Accueil A LA UNE Massacre du 28 septembre : Me Jocamey Haba menace-t-il le parquet de...

Massacre du 28 septembre : Me Jocamey Haba menace-t-il le parquet de poursuites judiciaires ?

Parquet de Dixinn

C’est une situation pas tout à fait habituelle dans un procès pénal en Guinée. Me Jean Baptiste Jocamey Haba, un des conseils du capitaine Moussa Dadis Camara, vient de brandir une menace à peine voilée de poursuite judiciaire contre le parquet de Dixinn pour son inaction après le massacre du 28 septembre 2009 au stade de Conakry. Un massacre qui a fait plus de 150 morts et plus d’une centaine de femmes violées. L’avocat motive sa menace par le fait que ce parquet accuse son client de n’avoir rien fait sur le plan judiciaire pour faire arrêter et juger les auteurs de ces atrocités qui ont révolté le monde entier en 2009, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Selon ce conseil du capitaine Moussa Dadis Camara, c’est le parquet de Dixinn dont le ressort couvre le lieu du crime (le stade du 28 septembre) qui devait poser les premiers actes sur le plan judiciaire. Mais ce parquet, n’ayant pas agi ainsi, n’a aucun droit de reprocher à un officier de police judiciaire ou au président de la république son inaction, même si celle-ci est avérée. Et pour étayer son propos, Me Jean Baptiste Jocamey Haba précise que si son client (qui est poursuivi pour complicité de meurtre, assassinat, viol…) se trouve sur le box des accusés parce qu’il n’a rien fait sur le plan judiciaire dans cette affaire, le parquet aussi doit prendre place sur le box des accusés pour les mêmes faits reprochés à son client.

“J’ai entendu ici des parquetiers dire à un accusé, monsieur Blaise Goumou : vous êtes officier de police judiciaire, qu’avez-vous fait puisque vous vous êtes retrouvés sur le terrain ? Mais, qu’est-ce vous avez fait, vous procureurs, puisque le stade est dans les mains du tribunal de première instance de Dixinn ? Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que si monsieur Blaise Goumou est là parce qu’il n’a rien fait [en tant qu’officier de police judiciaire], vous [procureurs] vous devez être là à sa place parce que vous n’avez rien fait. Si on doit poursuivre le président Dadis parce qu’il n’a rien fait sur le plan judiciaire, si on doit reprocher à l’accusé Blaise Goumou parce qu’en tant qu’officier de police judiciaire se trouvant sur le terrain il n’a rien fait, vous (procureurs) pensez qu’on en peut pas vous poursuivre ? C’est pour cela que quand je vais parler des peines requises que vous avez distribuées, je vous parlerez d’Antoine Quetin (avocat français devenu procureur en 1793 à Paris et surnommé le pourvoyeur de la guillotine) pour vous dire que personne n’est au-dessus de la loi. Vous devriez comprendre que les premiers actes devraient être posés par vous (procureurs), parce que les OPJ (officier de police judiciaire) travaillent sous votre direction”, a-t-il martelé.

Cette menace de Me Jean Baptiste Jocamey Haba a fait sourire le ministère public. Mais l’avocat a quand même insisté sur ses propos.

“Vous (les procureurs) pouvez rire, mais moi je maintiens ce que je fais. Et je le dis avec élégance. Et je vous envoie cette élégance et je vous demande d’en faire autant. Surtout ne pleurez pas quand vous avez la parole”, a-t-il déclaré.

Rappelons que Me Jean Baptiste Jocamey Haba plaide depuis deux jours devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la cour d’appel de Conakry) dans le cadre du procès du massacre du 28 septembre 2009. Et il a axé une bonne partie de son exposé de ce mardi, 18 juin 2024, sur le « complot international » ourdi contre son client par des hommes politiques et militaires en Guinée et à l’étranger.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

Facebook Comments Box
Quitter la version mobile