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Violation des statuts, dépenses élevées… Ces accusations contre les dirigeants de la Chambre de commerce (CCIA-G)

Mamadou Baldé, président de la chambre de commerce national de Guinée

S’agit-il d’un parfum de corruption et de surfacturation à la tête de la Chambre de commerce, d’industrie et d’artisanat de Guinée (CCIA-G) ? La question vaut son pesant d’or, d’autant plus qu’un mémo récemment adressé à la ministre du commerce fait état des “préoccupations” de certains membres de ladite Chambre sur ses états financiers. Le plan d’actions exercice 2023 (déjà clôturé) et le budget de l’année 2024 sont mis en exergue pour illustrer la mauvaise gestion qui gangrène la CCIA-G. Une mauvaise gestion qui s’adosserait à la violation des statuts de la CCIA-G et qui se matérialise par les dépenses excessives, les conflits d’intérêts, les déplacements coûteux à l’extérieur du pays, le non-respect du calendrier de la tenue des assemblées générales, le manque de transparence dans la passation des marchés, le versement d’indemnités élevées aux membres du Bureau consulaire national (BCN), etc. Le président de ce Bureau (qui est l’organe exécutif de la CCIA-G) aurait un salaire mensuel de 35 millions de francs guinéens, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Placée sous la tutelle du ministère du Commerce, de l’industrie et des Petites et Moyennes Entreprises (PME), la Chambre de commerce, d’industrie et d’artisanat de Guinée (CCIA-G) est un établissement public à caractère professionnel doté de la personnalité morale, de l’autonomie financière de gestion. Elle a pour mission d’assurer la représentativité des intérêts communs des opérateurs économiques de Guinée dans les domaines du commerce, de l’industrie des métiers, des bâtiments et des travaux publics, des services et de l’artisanat dans le but d’instaurer le dialogue et la concertation entre ses membres, mais aussi de développer et d’améliorer la coopération économique et commerciale entre les opérateurs économiques établis en Guinée et leurs homologues établis à l’étranger.

Cependant, la gestion actuelle de la CCIA-G suscite des inquiétudes. En tout cas, selon certaines sources, des zones d’ombre subsistent dans son “rapport de gestion des comptes” exécutés en 2023. Ce rapport aurait été validé en violation des dispositions de l’article 77 des statuts de la CCIA-G. Car, il n’a pas été soumis au commissaire aux comptes avant sa présentation à l’assemblée générale ordinaire.

« Le Bureau Consulaire National n’a apporté aucune preuve justificative concernant la non saisine du commissaire aux comptes et la Cour des Comptes, sauf rappeler l’effet de l’incendie et l’explosion survenus à la SGP les 17 et 18 Décembre 2023… Le plan d’actions qui doit soutenir et justifier le rapport de gestion n’est que le résumé sans détails ni commentaires. Il devrait comprendre entre autres, les axes, actions à exécuter, les délais y afférents, les personnes chargées de leur exécution, le suivi évaluation et les résultats attendus », lit-on dans un mémo en date du 5 mai 2024, adressé à la ministre du commerce, de l’industrie et des PME et dont Guineematin.com s’est procuré copie.

L’analyse du rapport de gestion des comptes exercice 2023 de la CCIA-G révèle aussi que les dépenses effectuées sont plus élevées que les réalisations. Les dépenses d’investissements se chiffrent à 8 429 758 728 francs guinéens.

« Les plus importantes concernent l’aménagement et les installations des bureaux GNF 2 026 033 910, matériels informatiques pour un montant de 591 000 000 GNF, mobiliers de bureaux pour un montant de 1 675 150 000 GNF et achat de matériels roulant pour 4 062 685 538 GNF. Mais, malgré la nomenclature présentée, les procédures de passation de marché n’ont pas été expliquées et les pièces justificatives non apportées… Et le tableau ou la liste des sociétés bénéficiaires desdits marchés n’existe nulle part », apprend-on de ce mémo.

Au niveau des dépenses de fonctionnement, on note un montant de 17 187 046 217 francs guinéens. Mais, « la remarque fondamentale est qu’elles (les dépenses de fonctionnement) ne sont pas soutenues par des preuves tangibles liées à leur réalité et effectivité ». Il y a même une absence notable des rapports du contrôleur de gestion et du commissaire aux comptes.

A ce manque de cohérence et de transparence vient se greffer les nombreux déplacements, à des coûts très élevés, du président du Bureau consulaire national. Entre mai et décembre 2023, le prix de ses billets d’avion et ses indemnités s’élèveraient à 2 137 148 625 francs guinéens. Et pendant ce temps, le budget de fonctionnement mensuel des présidents des Chambres préfectorales et communales se chiffre à 1 500 000 francs guinéens.

Des documents transmis à la rédaction de Guineematin.com renseignent également que des “études contradictoires du budget 2024 de la CCIA-G” révèlent que 245 572 408 francs guinéens sont prévus pour les investissements. Un montant sur lequel certains membres de la CCIA-G porteraient des réserves.

Ces documents dévoilent aussi les salaires mensuels des membres du Bureau consulaire national. Le président dudit bureau encaisse 35 000 000 de francs guinéens, son premier vice-président 30 000 000 de francs guinéens et le reste des membres 20 000 000 de francs guinéens. Alors que le budget mensuel de fonctionnement des antennes préfectorales et communales se chiffre à 1 500 000 francs guinéens.

Également, des zones d’ombre existeraient au niveau de certaines sous rubriques incluent dans les charges de personnel. Ces sous rubriques sont : Primes et gratifications (807 196 729 GNF), Treizième (13eme) mois (451 196 729 GNF), Assistance sociale (60 000 000 GNF) et Prime de fête (296 000 000 GNF).

Joint au téléphone par Guineematin.com hier, mardi 28 mai 2024, Mamadou Baldé, le président de la Chambre de commerce, d’industrie et d’artisanat, a souhaité ne pas faire de commentaire sur le sujet. Tout de même, il accuse un certain “candidat malheureux” de vouloir “raconter n’importe quoi” sur lui.

« Je vous en prie, occupez-vous des questions qui peuvent être. ça (les accusations contre la CCIA-G), c’est un faux problème. Je vous respecte beaucoup (en parlant de notre journaliste) ; mais, ce sont des sujets qui ne m’intéressent pas, parce qu’ils ne sont pas d’actualités. Un candidat malheureux, qui n’a pas consommé son échec, se met à raconter n’importe quoi, des bêtises, cela ne me concerne pas. Le monsieur qui est derrière ce truc-là, monsieur Sorel, c’est un pêcheur qui suit les poissons, dit qu’il va gérer la Chambre de commerce. Donc, moi, ces commentaires ne m’intéressent pas, ils ne sont pas d’actualité. Il n’a qu’à raconter n’importe quoi, je l’ai dit la dernière fois devant la ministre [Diaka Sidibé], c’est un candidat malheureux, il n’a qu’à aller là où il veut », a lancé Mamadou Baldé.

À suivre !

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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