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Conakry : des officiers de la Brigade anti criminalité (BAC 10) jugés dans une affaire de cocaïne

Le ministère public poursuit plusieurs officiers de la Brigade anti criminalité (BAC), accusés de recel, de complicité et de trafic international de drogue. A l’audience, devant le tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la mairie de Ratoma, ils ont nié les faits mis à leur charge. Ils nient également avoir reçu 40 000 dollars des mains d’un certain Kaba en rapport avec cette affaire, rapporte Guineematin.com à travers son reporter qui a suivi l’audience.
Tout a commencé au courant de l’année 2021, quand la BAC 10 de Sonfonia, à travers son Commandant, a été informée de la présence de sacs de cocaïne dans une concession à Kaporo. Cette brigade va effectuer une descente et saisir 21 sacs de drogue. Cette importante saisie va attirer l’attention des autorités à travers la brigade anti-drogue qui va constater la disparition des sacs de cocaïne. A partir de là, le Commandant Sané de la BAC 10,  son adjoint Mamadou Bella Barry, le Colonel Idrissa, le Coordinateur général des BAC, et plusieurs autres seront arrêtés et conduits à la maison centrale de Conakry,

Appelé à la barre, le Colonel Sékou Bakary Keita, chargé de la planification des BAC, un des accusés dans cette affaire, ne reconnaît pas les faits. Il déclare n’avoir jamais participé à l’opération. « Un jour, le 05 janvier 2021, le Commandant Sané de la BAC  10 m’a appelé vers le soir en me disant qu’il s’agit d’un colis suspect quelque part. Avant que je remonte, je lui ai dit de vérifier le colis, puisque c’est lui le Commandant. Je ne connais pas ce qui s’est passé. C’est le soir que mon chef m’a appelé, me disant d’aller pour qu’on se rencontre là-bas et savoir comment était le travail. Je n’ai pas trouvé le Commandant. C’est son adjoint qui y était, je lui ai demandé où sont tes hommes. Il me dit qu’ils ont fui. Il dit qu’il a fait la mission et qu’ils ont fui. J’avais dit à mon chef, voilà ce que je pense, il faut l’arrêter et son adjoint pour avoir plus de précisions. Arrivé au Ministère, je lui ai demandé si je pouvais continuer de travailler. Deux jours après, le chef m’a dit d’aller chercher le Commandant. Je suis allé, mais en cours de route, il m’a dit d’attendre, il doit se voir avec un monsieur. Ce monsieur était avec eux, devant. Le véhicule du monsieur est tombé en panne, il l’a fait entrer dans mon véhicule. C’est après 4 jours que le chef m’a dit que les supérieurs l’ont appelé, qu’il y a quelques colis qui manquent. Le Commandant m’a dit d’aller chercher 3 colis et de l’envoyer à la DPJ. Ma participation c’est ça. Je ne connais pas la nature des colis. C’est le Commandant de la BAC 10 qui m’a dit que c’est de la drogue, de la cocaïne. Moi et le Commandant Sané, il n’y a pas de hiérarchie entre nous. Je n’étais pas avec lui, il m’a appelé pour me parler de l’opération… Ce n’était pas moi qui l’ai envoyé pour faire cette mission. Je n’ai pas eu 40 000 dollars de monsieur Kaba. C’est le Commandant Sano qui a récupéré les sacs. Je ne sais même pas s’il a reçu 40 000 dollars. Après les opérations, je suis parti à la BAC 10 à Sonfonia. J’étais avec mon chef hiérarchique. Je n’ai jamais donné des instructions seul, je l’ai pas trouvé sur place, il m’a dit que les propriétaires du sac ont fui. Il a indiqué les colis. C’est à notre sortie que le chef a dit qu’il veut voir les colis. Je n’ai pas participé à l’embarquement, j’étais au dehors pour observer afin de prévenir en cas d’attaque. C’est mon chef qui a embarqué les colis dans mon véhicule de service. C’est après qu’on est parti au Ministère de la sécurité. Après le ministère, j’ai demandé la permission, il m’a dit d’aller faire travailler les autres. L’adjoint de Sané, on s’est rencontré à Lambanyi, il m’a donné les 3 sacs… Moi, j’ai agi en bon chef. Au départ, il m’a informé. Le reste, il ne l’a pas fait », a-t-il déclaré.

