Les premières pluies ont le don de mettre à nu l’état d’insalubrité de la ville de Conakry. Et les marchés sont souvent des zones qui illustrent cette triste réalité. C’est le cas au marché Enco5 où les ordures se disputent le terrain avec les marchandes. La grande poubelle installée dans ce marché pour une collecte efficiente des ordures est en passe de devenir un problème pour les usagers. Elle est souvent pleine et dégage une odeur nauséabonde qui éprouve les vendeuses et fait fuir la clientèle.
Interrogée par Guineematin.com ce vendredi, 28 juin 2024, Mamata Sylla, marchande, est revenue sur les risques de maladie auxquels elles font face à cause des ordures dans ce marché.
« Un camion vient chaque fois ramasser les ordures ici. Mais tout le temps, les habitants des quartiers prennent les ordures là-bas pour venir les déposer ici. Les gens ne sont pas abonnés au PME de ramassage d’ordures. Nos responsables du marché sont fatigués. Ce que nous voulons, c’est qu’on enlève cette poubelle ici et on cherche un autre endroit où le mettre. Parce que si cette poubelle n’est pas là, nul ne viendra déposer quelque chose ici. Nous payons à chaque fois 1500 GNF pour le ramassage de ces ordures, mais elles ne quittent pas. Qu’on nous aide à éliminer ces ordures d’ici. Souvent il arrive même que nous refusions de payer les billets, parce que les ordures ne sont pas ramassées, mais après c’est nous que ça continue de fatiguer. Le fait de passer nos journées près de ces ordures nous rend tout le temps malades. Quand il pleut, les verres de terre montent partout ici, sur nos pieds. Et pourtant c’est ici que nous cherchons de quoi vivre. En plus, ces ordures font que nous sommes obligés de nous mettre sur la route, parce qu’on n’a pas où aller derrière. Cela fatigue également les conducteurs. Les chefs seuls ne vont pas faire ceci pour nous, il faudrait que la population aussi s’active, qu’on s’abonne aux PME pour nous entraider », a indiqué Mamata Sylla.
Abondant dans le même sens, cette autre marchande, Oumou Barry, dit que les ordures leur rendent la vie impossible dans ce marché.
« Les ordures nous font beaucoup souffrir ici. Nous sommes venues chercher de quoi faire vivre nos familles ici, mais ces ordures nous rendent la vie impossible. Qu’ils dégagent ces ordures ici pour nous. Nous sommes tout le temps malades. Tout ce que nous gagnons part dans les hôpitaux. Ce ne sont pas que les ordures du marché. Les ordures que vous voyez ici viennent de partout et franchement ça nous fatigue. Nous payons tous les jours des taxes pour ça, mais franchement la souffrance continue. Nous demandons aux responsables du marché de nous aider à nous débarrasser de ceci avant que nous n’ayons de fortes infections dans ça », a-t-il dit.
Rencontré par Guineematin.com, Ismael Diakité, premier responsable dudit marché, explique les efforts consentis par son équipe et les mesures prises.
« Le marché fait vraiment tout pour enlever ça. Mais il faut savoir qu’avant c’était plus grave que ça. Vous-mêmes vous avez trouvé qu’il y a une nette amélioration, parce que les déchets étaient même au beau milieu de la route. Mais actuellement, depuis qu’on est rattaché à la commune de Matoto, les choses s’améliorent. Aujourd’hui on n’est pas à 100%, mais franchement je vous avoue que c’est différent de l’avant, parce que les femmes étaient dans un total risque de maladie. Elles s’asseyaient sur les ordures du rond-point jusqu’en bas. Mais aujourd’hui, c’est seulement là où se trouve la poubelle qu’il y a ce problème. Il faudrait vraiment mettre des gardiens au niveau de la poubelle pour empêcher que les ordures venues des ménages n’y soient posées. Tous ceux qui sont proches du marché ne s’abonnent pas. Ils viennent mettre leurs ordures ici. Pour prendre des dispositions avant les grandes pluies, c’est éviter d’abord de donner du temps aux ordures. On a donc instruit à tous les marchands de balayer les devantures de leurs places afin d’éviter que les ordures ne se regroupent et ne créent ensuite des problèmes d’inondation ici. Je lance un appel d’aide à toutes les autorités du pays, mais aussi aux citoyens de nous assister avec les moyens afin que ce calvaire devienne un lointain souvenir pour nous ici », a indiqué Ismael Diakité.
Fatoumata Bah pour Guineematin.com
