![Marie Kenneth Guilavogui](http://guineematin.com/wp-content/uploads/2016/08/Mary-Kenneth-0-350x350.jpg)
Dans l’après midi du jeudi 11 août 2016 l’Union des Jeunes Volontaires Engagés pour la Paix (UJVEP) était dans les locaux de Guineematin.com, pour une interview. La démarche de l’UJVEP vise à échanger avec les médias sur ses actions en faveur de la quiétude sociale dans l’axe Hamdallaye-Cimenterie. Pour l’occasion, l’UJVEP était en compagnie de sa marraine, madame Marie Kenneth Guilavogui, avec qui nous avons eu un entretien autour de ses protégés et de la vie nationale.
Guinematin.com : Bonjour madame Kenneth Guilavogui et bienvenue. Veuillez vous présenter s’il vous plait
Marie Kenneth Guilavogui : je me nomme Marie Kenneth Guilavogui, je suis actuellement conseillère à la présidence de la république. Mais avant cela j’ai assumé des postes de responsabilité au niveau local. J’ai été chef de quartier à Darsalam, vice maire à la commune de Ratoma, préfet à Forécariah et récemment préfet à Faranah. Actuellement je travaille aussi dans l’humanitaire, j’ai un orphelinat qu’on appelle Foyer de l’Espoir.
Guineematin.com : nous avons eu un échange avec vous récemment et vous étiez très préoccupée par rapport aux risques de mouvements politiques, à tout ce que ça peut donner, aujourd’hui qu’est-ce que vous constatez concrètement ?
Marie Kenneth Guilavogui : en toute chose, il y a une procédure, il y a des effets à court, moyen et long terme. Je pense que le message est entrain de porter fruit dans la mesure où je suis avant tout humaniste. Je suis mère de famille, j’ai des enfants et ce sont eux la relève pour notre pays. Je voudrais, de la même manière que je traite mes enfants biologiques, que les autres enfants qui sont aujourd’hui dans la rue soient traités de la même manière. Une façon de préparer la relève. Nous voulons demander aux leaders politiques que dans quelques années nous ne serons plus là et nous préparons très mal la relève, nous serons encore des victimes. Parce qu’il y a la compétitivité au niveau de la sous-région, de la région et même au niveau mondial. Il faudrait que les gens, en dehors de leur vision politique, sachent qu’un temps viendra où nous devrons céder le fauteuil politique. C’est le moment de préparer la jeunesse à mieux gérer ce que nous allons leur léguer.
Guineematin.com : justement parlant de jeunes, nous avons reçu un groupe de jeunes qui disent vous avoir comme conseillère principale, et que vous les aidez beaucoup. Qu’est-ce qui est derrière cela ? Pourquoi vous organisez des jeunes ?
Marie Kenneth Guilavoqui : je me dis que le message peut mieux être entendu par les jeunes. D’abord c’est parce qu’ils sont jeunes. Donc les jeunes pour les jeunes, le message peut être mieux par rapport à un leader politique, par rapport à une personne âgée. Je ne nie pas la responsabilité parentale mais, pour moi ce qui est très important, c’est que la plupart de ces jeunes sont universitaires, certains se sont battus et ils ont de l’emploi, d’autres sont encore à la recherche de leur premier emploi. Je cherche donc à les conscientiser, à leur donner le chemin, ce qui est un devoir. Pour moi c’est une mission.
Guineematin.com : les jeunes que nous avons reçus, et qui ont parlé de vous, agissent pour qu’il n’y ait pas de troubles sur l’axe Hamdallaye-Bambéto-Cosa. Est-ce que vous pensez concrètement qu’une telle démarche peut aboutir tout en comprenant les autres jeunes qui manifestent ?
