Guineematin.com : aujourd’hui, l’insécurité est devenue grandissante, notamment chez les opérateurs économiques. Qu’est-ce qui explique cette persistance de l’insécurité ?
Chérif Mohamed Abdallah : c’est vrai que c’est une situation inquiétante. Pour le cas d’Elhadj Doura, on s’était même réuni à Matam, il n’y a pas longtemps, au bureau d’Elhadj Ousmane Baldé « Sans Loi ». On a regretté et même dénoncé cet enlèvement. Puisque ce n’est pas le premier ni le 2ème cas. On est au 17ème cas d’enlèvement d’un opérateur économique. On est en collaboration avec les forces de sécurité qui doivent faire mieux. Nous les organismes reconnus, nous devons travailler étroitement avec les services de sécurité tant à Conakry qu’à l’intérieur du pays. Nous devons agir en étroite collaboration avec les services de sécurité, avec le ministère de la justice et le procureur, je pense qu’on va trouver la solution pour que l’environnement soit bon. Je pense que c’est intéressant pour le gouvernement et pour les opérateurs économiques que la sécurité des gens soit assurée. Vous savez, les investisseurs qui ont envie de venir, ils s’informent toujours sur l’environnement des affaires avant de venir. Donc, le monde est devenu un village planétaire. Il y a les médias, le net et bien d’autres canaux d’information qui permettent de savoir ce qui se passe dans nos pays.
Guineematin.com : avez-vous des nouvelles d’Elhadj Doura, enlevé depuis plus d’un mois ?
Guineematin.com : récemment, le président Alpha Condé a rencontré des opérateurs économiques où ils ont parlé d’industrie et d’agriculture. Qu’est-ce qu’il faut aujourd’hui pour que les opérateurs économiques se lancent dans l’industrie et l’agriculture ?
Chérif Mohamed Abdallah : au sein du GOHA, nous avons des membres et des sympathisants. C’est rare de rencontrer un opérateur économique qui n’ait pas sa carte de membre du GOHA ou qui ne soit pas sympathisant du GOHA. Pour que les opérateurs économiques se lancent dans l’industrie, il y a des manques à combler. L’Etat doit faire des efforts pour qu’il y ait l’électricité. A cela, il faut ajouter la sécurité et les routes. Si ces conditions sont remplies, les opérateurs économiques guinéens pourront s’investir dans l’industrie et dans l’agriculture.
On veut bien nous lancer dans l’industrie, mais vous pensez que l’environnement est propice, il s’y prête à ça ? Une industrie, c’est d’abord l’électricité, mais elle où cette lumière ? Elle est saisonnière, la sécurité n’existe pas.
Guineematin.com : depuis sa création, qu’est-ce que le GOHA a apporté dans l’environnement des affaires en Guinée ?
Nous aussi menés plusieurs campagnes de sensibilisation dans le cadre le cadre de l’assainissement du climat des affaires. Mais vous avez, si nous les opérateurs économiques nous payons les taxes et les impôts en retour nous aussi nous avons des droits. Mais aujourd’hui regardez comment vivent et travaillent les commerçants en Guinée, regardez l’état dans lequel se trouve les marchés de la Guinée, même à Conakry ici, mais c’es déplorable.
Guineematin.com : vous vous étiez également impliqués dans la lutte contre l’épidémie à virus Ebola. Dites-nous ce qui avait été fait à l’époque par votre organisation.
Des Kits sanitaires ont été également fournis à ces postes frontières et à toutes les communautés des différentes localités telles que : Sambayâbhê à Popodara dans la préfecture de Labé, à Mali, Tougué, Koundara, le centre-ville de Labé, Pita, Dalaba, Koudia, Mamou dans le centre-ville, dans les localités, Soya, Bertéya, Woukaba, à Faranah, Kindia, Coyah, Forécariah, Dubréka, Fria, Boffa, Boké, Gaoual, Télémilé, Siguiri etc. Nous aussi distribuée des kits de lavage des mains les commissariats de polices, des escadrons de gendarmeries, des palais de justices, des écoles coraniques, des établissements scolaires, dans les marchés, dans les médias, dans les mosquées, des églises, dans les gares routières et ce Conakry à l’intérieur du pays.
Le groupe organisé des hommes d’affaires a également des séances de sensibilisations dans ces localités.
Guineematin.com : aujourd’hui, il y a des difficultés chez de nombreux opérateurs économiques, d’autres même sont presqu’en faillite. Comment peut-on expliquer cet état de fait ?
Chérif Mohamed Abdallah : c’est vrai, il y a beaucoup d’hommes d’affaires qui vivent de nos jours de moments difficiles. Cela est du à plusieurs raisons. On peut dire que les dettes sont énormes par rapport au budget des opérateurs économiques guinéens. Il faut dire que les taxes à l’impôt et à la douane sont très chères. A cela s’ajoute l’insécurité. Parce que, l’insécurité qu’on est en train de vivre maintenant là, on ne l’avait pas connu. Il ne faut se voiler la face. Vous savez, tous les mouvements qu’on a connus avant Ebola, ont porté un coup sérieux sur les opérateurs économiques. Cela a causé des pertes énormes. Ensuite, Ébola est venu. On ne donnait presque plus de visas aux opérateurs économiques guinéens. Quand Ebola est parti, les évènements politiques ont repris. Mais, où on va dans ce pays ? Moi, je suis à Conakry depuis 1990. On ne peut passer 6 mois sans qu’il y ait des manifestations ou des troubles. Ce n’est pas seulement lié au régime du professeur Alpha Condé. On l’a remarqué depuis le temps du général Lansana Conté.
Guineematin.com : la mise en place de la chambre du commerce connait toujours des difficultés. Un mot là-dessus ?
Chérif Mohamed Abdallah : dans les conditions normales, ça ne devrait pas être compliqué de mettre en place la chambre nationale du commerce. Pour l’élection à la base, on devait informer les organisations faitières telles que le GOHA, avec des membres qui sont en activité. Parce que nous au GOHA, c’est les industriels, les commerçants, les détaillants, les tabliers, les cireurs de chaussures, les artisans. Tout le monde doit être réuni. Quand vous prenez la composition actuelle, vous allez comprendre que ce n’est pas le cas. Si on veut que ça soit vraiment propre, on doit faire une élection propre à la base, faire le consensus. Mais, nous n’accepterons jamais quelqu’un d’autre qui ne parlera pas à notre nom. Nous détenons des dossiers de certains opérateurs économiques nettement tordus et qui veulent être à la tête de la chambre du commerce. Mais, nous sommes prêts à aller à un consensus, discuter avec les uns et les autres et les autres et mettre la chambre de commerce en place.
La rédaction de Guineematin.com