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Interdiction des motos-taxis à Kaloum : de nombreux citoyens pas d’accord avec la mesure

L’interdiction pour les conducteurs de mototaxis d’accéder à la commune de Kaloum est une pilule difficile à avaler pour de nombreux citoyens de Conakry. La difficulté de se déplacer au centre des affaires va s’accentuer au grand dam de nombreux travailleurs qui s’attendent à des lendemains incertains depuis la prise de cette mesure par le Ministère des Transports. Tel est le constat sur place ce vendredi, 31 mars 2023, par Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Beaucoup de personnes empruntent les motos-taxis pour se rendre à Kaloum pour y travailler ou régler des problèmes administratifs. Ils sont également nombreux à circuler entre les différents services et administrations de la commune par moto. Mais désormais, ce moyen de transport rapide et efficace est interdit de circuler dans Kaloum par le département des Transports au grand dam des citoyens. Usager régulier des motos-taxis, Me Bakary Millimouno, avocat au Barreau de Guinée, estime que cette mesure aura des conséquences négatives sur beaucoup de personnes.

Me Bakary Millimouno, avocat au Barreau de Guinée

« C’est une décision administrative, nous la respectons ; mais, nous sentons les conséquences parce que nous avocats, pour faire le tour des différentes juridictions de la ville de Conakry, nous utilisons beaucoup ces taxis-motos. Aujourd’hui, pour être en mesure de respecter les rendez-vous dans le temps, ces taxis-motos nous aident beaucoup. Donc, cette interdiction n’affecte pas que les conducteurs des taxis-motos, mais nous tous et toute la population. Si on comprend cette mesure administrative, le mieux serait dans un premier temps, pour les taxis-motos, qu’ils soient organisés, syndiqués et avoir des porte-paroles qui pourraient défendre leurs intérêts auprès de l’État.

Mais pour l’État aussi, qui je crois a aussi ses raisons, pourquoi il interdit, mais je pense que c’était mieux de les organiser, exiger un certain nombre de principes, comme le port des casques pour le conducteur et de l’usager ou qu’ils soient identifiés parce qu’aujourd’hui, tout le monde fait le taxi-moto à Conakry. Il n’y a plus de différence entre qui est taxi et qui ne l’est pas. Je crois que ces mesures-là aussi devraient être prises par l’État pour qu’ils soient identifiés et que les principes soient respectés. Mais interdire totalement a des conséquences non seulement sur les usagers que nous sommes et également sur ces jeunes, qui pour la plupart, sont des diplômés sans emploi… »

Alpha Oumar Tinka, marchand

Le marchand Elhadj Alpha Oumar Tinka invite plutôt l’État à interdire aux conducteurs de rouler n’importe comment dans la circulation. « L’interdiction des taxis-motos va faire souffrir un peu parce que ça aide. Les routes ne sont pas bonnes, si tu empruntes un véhicule quand tu es pressé ou si tu as une urgence, tu ne pourras pas la régler. Ce que je recommande au gouvernement, c’est de convoquer les chefs des conducteurs de taxis-motos pour leur interdire de rouler n’importe comment car ce sont souvent des adolescents qui n’ont pas un autre travail. S’ils en avaient un, ils n’auraient pas fait ce métier », pense-t-il.

Balla Camara, administrateur civil

À peine descendu d’une moto-taxi, Balla Camara, administrateur civil, confie déjà les difficultés qu’il a rencontrées avant de pouvoir relier la ville. « Franchement, on sera fatigué parce que même en venant là, j’ai déplacé plus de 4 mototaxis, mais ils m’ont dit qu’ils ne peuvent pas venir en ville. Finalement, je me suis rencontré avec un autre qui m’a amené jusqu’ici. Mais c’est très compliqué avec les embouteillages parce que j’ai fait à peu près 30 minutes sur la route ».

Amina M’Bow Camara, citoyenne

Également habituée à utiliser ce moyen de transport, Amina M’Bow Camara trouve la mesure brusque, même si elle trouve nécessaire de professionnaliser ce métier. « Je suis d’accord avec le gouvernement de contrôler les taxis. Je tiens quand même à dire qu’être taxi-motard est un métier. On ne devient pas taximan parce qu’on a une moto, c’est un métier. On prend des personnes sur une moto, on a en fait la responsabilité de la vie de la personne sur la moto. Donc, c’est un métier, il faut le réguler, il faut le contrôler pour le professionnaliser, il faut également former les chauffeurs de taxis. Mais interdite du jour au lendemain l’accès à Kaloum en moto, c’est quelque chose de très difficile. Je trouve que c’est une mesure un peu brusque et j’aurais aimé quand même qu’on apporte des solutions alternatives avant d’interdire brusquement… »

Si hier, jeudi 30 mars 2023, un dispositif sécuritaire était présent au pont 8 novembre pour empêcher les conducteurs de motos-taxis d’entrer à Kaloum ; ce vendredi, plus aucun homme en tenue n’y est visible.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com

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