Même son de cloche chez le Colonel Idrissa, Coordinateur général des BAC qui ne reconnaît pas les faits. « Je remercie Dieu du fait que vous ayez pris ce problème en main. Passer 3 ans, 4 ans en prison, sans jugement, c’est la volonté de Dieu. Un jour, le 05 janvier, un mardi, après la planification faite par mon adjoint, je pars à la maison. C’est aux environs de 21 heures que mon adjoint m’a appelé pour m’informer que Sané a fait une opération. Arrivé à la base de Sonfonia, dans l’immédiat, j’ai informé le Directeur général qui m’a dit d’embarquer les colis. Je suis allé garer dans la cour du Ministère pour fermer hermétiquement. J’ai passé la nuit chez le Directeur. Nous sommes allés voir le ministre Damantang à l’époque, qui était au ministère de la Sécurité. Personne n’a vérifié les colis. C’était vendredi soir que le Directeur général m’a appelé pour me dire d’envoyer les colis chez le Directeur général de la CMIS. Il semblerait que certains sacs ont disparu et qu’il y a des non-dit avec les Mamady Kaba. C’est après 5-6 jours que j’ai ordonné à mon adjoint d’aller chercher les sacs. C’est le même jour que j’ai ordonné mon adjoint. C’est possible qu’un subordonné agisse quand y a flagrance, après il nous informe dans l’immédiat. Colonel Bakary était au flanc pour vérifier la position. Je n’ai jamais dit qu’il faut garder 3 sacs pour motiver les éléments. Je n’ai jamais donné des instructions a Sané, c’est Bakari qui m’en a informé. C’est après l’opération que j’ai été informé. À l’escadron de la BAC, je n’ai pris que 5 sacs. Je n’ai jamais dissipé un sac. L’opération a eu lieu à 17 h, je suis arrivé là-bas à 21h. Chaque unité a son registre pour chaque rentrée ou sortie, que ça soit noté, mais ça n’a pas parlé. Normalement, nos chefs devraient venir voir la nature des sacs. Mais bon. Je n’ai jamais reçu 40.000 dollars », a-t-il déclaré.

De son côté, Namory Keita, chômeur, un civil, poursuivi pour complicité de stockage de cocaïne, nie les faits. « Je ne travaille pas, mon ami d’enfance, c’est lui qui est le Commandant de la BAC 4. Si j’ai un problème, je vais le voir. C’est dans ça que tous ses éléments m’ont connu. Un jour, je suis allé, on m’a dit que le commandant était malade. Je voulais retourner, un Colonel m’a dit de l’accompagner jusqu’au niveau de la BAC 10. Tout ce qui se passait, je ne savais pas. A notre retour à la BAC 4, il est venu m’offrir 20 000  GNF. Et un jour, j’ai vu des éléments chez moi. Ils m’ont dit de bouger, je lui ai demandé où se trouve la convocation. Au cours de cette bagarre, la population est venue dire que je ne vais pas. Après, lorsque je me suis présenté avec ma famille, il y a un officier qui est venu me dire puisqu’il a failli être battu qu’il va me mettre en difficulté. Le Commandant Bebeto, c’est mon ami d’enfance. Je n’ai jamais vu des sacs. Depuis que je me suis séparé avec le Colonel, c’est à la maison centrale que j’ai appris qu’il est décédé. Colonel Bakary, je l’ai connu derrière le Commandant Bebeto. Quand je suis coincé, je pars derrière lui pour qu’il m’arrange. Devant moi, je n’ai pas vu des colis embarqués », a-t-il dit.

Mamadou Bella Barry, Commandant adjoint de Sané, rejette aussi les faits.

« 3 semaines avant, le Commandant Sané m’a présenté le jeune qui s’est expliqué. Il dit qu’il va diriger l’opération, c’est ce qui fut fait. Nous sommes allés à Kaporo, à l’intérieur de la maison, au fond, il y avait deux blancs. Je leur ai parlé en anglais. Nous sommes montés à l’étage. Il y avait une chambre vide, nous sommes redescendus. C’est au niveau de la piscine, vers la cuisine, qu’on a trouvé une chambre fermée, on a fait appel aux blancs, ils ont ouvert la pièce. On a embarqué 19 sacs avec le blanc. Le Commandant Sané a organisé de mettre 3 sacs dans ma voiture. Lorsque je lui ai demandé, il m’a dit qu’il a informé Colonel Bakary. Il a mis à la disposition de monsieur Kaba. Quelques temps après, le coordinateur général est venu. Ils ont mis 10 sacs dans mon pickup et le véhicule de son adjoint, l’indicateur est parti. Je l’ai suivi jusqu’à Lambanyi.  Le Commandant Sané m’a appelé et du coup nous sommes partis à la coordination générale. Lorsqu’on a opéré, c’était 19 sacs. C’est la coordination qui nous a ordonné d’aller faire l’opération. Les sacs sont arrivés, il a ordonné d’embarquer 10 sacs et 6 dans le véhicule de son adjoint. Les 3 autres sacs, c’est Bakari qui les a reçus. L’affaire d’argent c’est à l’instruction que j’ai appris ça », a-t-il déclaré.

Après avoir écouté ces dépositions, le tribunal a renvoyé l’affaire au 16 mai 2024 pour la suite des débats.

Ismaël Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 624 693 333

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