Accueil A LA UNE Conakry : le parquet de Kaloum demande la condamnation de Mamoudou Cifo...

Conakry : le parquet de Kaloum demande la condamnation de Mamoudou Cifo Kè Touré, le porte-parole des sinistrés de Coronthie

Comme annoncé précédemment, le procès de Mamoudou Cifo Kè Touré s’est ouvert ce jeudi, 16 mai 2024, devant le tribunal correctionnel de Kaloum. Ce professeur de philosophie et porte-parole des sinistrés de l’incendie du dépôt d’hydrocarbures de Coronthie est poursuivi pour  « outrage, injures, diffamation, atteinte à l’ordre public, menace et incitation à la violence ». Et à la barre, il a plaidé non coupable et a clamé de vive voix son innocence dans cette affaire. Mais le parquet à quand-même requis sa condamnation à 6 mois de prison assortie de sursis, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Devant la juge Apolline Gobou Théa, ce jeune prévenu a réitéré son rejet du “contrat de bail partage” que l’Etat guinéen vient de proposer aux sinistrés de Coronthie. Il a aussi dénoncé les conditions de sa détention à la maison centrale.

« On a su à travers la télévision nationale que l’Etat a conclu avec les concessionnaires de Coronthie. Or, tel n’est pas le cas. On a décidé d’attirer l’attention du Chef de l’État, des autorités guinéennes. J’ai appelé les médias, nous ne sommes pas d’accord avec la concession en bail partage. Pour cela, j’ai été arrêté comme un bandit. Je ne pèse pas 70 kilos. Après, ce sont les élèves qui ont été gazés. Ils ont préféré l’usage de la force démesurée contre un paisible citoyen. Or, j’ai joué le rôle de sapeur-pompier, mais j’ai arrêté. À la maison centrale, j’ai payé 60.000fg pour dormir à terre », a expliqué Mamoudou Cifo Kè Touré.

Après cette déposition du prévenu, le procureur Mohamed Bangoura a pris la parole pour poser des questions.

« Je vous tire le chapeau. Vous avez été plébiscité par les citoyens de Coronthie pour être l’interface entre eux et l’Etat. Toute la Guinée a compati pour vous. Est-ce que tout ce que vous dites, les gens vous écoutent ? Là où votre message passe pour calmer les gens, est-ce qu’il ne peut pas passer pour faire soulever les gens ? », a-t-il interrogé.

Et le prévenu de répondre : « Tous mes messages sont pour calmer les gens ».

Mais le parquet ne démord pas et il continue sur sa lancée. « Vous n’avez pas pu digérer les tentatives pour vous évincer au poste de président ? »

« Cela ne m’a pas dérangé car cela fait depuis 2 mois », rétorque le prévenu.

Cependant, les réponses du prévenu n’ont pas l’air de satisfaire le parquet. En tout cas, le procureur Mohamed Bangoura enchaîne les questions.

« Depuis le 3 février, le jour où vous avez été choisi porte-parole des sinistrés, vous véhiculez toujours le même message ? », demande-t-il.

Mais le prévenu reste serein et droit dans ses bottes : « Je n’ai véhiculé que des messages de paix. Je ne reconnais pas avoir tenu des propos désobéissants. Si l’Etat peut trouver des solutions sans m’associer, je suis tranquille. »

Au terme de cette séance de questions-réponses, le parquet a estimé que les faits poursuivis dans cette affaire sont constitués à l’encontre du prévenu Mamoudou Cifo Kè Touré. Il a d’ailleurs demandé au tribunal d’entrer en condamnation contre lui.

« Personne ne peut se réjouir quand on est appelé bandit. Il ne peut pas contester. C’est un outrage contre une entité (État) dont nous avons l’obligation de respecter. Est-ce que la population qu’il défend ne va pas changer sa manière de voir l’État, ça donne ? C’est un dérapage non excusable. Personne n’aimerait être à la place des sinistrés. Mais son rôle doit être dans l’apaisement. Nous vous demandons de le retenir dans les liens de la prévention et le condamner à 6 mois d’emprisonnement assortis de sursis. C’est une peine éducative pour lui rappeler que tout n’est pas permis », a requis le procureur Mohamed Bangoura.

Par contre, la défense demande la libération pure et simple de Mamoudou Cifo Kè Touré.

« Vous n’allez pas suivre le procureur, Madame la Présidente. N’appliquez pas cette peine de sursis. L’infraction n’est pas constituée. Vous devez prendre une décision pour ramener la paix dans la cité, parce que tous ceux qui sont dans la salle sont venus à cause de Kè Touré. Nous vous demandons de relâcher purement et simplement Kè Touré. Cette décision ramènerait le calme dans la cité », a plaidé la défense.

Après les réquisitions et plaidoiries, le tribunal rejette la mise en liberté de Mamoudou Cifo Kè Touré et annonce que la décision sera rendue à demain, vendredi 17 mai 2024.

Boubacar Diallo pour Guineematin.com

Facebook Comments Box
Quitter la version mobile