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Vacances scolaires : les enseignants du privé tirent le diable par la queue

Elhadj Boubacar Diallo, enseignant

Depuis un mois maintenant, les écoles ont fermé portes et fenêtres en Guinée. C’est la période des vacances. Et, elle doit durer trois mois. Ceci pour permettre aux élèves et aux enseignants de se délasser, après neuf mois de cours intenses. Mais pour les enseignants du secteur privé, ce moment de repos est surtout une période de vache maigre. Ils sont sevrés de salaire pendant ces trois mois de vacances. Ce qui les plonge dans la précarité et le dénuement. Ces professionnels de l’éducation sont obligés de faire les pieds et les mains pour tenter de joindre les bouts. Ils manquent de revenu. Et pourtant, la charge quotidienne (dépenses journalières, loyers, frais médicaux et autres imprévues) est constante et pesante.

Un reporter de Guineematin.com est allé hier, vendredi 19 juillet 2024, à la rencontre de certains enseignants du secteur privé à Conakry. Et, le constat effarouchant. Elhadj Boubacar Diallo, enseignant qui dispense des cours dans certaines écoles privées de la place, décrit cette situation pénible.

« Nous enseignants des écoles privées ne sommes pas payés en cette période de vacances. Mais l’Etat même, dans l’administration, demande à ce qu’on paie 9 mois. Et c’est ça sur le code de l’école. Cependant, nous avons des difficultés à percevoir même nos salaires des deux derniers mois de l’année scolaire. A présent, là où je vous parle, il y a une école dans laquelle je travaille qui n’a même pas encore payé le dernier mois des enseignants. Avant tout, il y a la famille qui pense que nous sommes payés, et donc les charges restent les mêmes. Mais le plus difficile, c’est le fait que les écoles privées n’acceptent pas d’avancer les salaires même si nous avons un contrat de 2 à 3 ans avec elles. D’ailleurs, ils ne donnent plus qu’un contrat d’une année. Donc, ce qui nous met même dans des situations d’incertitude. Du coup, on essaie de se tracasser, de chercher çà et là pour quand même essayer de joindre les deux bouts. Pour ceux qui ont des activités parallèles, ils se remettent dessus. Et à travers ça, ils essaient quand-même de s’en tirer. Malheureusement pour des activités liées à l’enseignement, pour les deux premiers mois des vacances, nous ne pouvons rien faire. C’est seulement au 3ème mois que nous nous rapprochons des futurs candidats pour animer des groupes de révision afin de pouvoir joindre les deux bouts. Je demande à l’Etat de nous venir en aide. Qu’il nous aide à ce qu’on ait une petite augmentation sur le taux horaire, parce que c’est ainsi que nous pourrons avoir quelques épargnes pour nos besoins lors des périodes de vacances. Les écoles privées sont à la laisse des fondateurs. L’IRE ne s’y intéresse pas, les DCE non plus et encore moins le ministère. Donc, nous appelons vraiment toutes les personnes de bonne volonté à nous aider pour l’amélioration de cette situation », a-t-il indiqué.

Abondant dans le même sens, cet autre enseignant, Mamadou Yero Diallo, demande aux fondateurs d’écoles privées de faire preuve de compréhension pour “payer au moins la moitié des vacances” afin de soulager leurs enseignants.

Diallo Mamadou Yero, enseignant

« Imaginez le quotidien d’un père de famille qui passe 3 mois sans salaire. Nous traversons des moments vraiment très difficiles. Ce sont les 9 mois de travail qu’on cherche à économiser pour joindre les bouts pendant ces 3 mois. Mais franchement je vous avoue que nous traversons des périodes très difficiles. Personnellement, je n’ai pas une activité autre que l’enseignement pour le moment, parce que si vous êtes dans l’éducation, vous êtes carrément pris en otage. Parfois pendant ces vacances nous organisons des cours à l’école ou des cours à domicile. Mais vu les situations actuelles, il n’est pas évident pour les parents de payer des cours en ces périodes de vacances. Par contre, ils se font des économies pour pouvoir couvrir les 9 mois à venir. Mais nous projetons quand même en ce mois d’août là d’organiser des cours de vacances pour au moins avoir le transport et un petit peu d’unité. Ce sont des écoles privées que l’Etat ne subventionne pas, donc il n’est pas évident de s’imposer à ces fondateurs pour payer les 12 mois, vu qu’avec les enseignants ils n’ont qu’un contrat de 9 mois. Par contre, il y a de grandes écoles qui paient carrément les 12 mois pour pratiquement tout le corps professoral qui se trouve dans ces écoles. Nous demandons aux responsables d’école de payer les enseignants même si c’est la moitié des vacances afin de nous aider », a-t-il déclaré.

Fatoumata Bah pour Guineemation.com 

Tel : 626-84-48-53

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