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Ourékaba (Mamou) : par manque de nourriture, les enseignants abandonnent l’école primaire de Kattry

L’école élémentaire de Kattry, dans la commune rurale de Ouré Kaba, relevant de la préfecture de Mamou, est abandonnée depuis plus d’un mois par les deux enseignants qui y exerçaient. Cet établissement public, doté d’une belle infrastructure, ne fonctionne pas à quelques mois de la fin des examens scolaires. En pleine année scolaire, les deux enseignants qui étaient jusque-là ont abandonné les enfants pour se réfugier à Ourékaba centre. Ils évoquent des difficultés à trouver de la nourriture pour justifier leur attitude, rapporte Guineematin.com à travers un de ses reporters qui s’est rendu sur les lieux.

Fondée en 2010, l’école primaire de Kattry compte trois (3) salles de classes, pour six (6) groupes pédagogiques. L’établissement a un effectif de 52 élèves, dont 25 filles. C’est un bel édifice qui attire à distance l’observateur. Mais, une fois à l’intérieur, on déchante. L’école est abandonnée par les deux encadreurs qui se plaignent du manque de nourriture. Désormais, elle est devenue un refuge d’animaux en divagation alors que les apprenants sont à la maison.

Abdoulaye Camara, sage de Kattry

Une situation qui désole Abdoulaye Camara, un des sages de Kattry. « Notre école n’a pas de direction, ni de tables-bancs. Les enfants s’assoient à quatre et certains s’arrêtent pour suivre les cours. Ici, on n’a pas de toilettes bien fonctionnelles. L’école aussi garde un peu son image initiale. Mais le seul gros problème ici, c’est la non-stabilité des enseignants. Tous les enseignants qui sont passés ici, c’est seulement monsieur Faso qui a fait 5 ans à Kattry. Les autres, quand ils viennent, c’est juste quelques semaines. À l’ouverture, ils nous ont aussi envoyé deux enseignants. Mais cela fait plus un mois que ceux-ci aussi ne viennent pas. On ne sait ce qu’il y a car la communauté fait de son mieux pour entretenir ses deux enseignants. C’est vraiment regrettable, car c’est l’État qui dit de scolariser les enfants, et si on le fait et qu’il n’y a pas un effort venant de l’État pour les encadrer, cala ne peut nullement nous encourager, nous les citoyens. Surtout le monde d’aujourd’hui, tout le monde veut que son enfant étudie même dans les villages reculés pour le bien du village. Mais chez nous ici à Kattry, nous sommes mal barrés car l’État nous fait dos », a dit l’imam Abdoulaye Camara.

Ibrahima Mansaré

Selon Ibrahima Mansaré, maçon de profession, l’école est devenue un refuge pour les animaux. « Les salles de classes sont laissées pour compte, les animaux font ce qu’ils veulent. Même des serpents on peut retrouver ici, car c’est une brousse et les enseignants sont allés se coucher en ville pour laisser l’école comme ça. Au moins, si l’école est fréquentée, les animaux peuvent s’éloigner. Mais, son état là, c’est un risque », a déploré monsieur Mansaré.

Informés de la présence des journalistes sur le terrain, les deux enseignants sont venus en courant. Le directeur de l’école, Mamadou Mansaré est revenu sur les raisons de l’abandon de l’école.

« On veut bien rester ici, mais ce n’est pas facile. On n’a rien à grignoter depuis un moment. Et c’est difficile qu’un sac vide se tienne debout. Ici, l’imam nous donne des fois du riz, mais le riz seulement ne se consomme pas ! Il doit être accompagné de quelque chose de qualité. C’est pourquoi nous sommes allés en ville à Ourékaba, il y a juste une semaine », déclare le directeur de l’école.

Mamadou Mansaré, directeur EP Kattry

Poursuivant, Mamadou Mansaré est revenu sur les difficultés financières. « Nous ne sommes que deux enseignants ici, tous contractuels. Moi, je suis là depuis octobre, et mon ami est venu au mois de février. Et quand il est venu, le délégué scolaire de l’enseignement élémentaire nous a donné 50 mille GNF comme primes d’encouragement. Tout récemment, l’État aussi nous a donné 1 million GNF, mais on avait des tonnes de crédits avec les gens (…) Et entre Ourékaba et Kattry, il faut payer 70.000 GNF ou 80.000 GNF, comme transport pour l’aller seulement. C’est vraiment difficile … Ici, il y a 3 salles de classes, mais c’est deux qui fonctionnent. La 1ère année a 34 élèves. La 2ème année compte 18 élèves, dont 11 filles. Je demande aux autorités de faire face à nous car moi, j’ai fait 8 ans comme contractuel et toujours patient. Car ici on n’a rien… Donc, aidez-nous à avoir au moins le bon manger pour rester auprès des enfants », a-t-il lancé.

De Mamou, Mohamed M’bemba Condé pour Guineematin.com

Tél. 628 51 69 51

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