Marie Kenneth Guilavogui : oui, au fait, leur démarche est vraiment légitime dans la mesure où c’est des jeunes qui vivent dans ces quartiers. Leurs parents sont des propriétaires terriens ou des locataires dans ces quartiers. C’est des jeunes qui ont étudié, qui travaillent, qui ont une capacité d’analyse de la situation sociopolitique de la Guinée. Pour eux, l’homme, c’est d’abord la vie, la santé. Donc, lorsqu’on se livre à des actions comme ça, à la merci des leaders politiques, il n’est pas exclu un jour qu’on soit handicapé pour toute la vie.
Guinematin.com : pourquoi ces leaders politiques ne s’entendent pas ? Qu’est-ce qui se passe aujourd’hui ?
Marie Kenneth Guilavogui : dans la démocratie tout est possible. Ce que je condamne, peut être, c’est la manière de faire. Si non c’est vraiment la démocratie, il n’est pas dit forcément que tout le monde va être dans la même formation politique. Chacun doit se mouvoir dans son parti, mais ce qui est là aujourd’hui en Guinée, c’est le fait de prôner la violence. Même quand on prend le corps d’un enfant, de la mosquée Fayçal pour l’accompagner à sa dernière demeure, tu peux voir que ces gens peuvent se livrer à des actes de vandalisme, pendant que le corps est là. Ça c’est des choses qui me font mal. Il y a de l’incivisme, il faut que les gens s’organisent pour préserver la vie humaine qui est très précieuse. Si un enfant perd un de ses membres, il n’a plus sa raison d’être. Il est handicapé à vie. Ayant été responsable dans cette commune de Ratoma, je me sens à l’aise de dire que j’ai une certaine expertise là-dessus. Il faut qu’il y ait donc un engagement pour certains de prôner la paix dans la commun de Ratoma. Mais aujourd’hui personne n’est épargné quand il y a une manifestation. On lance des cailloux, on tire des balles, on retire les téléphones et même ceux qui ont investi dans l’immobilier ont des problèmes à Cosa, à Bambéto, à Cimenterie. Les fonctionnaires et les citoyens paisibles n’aiment pas habiter vers là. Il faudrait que les sages que je connais continuent de sensibiliser. Par contre le marché de Koloma, c’est un marché la journée. Mais la nuit, prenez un peu de votre temps pour aller visiter, vous vous rendrez compte vraiment que c’est une poudrière. Les gens sont désœuvrés, la prostitution, voilà ce qui se passe au marché de Koloma. C’est une responsabilité collégiale et voilà ma préoccupation aujourd’hui : les partis politiques, les leaders, le pouvoir en place…pour que nous puissions nous donner la main pour préserver les acquis. Ces acquis, ce sont nos enfants, les acquis c’est de savoir qui va gérer ce pays après nous ?
Guineematin.com : qu’est-ce que les partis politiques sont censés faire par exemple ?
Marie Kenneth Guilavogui : au fait c’est la formation de leurs militants, leur inculquer la discipline, leur dire ce qu’un militant doit faire et ce qu’il ne doit pas faire. Mais dès qu’on parle de grève, il y en a qui ne savent pas ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. Finalement ils s’attaquent à n’importe qui et font du n’importe quoi. Ils s’en prennent aux pauvres commerçants qui perdent tout par l’indiscipline et l’insouciance des jeunes qui prennent des stupéfiants. Cela fait suffisamment de problèmes qu’il faut gérer. Il faudrait que chacun s’implique car l’Etat seul ne peut pas. Qu’on ne dise pas qu’hier qu’on était contre le pouvoir et qu’aujourd’hui qu’on est contre le pouvoir. Demain tu ne sais pas si tu viendras au pouvoir. Donnons-nous les mains pour faire un bloc. Les acquis d’un pouvoir nous les conservons, le côté qui n’est pas bon, on parle de ça. Donc faites des critiques positives, c’est très important dans la politique.
Guineematin.com : est-ce que vous pensez que le pouvoir aussi a fait l’effort maximum pour éviter les violences ?
Guineematin.com : madame Marie Kenneth Guilavogui, merci
Marie Kenneth Guilavogui : c’est moi qui vous remercie
Propos recueillis par Nouhou Baldé et Alpha Mamadou Diallo pour Guinneematin.com