j’ai trouvé Djanken Diakhaby, elle m’a dit qu’elle a fait voyager Mariama Keïta pour l’Allemagne. Sans mon avis, sans mon consentement, elle a envoyé ma fille en Allemagne. Donc, moi je demande de rétablir le contact avec ma fille et moi. On l’a fait voyager sans mon consentement, on change le nom de ma fille et on la pousse à m’insulter. A chaque anniversaire de ma fille, je poste sa photo sur ma page avec les larmes aux yeux. Je me suis toujours occupé de ma fille. J’étais tout le temps avec elle, dans ma voiture, au restaurant. Partout ! Ma fille a 11 ans. Je ne sais pas où elle vit. Je n’ai jamais eu un antécédent quelconque avec cette famille. C’est avec surprise que j’ai appris qu’elle a voyagé », a expliqué le capitaine à la barre.

Prenant la parole pour présenter ses plaidoiries, l’avocat de la partie civile, maître Antoine Pépé Lama, a fait savoir que Naby Keïta est la seule personne qui exerce l’autorité parentale sur sa fille, Mariama Keïta. L’avocat sollicite 300 millions de francs pour tous préjudices confondus. « Naby Keïta a trop souffert depuis pratiquement 8 ans. Plus de 6 ans sans communication avec sa fille. On a changé le nom de sa fille, on pousse son enfant à l’insulter. Il s’est déplacé à deux reprises pour aller en Allemagne à la recherche sa fille, mais en vain. La première fois qu’elle a eu à parler avec son enfant, la réponse qu’elle lui a adressée, c’est de dire ‘’je ne suis pas ta fille’’…Donc, au-delà du préjudice moral qu’on lui a causé, il y a les préjudices matériels qu’on lui a fait subir. C’est pourquoi, nous vous demandons de le condamner au paiement d’une somme de 300 millions de francs guinéens en faveur de la partie civile. Et nous voulons à tout prix et par tous les moyens légaux qu’on ramène Mariama Keïta », a plaidé maître Antoine Pépé Lama. Une plaidoirie appuyée par maîtres Gilbert Camara et Murène, qui demandent à leur tour au tribunal d’ordonner le retour de l’enfant en Guinée.

Pour le ministère public, représenté par Biwon Millimouno, tous les éléments constitutifs de l’infraction d’enlèvement d’enfant sont établis. « La fille était avec sa grand-mère, aujourd’hui elle se retrouve à l’extérieur. Qui l’a envoyée là-bas ? Mademoiselle Sonassa Diallo n’est pas là, c’est monsieur Keïta qui va exercer l’autorité parentale. L’infraction d’enlèvement d’enfant est établie dans cette procédure. Dans un premier temps, il y a l’aveu de l’accusée. Elle l’a dit à la brigade de recherches de Kipé et réitéré devant le cabinet d’instruction. Elle a dit qu’elle a fait voyager l’enfant sans le consentement de son père qui vit en Guinée. Mais, elle l’a nié à la barre…Nous vous demandons de la retenir dans les liens de la prévention d’enlèvement d’enfant. Pour la répression, vous le condamnerez à 3 ans d’emprisonnement ferme », a requis procureur Biwon Millimouno.

Quant à la défense, constituée de maîtres Salifou Béavogui, Daniel Haba, elle plaide non coupable et demande au tribunal de renvoyer Djanken Diakhaby des fins de la poursuite. « Nous plaidons non coupables. Nous vous demandons de balayer d’un revers de la main les réquisitions du procureur en la renvoyant des fins de la poursuite… »

Le tribunal a mis l’affaire en délibéré et va rendre sa décision le 27 juin 2024.

 Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 620 589 527/664 413 227

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