Le pêcheur N’Famoussa Cissé et 15 autres prévenus ont été reconnus coupables de détention et consommation de la drogue Kusch. A l’audience d’hier, lundi 29 juillet 2023, tenue au tribunal correctionnel de Kaloum, ils ont écopé de 2 mois et 23 jours d’emprisonnement et au paiement d’une amende de 500 mille francs guinéens. Si certains ont reconnu les faits mis à leur charge, d’autres ont tout nié en bloc, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Ce groupe de 16 prévenus, des guinéens et léonais, est composé de 13 pêcheurs artisanaux, d’un marchand, d’un frigoriste et d’un informaticien. Ces jeunes, dont l’âge varie entre 20 et 32 ans, ont été tous interpellés dans la commune de Kaloum, plus particulièrement au port de pêche de Boulbinet, par les agents des forces spéciales. Placés sous mandat de dépôt entre le 23 mai et le 2 juillet 2024, leur procès a eu lieu au tribunal de Kaloum.
Il s’agit de : N’Famoussa Cissé, Idrissa Cissé, Mamadou Mouctar Baldé, Moussa Camara, Ibrahima Camara, Mamoudou Cherif Aidara, Abou Soufiane Sylla, Billal Cissé, Talibé Kourouma, Moussa Camara, Ibrahima Cissé, Bobsi Camara, Mamadou Lamarana Diallo, Sékou Camara, Saidou Camara et Boubacar Soumah.
A la barre, les uns ont plaidé coupables. Mais le plus grand nombre nie en bloc les faits.
N’Famoussa Cissé reconnaît avoir été interpellé avec la substance interdite. « C’est au port de Boulbinet qu’on m’a interpellé. J’attendais quelqu’un pour aller à la mer. Quelqu’un est venu me confier un paquet de cigarette Ronson. Je ne savais pas que c’est la drogue Kush qui était dedans. Entre temps, les agents des forces spéciales sont venus m’interpeller. Je détenais le paquet de cigarette en main. Ils m’ont pris avec », a-t-il déclaré.
Même déclaration pour Boubacar Soumah : « Moi, je ne mens pas. Je fume le chanvre indien mais pas la drogue Kush. Je ne savais pas c’est interdit de fumer le chanvre indien en Guinée. