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Inhumation de deux jeunes tués lors des manifs des FVG : le lieu de l’enterrement imposé aux parents ?

C’est dans la plus grande sobriété Thierno Ousmane Diallo et Ousmane Bah, tués à Cosa lors des manifestations des Forces vives contre la junte, ont regagné leurs dernières demeures dans l’après-midi de ce samedi, 20 mai 2023, à Conakry. Après la prière de 13 heures 30 à la grande mosquée Fayçal, ils ont été raccompagnés par des parents, amis et proches, au cimetière de Cameroun. Leurs proches disent que c’est le parquet de Dixinn qui a exigé leur enterrement à Cameroun, a appris une équipe de Guineematin.com déployée sur place.

Ousmane Bah, âgé de 21 ans, et mécanicien de profession, et Thierno Ousmane Diallo, âgé de 19 ans, ont été tués balle le mercredi 10 mai 2023 au quartier Cosa, dans la commune de Ratoma. Dix jours après, le procureur de la République près le tribunal de première de Dixinn aurait imposé le lieu de l’inhumation aux différentes familles pour, dit-on, éviter des scènes de violence après l’enterrement.

Dans un entretien accordé aux reporters de Guineematin.com au sortir de l’enterrement, les familles des victimes ont des positions différentes sur la suite à donner au meurtre de leurs enfants.

Ibrahima Bah, cousin de Ousmane Bah

« Nous, on voulait qu’on nous restitue le corps pour qu’on l’enterre chez nous. Mais malheureusement, le parquet de Dixinn nous a fait savoir que ce n’était pas possible. Qu’il faut qu’on accepte leur proposition pour enterrer les deux corps ici au cimetière de Cameroun. Dès le début, nous on a dit qu’on ne compte pas porter plainte parce qu’on sait déjà la justice comment elle fonctionne. Donc, on ne veut porter plainte contre qui que ce soit. On laisse la justice de Dieu faire son travail », a dit Ibrahima Bah, cousin de Ousmane Bah, décédé à Cosa Nasouroulaye

D’ailleurs, il est revenu sur les circonstances dans lesquelles son cousin est décédé en pleine journée le mercredi. « Ce jour-là, on était dans le quartier. Vers 13 heures, il y a 3 pickups du GIR (groupement d’intervention rapide) de la gendarmerie qui sont descendus brusquement dans notre quartier. Et tout le monde a pris la fuite. D’aucuns sont allés se réfugier dans les concessions et d’autres sont allés vers le terrain. Moi, j’étais dans le café d’un ami à qui j’ai dit de ne pas fuir parce que nous sommes chez nous. Du coup, les pickups se sont dirigés vers nous, et ils ont ralenti avant de continuer vers le terrain où les enfants se trouvaient. Arrivé au terrain aussi, ils ont ralenti, il y a un d’entre eux qui était assis au côté gauche du chauffeur qui est sorti avec son arme et il a tiré en rafale sur la foule. Entretemps, j’ai entendu un cri venant de notre concession comme quoi, ils ont tiré sur Bah Ousmane. Le temps pour moi d’arriver sur le lieu, j’ai trouvé qu’il avait déjà été transporté dans une clinique chez Dr Taibata vers 14 heures. Arrivé à la clinique, je me suis vu avec le médecin qui m’a confié qu’il y a eu 4 blessés par balle et un cas de mort. Je lui ai dit de me laisser voir le corps de celui qui est décédé. Je suis entré, et effectivement c’était le corps de mon cousin. Il était décédé sur place. Après avoir appelé la croix rouge sans succès, c’est moi-même avec un de mes frères qui avions transporté le même jour deux corps avec celui de Thierno Ousmane à Ignace Deen ».

L’oncle paternel du regretté Thierno Ousmane Diallo, dit avoir accepté la proposition du procureur d’enterrer les corps.

Thierno Mamadou Oury Diallo, oncle paternel de Thierno Ousmane Diallo, tué à Cosa

 « Faire l’enterrement ici n’était pas forcément notre choix, mais compte tenu de l’actualité, la tension qu’il y a vers Cosa là-bas, les autorités nous ont demandé à travers le procureur du TPI de Dixinn d’accepter cela. Il nous a expliqué pourquoi durant tout ce temps le corps se trouvait au compte de l’autorité. Parce que selon lui, il devait y avoir de l’autopsie, préparer les dossiers en cas de jugement pour qu’on puisse se préparer par rapport à cela. À travers ses explications, nous-mêmes nous avons compris que le procureur lui-même est préoccupé par la situation. Et, nous avons fini par accepter sa proposition pour non seulement protéger les personnes qui veulent assister à l’enterrement mais aussi pour éviter d’autres violences », a dit Thierno Mamadou Oury Diallo.

En outre, il explique que Thierno Ousmane a été fusillé par un militaire de la garde rapprochée du président Mamadi Doumbouya. « Selon les témoignages que nous avons reçus ce jour, c’est un individu habillé en civil qui aurait tiré sur notre fils. Selon les mêmes sources, c’est un garde rapproché du colonel Mamadi Doumbouya, (président de la transition) du nom de Youssouf Sylla qui a commis cet acte ».

Pour finir, l’oncle du regretté Thierno Ousmane Diallo promet d’attaquer en justice le présumé auteur de l’assassin de son neveu. « J’ai un sentiment de déception aujourd’hui. Mais, nous comptons porter plainte contre le présumé auteur. Parce que nous nous estimons qu’il ne faut pas laisser les gens-là faire des violences et dire qu’on laisse à Dieu. C’est vrai, Dieu aussi va faire son travail mais nous, à notre tour, nous allons nous lever pour poursuivre celui qui a tué notre fils… ».

Malick DIAKITE et Ibrahima Bah pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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