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Contre un 3ème mandat d’Alpha Condé : un enseignant jugé pour des propos relayés sur Facebook

Yamoussa Lansana Sylla, enseignant et membre de l’UFR

Les opposants au projet de nouvelle constitution, qui pourrait ouvrir la voie à un 3ème mandat pour Alpha Condé, sont mis à rude épreuve depuis quelques temps en Guinée. Mis à part la trentaine de tués par balles, les cas d’arrestations, d’intimidations, d’emprisonnement et même de kidnapping sont devenus monnaie courante.

C’est dans le cadre de la chasse aux opposants au 3ème mandat que le procès de Yamoussa Lansana Sylla, enseignant et membre de l’UFR, s’est ouvert ce mercredi 4 mars 2020, au tribunal de Kaloum. Ce membre du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) est poursuivi pour des faits de diffamation à travers des publications sur Facebook, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Il est reproché à Yamoussa Lansana Sylla des faits de diffamation et d’incitation à la violence à travers des publications sur les réseaux sociaux, conformément à la nouvelle loi sur la Cyber-sécurité. La publication incriminée dans cette affaire serait des propos de l’actuel Premier ministre, Kassory Fofana, quand il était de l’opposition, rapportés en ces termes : « Ceux qui votent pour Alpha Condé sont des… qui aboient. Et aujourd’hui, il soutient le troisième mandat. Alors, qui est-il ? Commentez », a écrit le prévenu sur sa page Facebook. A la barre, Yamoussa Lansana Sylla a nié les faits mis à sa charge, d’autant plus que la publication a été supprimée depuis.

Dans ses réquisitions, le procureur Abdoulaye Ismaël Kpoghomou a requis la relaxe pure et simple de l’enseignant. « Le prévenu qui comparait devant vous a reconnu la paternité des publications faites. Aussi, certaines publications de caractère délictuel ont été supprimées. Mais, contrairement à ce qu’on peut penser, le procureur n’est pas un bourreau. La mission du ministère public est de poursuivre à charge, quand c’est nécessaire, et à décharge, quand c’est la situation le nécessite aussi. Dans cette affaire, je ne trouve pas d’éléments pouvant asseoir la culpabilité du prévenu. C’est pourquoi, j’abandonne les poursuites et requiers de le relaxer purement et simplement ».

Les avocats de la défense ont d’abord fustigé les « méthodes de kidnapping et d’enlèvement » des membres du FNDC alors que ceux qui défendent la nouvelle constitution sont épargnés. « Nous condamnons la démarche, nous condamnons la récurrence des procédures orientées, qui n’ont pour seul but que d’atteindre un camp et de faire taire un certain nombre de citoyens. Les éléments débattus ici devant vous portent sur trois captures d’écrans. Ces publications ne sont dirigées contre personne. Nous le savons, en matière de diffamation, la poursuite ne peut être déclenchée qu’à la demande de la victime. Mais ici, tel n’est pas le cas. C’est une procédure orientée contre un citoyen opposé à un 3ème mandat. Nous vous prions en conséquence de renvoyer Yamoussa Lansana Sylla des fins de la poursuite et d’ordonner sa remise en liberté. Nous vous demandons de rendre votre décision sur siège ou d’ordonner sa remise en liberté en attendant la date de votre délibéré », a plaidé maître Pépé Antoine Lama.

Après cette phase, le tribunal a renvoyé l’affaire au 11 mars prochain pour son délibéré, tout en ordonnant la remise en liberté de Yamoussa Lansana Sylla. Cet enseignant engagé recouvre la liberté après son arrestation le 14 févier 2020 et sa mise sous mandat de dépôt une semaine plus tard.

Alsény KABA pour Guineematin.com

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