Parlant de l’exemple de la commune de Ratoma, Dr. Sékou Goureissy Condé a enchaîné des interrogations. « Le constat est que notre pays bat aujourd’hui le record en perte en vie humaine en période de manifestation, surtout en période électorale. Le rôle de l’Etat est central, notamment la justice et des forces paramilitaires. Prenons l’axe Bambéto-Cosa : combien de familles ont été endeuillées dans cette partie de la Guinée ? Est-ce qu’il y a une statistique ? S’il n’y en a pas, il faut le faire. Lorsque vous prenez les manifestations d’une manière générale, plus de 70 victimes viennent de là. Mais, nous sommes déjà en guérilla urbaine. Et, lorsqu’on nous fait le bilan des manifestations, on nous parle d’un véhicule de la gendarmerie brûlé, des balles perdues récupérées, des blessés ou des morts par balles réelles. Ce qui est grave et même gravissime dans cette affaire, c’est l’indifférence humaine. Nous sommes tous indifférents face à ce phénomène », a-t-il dénoncé.
Le président de la CANEG a rappelé que la CMIS a été créée en 1987 ; mais, depuis 2007, la mission principale des forces de l’ordre en Guinée est devenue le maintien d’ordre sur l’axe Bambéto-Cosa. « Ça ne suffit pas. Lorsqu’il y a une expérience des opérations qui n’aboutie pas à la solution, il est important que le dispositif soit modifié ou que la démarche soit modifiée. Mais, nous avons la constance à Ratoma : les jeunes sortent et jettent les cailloux, les forces de l’ordre viennent pour jeter les grenades lacrymogènes ; si ça ne va pas, elles mettent de l’eau et si ça ne va pas encore, c’est les balles réelles qui sortent. C’est un échec et cette politique doit être changée », a-t-il dit.
En outre, le conférencier a dit que si on ne fait pas attention, chacune des familles dans cette contrée aura une victime. « Finalement, la victimisation va se généraliser et les réactions seront incontrôlées. On ne peut pas jeter la pierre sur quelqu’un et retourner à la mosquée pour prier. On ne peut pas aussi tirer à balles réelles sur les gens et aller à la mosquée où à l’église pour prier. Il y a un dilemme à ce niveau », a-t-il dit.
Parmi les pistes de solution, le président du CANEG propose la mise en place d’un comité d’action devant impliquer tous les acteurs de la société civile et politiques. Mais, en attendant, Dr Sékou Goureissy milite aussi en faveur d’un repli de l’exercice de la force conventionnelle ou l’utilisation des armes dites conventionnelles en la matière, notamment celles qu’il qualifie aujourd’hui de classiques. « Lorsqu’on parle de balles réelles, notre pays est fragile. Il a toutes les chances de se développer ; mais, il est à risque », a-t-il entre autres.
Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com
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