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Suspension de l’exploitation de l’or à Mandiana : « C’est une bonne décision, mais ses impacts… »

Arrêt des mines artisanales

Depuis l’entrée en vigueur de la décision du gouvernement, suspendant l’exploitation artisanale de l’or et du diamant sur l’ensemble du territoire national, des mesures ont été prises dans les localités minières de la préfecture de Mandiana. La démarche vise à faire respecter cette décision présidentielle. Un exemple concret est observé dans le district de Djoma Balandou, relevant de la sous-préfecture de Kondianakoro, dans la préfecture de Mandiana. Malgré la volonté des jeunes, l’on constate que la misère risque de prendre le dessus au grand dam des communautés, déjà fortement impactées, rapporte Guineematin.com à travers ses correspondants dans la région.

Dans cette localité, un groupe de jeunes, composé à la fois d’étrangers et de natifs du village, s’est constitué pour surveiller les différents sites d’exploitation artisanale de l’or, dans le but d’empêcher toute violation de cette mesure. Ces jeunes, sélectionnés pour cette mission, affirment être déterminés à appliquer la loi, même s’ils sont conscients des impacts négatifs que cela pourrait avoir sur la prospérité économique de leur communauté.

Ces jeunes sont animés d’une détermination sans faille et sont prêts à agir pour empêcher toute personne qui tenterait de violer les mesures imposées.

Namory Condé, gardien des mines

« Nous avons été choisis pour surveiller cette mine artisanale tant convoitée par les citoyens de Djoma Balandou depuis quelques jours. Mais je vous avoue que la mission se passe très bien, car depuis que nous sommes là, nous ne permettons à personne de travailler ici. Parfois, les gendarmes viennent pour le contrôle et ils nous apprécient beaucoup. C’est une décision présidentielle que nous devons respecter et faire respecter. C’est pourquoi nous sommes déterminés à empêcher les gens qui tentent de venir travailler. Une seule chose est sûre, nous ne laisserons personne travailler tant que cela reste interdit par le gouvernement. C’est notre mission, et nous sommes prêts à la mener dans les règles de l’art », a fait savoir Namory Condé, ressortissant de Kankan et président du comité de veille.

Malgré sa détermination à empêcher la pratique, Namory Condé est bien conscient des conséquences économiques que cette mesure pourra avoir sur les conditions de vie des communautés. « La décision du gouvernement guinéen est d’une part bien pour la communauté, car en saison des pluies, les mines artisanales causent assez de dégâts. Mais malgré cela, c’est la survie de beaucoup de familles qui en dépend. Dire que c’est pour permettre aux paysans de pratiquer l’agriculture, est bien beau, mais ce n’est pas tous ceux qui pratiquent l’orpaillage artisanal qui ont les moyens de se lancer dans les activités agricoles. Il y a des gens dans ce village, depuis plusieurs années, qui travaillent juste pour nourrir leurs familles. Vouloir les empêcher de travailler pourrait causer d’énormes dégâts économiques aussi.  Aujourd’hui, il y a des gens qui sont incapables de gagner de quoi nourrir leurs familles ; et ça, c’est une situation préoccupante », a-t-il déclaré.

Face aux difficultés engendrées par cette décision du gouvernement guinéen, Namory Condé lance un appel au président de la République pour qu’il allège les mesures prises, dans l’intérêt économique et le bien-être des citoyens de Djoma Balandou.

« Les décisions du pouvoir en place méritent d’être respectées et suivies à la lettre. Mais ce que je demande au président Mamadi Doumbouya, c’est de ne pas maintenir cette mesure pour longtemps. Car, qu’on le dise ou pas, tout le monde est impacté directement ou indirectement. En seulement 8 jours, les conséquences économiques ne sont plus à démontrer. Ce qui veut dire que si ça dure longtemps qu’on le pense, ça pourrait être une situation extrêmement difficile pour la communauté. Nous demandons humblement au Général Mamadi Doumbouya de revoir sa décision pour éviter à cette communauté de Djoma Balandou de sombrer dans la misère et le chômage. Il a totalement raison et nous devons le soutenir dans ses initiatives, mais cette décision risque de créer un autre problème, pire que celui que nous sommes en train de vivre actuellement », a-t-il indiqué.

Au centre du village, c’est un tableau de déception et de tristesse qui se dessine sur le visage des orpailleurs. Privés de leur activité qui leur permettait de subvenir à leurs besoins quotidiens, leur regard reflète une profonde frustration.

De Kankan, Souleymane Kato CAMARA et Abdoulaye N’Koya SYLLA pour Guineematin.com

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