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Guinée : Abdoul Sacko des Forces sociales exprime ses doutes sur la tenue à date des élections

Abdoul Sacko, coordinateur national du forum des forces sociales de Guinée

Selon l’accord signé entre les autorités et la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la transition guinéenne devrait prendre fin en décembre 2024. Cependant, de nombreux observateurs estiment qu’au vu de la situation actuelle, il est peu probable que cet objectif soit atteint. Abdoul Sacko, Coordinateur national des Forces Sociales de Guinée, partage ce scepticisme. Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com mercredi, 24 juillet 2024, il a exprimé ses réserves quant à la volonté des autorités d’organiser un référendum, et encore moins des élections conformément à l’accord signé entre la Guinée et la CEDEAO.

« Il ne faut pas se tromper. Tous les civils qui sont avec le CNRD sont dans la logique aujourd’hui d’aller dans l’inconnu. C’est-à-dire ne pas faire du retour à l’ordre constitutionnel un objectif primordial. Et grave, il n’y a pas de perspectives économiques, ni de perspectives politiques ou sociales qui se dessinent à l’horizon, qui permettant aux guinéens d’aller vers un projet commun pour une stabilité politique et économique dans notre pays », a déclaré cet acteur de la société civile.

Abdoul Sacko critique sévèrement ceux qui, selon lui, utilisent leur position pour s’enrichir personnellement au détriment du pays. « Tous les civils qui sont avec le CNRD, qu’ils soient à des postes de décision, qu’ils soient à des postes occultes, à des postes de conseillers ou d’accompagnement, se sont inscrits dans cette logique d’inconnu qui n’a d’autre objectif que de s’enrichir, remplir leurs comptes personnels. Quitte à mettre à l’eau toute perspective, tout avenir reluisant pour le pays », lance-t-il.

Concernant le référendum prévu pour 2024, M. Sacko le qualifie de « cinéma ». Il doute fortement de la faisabilité d’une telle entreprise dans le délai imparti, soulignant les nombreux obstacles à surmonter, notamment l’établissement d’un fichier électoral fiable. « Si nous voulons faire un travail sérieux, il y a un fichier électoral établi de consensus accepté de tous les acteurs qui existe. Mais si c’est du Recensement administratif à vocation d’état civil (RAVEC) qu’il faudra tirer un fichier électoral permettant d’aller aux élections à venir, on n’en a pour 4 ou 5 ans. Même ceux qui en ont expérimenté dans la sous-région ne parviennent pas à cerner toutes les discussions. Comment pouvons-nous y aller surtout dans un contexte où il n’y ni confiance, ni dialogue, ni collaboration entre les différentes entités socioprofessionnelles et politiques du pays avec le CNRD ? Voilà la situation ».

Par ailleurs, Abdoul Sacko met en cause les déclarations optimistes du Premier ministre, Bah Oury, sur la possibilité d’organiser le référendum en 2024. « Je vous assure que le Premier ministre ne se base sur rien pour dire qu’il va y avoir le référendum cette année, et c’est même gênant lorsque le premier responsable du pays a pris l’engagement solennel devant le peuple de Guinée et la communauté internationale, sur son honneur d’officier, sur son honneur de premier magistrat du pays, qu’il organiserait toutes les élections courant année 2024 pour permettre à la Guinée de retourner à l’ordre constitutionnel ».

En outre, le coordinateur des Forces sociales de Guinée critique l’attitude du Premier ministre depuis sa nomination, pointant une déconnexion entre ses promesses et la réalité. « Le Premier ministre était celui en qui les Guinéens avaient foi et qui avait l’intelligence de jouer le rôle de politicien pour permettre de retourner à l’ordre constitutionnel. Mais à peine nommé, alors qu’il n’avait même pas sa feuille de route, il annonce qu’il ne va pas y avoir de retour à l’ordre constitutionnel avant 2025. Et je vous avoue, si vous voyiez la manière par laquelle il présentait la politique générale du gouvernement devant le CNT, vous comprendriez qu’il s’est juste familiarisé à un document qu’il ne sait même pas comment ou quand ça a été rédigé. »

En conclusion, Abdoul Sacko réitère son scepticisme face aux déclarations des autorités sur le référendum de 2024, qu’il considère comme irréalistes. « Je vous dis une fois encore, cette affaire de référendum en 2024, c’est du cinéma », martèle-t-il.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Tél. : 666919225

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