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Guinée : « Les conditions ne sont pas réunies pour des élections crédibles, fiables, fin 2024 » (Dr Ben Youssouf)

Docteur Ben Youssouf Keita, président de l'Alliance pour le changement et le progrès (ACP)

Le président de l’Alliance pour le changement et le progrès (ACP), le Docteur Ben Youssouf Keita, soutient que des élections crédibles et fiables ne peuvent se tenir fin 2024, comme l’exigent certains acteurs politiques. Selon cet ancien député de la 8ème législature, en séjour à Kissidougou, l’on doit éviter d’organiser des élections bâclées, au risque de perdurer dans un éternel recommencement. Il l’a dit dans un entretien accordé à Guineematin.com à travers son correspondant basé dans la préfecture.

Dans sa prise de parole, le chirurgien reconverti en politique a clairement indiqué que les élections ne pourraient se tenir à la fin décembre 2024. Le glissement est inévitable. « Il faut être pragmatique, c’est un secret de polichinelle. Honnêtement, tout le monde sait que les conditions ne sont pas réunies pour des élections crédibles, fiables, fin 2024, en tout cas les élections présidentielles. Ce n’est pas possible. Nous sommes à cinq mois de la fin de 2024, il y a dix points du chronogramme parmi les le Recensement administratif à vocation d’état civil (RAVEC). Rien qu’avec ce RAVEC, selon les spécialistes, il faut au minimum un à deux ans. A moins que nous voulions un travail bâclé ; et un travail bâclé est un travail à refaire. Ce n’est pas satisfaisant que nous allions à la va-vite tout simplement pour le respect du chronogramme ou du temps imparti pour aller aux élections. Dans la vie, rien n’est impossible, mais il faut savoir ce que l’on veut. Nous voulons des élections libres, crédibles et transparentes, qui ne souffriront d’aucune contestation. Et pour cela, il faut que les conditions soient réunies. Nous avons l’expérience des élections de 2010 où normalement il fallait quinze jours entre le premier et le second tour. Nous y sommes allés à quatre mois. Après, nous sommes venus aux élections de 2015. Il vous souviendra qu’il a été dit qu’il y a des villes en Guinée qui sont plus peuplées que Conakry. On a dit que Siguiri était plus peuplée que Conakry, que Mandiana était plus peuplée que Kankan. Ça crée des problèmes sur le fichier électoral et qui a naturellement amené à des contestations des résultats électoraux… Alors, pour ne pas faire un perpétuel recommencement, on doit se servir d’expériences du passé pour travailler dans le présent et voir l’avenir. Il faudrait que le fichier soit propre et qu’il ne souffre d’aucune contestation », a martelé le président de l’ACP.

Parlant de la fermeture de certains médias privés du pays, Docteur Ben Youssouf Keita dénonce cette atteinte à la liberté d’expression et demande l’implication des sages et religieux pour une issue favorable. « A moins qu’on soit égoïste ou démagogue, personne ne doit se réjouir de la fermeture de quelques médias que ce soit. Pourquoi ? D’abord, nous sommes en démocratie et l’oxygène de la démocratie, c’est la presse d’une part et d’autre part, ces presses qui sont fermées, sont des presses qui appartiennent à des guinéens. Ce sont des emplois qui s’envolent. Dans un pays où le taux de chômage est l’un des plus élevés du continent, il faut tout faire pour conserver le peu d’emplois que les gens ont. Alors honnêtement, nous disons que nous sommes désolés, nous sommes peinés de constater cet état de fait. Et l’appel que nous lançons, c’est à l’endroit du CNRD, de revenir à des meilleurs sentiments, également que la presse fasse son mea-culpa. Parce que la presse a besoin du gouvernement et le gouvernement a besoin de la presse. Donc, je demande humblement aux sages tels que monseigneur Vincent Koulibaly, à l’imam ratib Elhadj Mamadou Saliou Camara, au médiateur de la République, aux anciens Premiers ministres qui sont en vie de se lever, ne pas attendre qu’ils soient appelés, qu’ils viennent voir les deux parties afin qu’ils s’entendent », a dit Dr Ben Youssouf Kéita.

Au terme de notre entretien, l’ex député de la huitième législature invite les partis politiques absents à revenir sur la table de négociation à poursuivre le dialogue pour une transition apaisée.

De Kissidougou, Abou Millimouno pour Guineematin.com

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