En détention à la maison centrale de Conakry depuis le 6 juin dernier, Kerfalla Diop a comparu la semaine dernière devant le tribunal correctionnel de Dixinn. Ce jeune prévenu a été trimbalé en justice par sa mère, Hadja Binta Diop, pour des faits de “menace”. Des faits qu’il a reconnu à la barre et pour lesquels le tribunal l’a condamné à un an de prison avec sursis suivi d’une mise à l’épreuve, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.
A la barre, Kerfalla Diop, âgé de 29 ans, affirme avoir menacé sa mère à deux reprises.
« J’ai menacé deux fois ma maman. Je suis gérant de bar café depuis 3 ans. Je me suis imposé pour avoir cette place. C’est grâce à l’implication de mon frère que j’ai eu cette place. Au lieu de rester comme ça, j’ai demandé à avoir une place pour travailler. J’ai fait 3 fois le bac. Je n’ai pas eu », a-t-il déclaré.
De son côté, la partie civile, Hadja Binta Diop, a dit être fatiguée du comportement du prévenu à son égard.
« Je suis à la retraite. Mon fils m’a beaucoup fatigué. Son père est décédé il y a 7 ans. Je suis avec lui. C’est mon dernier enfant. Je fais tout pour lui. J’ai besoin de la paix du cœur. Quand il sort et revient à la maison, il crie et m’insulte. On a ouvert une boutique pour lui pour qu’il nous laisse en paix. Tous mes enfants sont contre lui. Mes 6 autres enfants sont à l’extérieur. Je suis fatigué. À chaque fois, il crie sur moi, je tombe malade. Il n’a qu’à me respecter. Qu’il cesse les cris à domicile. Dès qu’il rentre tout le monde a peur », a-t-elle soutenu.
Prenant la parole, le ministère public pose des questions de précision : « À quel moment il crie ? C’est quand il sort, il revient, il se met à crier ? Qu’est-ce que vous demandez au tribunal ? »
Et la partie civile de répondre : « Je l’aime plus que tous mes enfants, mais c’est lui qui me fatigue. Je veux qu’il arrête de me fatiguer ».
Dans ses réquisitions, le ministère public a demandé au tribunal de “reconsidérer” les faits de menace en voie de fait et de condamner Kerfalla Diop à un an de prison assortie de sursis.
« Une mère est unique et seule. Une mère est irremplaçable. Vous avez une mère qui va épouser pour vous. Vous êtes le benjamin. Tous les autres enfants sont à l’extérieur. Vous devriez jouer le rôle de votre papa. L’enfer, c’est sur la terre d’abord, la suite c’est après. La première personne qui va vous donner le paradis, c’est votre mère. Recevez ces réquisitions comme une délivrance. Monsieur le président, reconsidérer les faits de menace en voie de faits. Nous demandons de condamner Kerfalla Diop à un an d’emprisonnement avec sursis suivi d’une mise à l’épreuve », a-t-il requis.
Suite aux réquisitions du ministère public, le président demande au prévenu de plaider sa cause.
« Je demande à ma maman de me pardonner. Je ne vais plus répéter. J’ai beaucoup appris », a-t-il dit.
Finalement le tribunal, statuant publiquement contradictoirement en matière correctionnelle et en premier ressort, après en avoir délibéré conformément à la loi, a déclaré que les faits initialement qualifiés en menace sont de voie de fait. Ainsi, il a condamné Kerfalla Diop à un an d’emprisonnement avec sursis suivi d’une mise à l’épreuve.
Boubacar Diallo pour Guineematin.com
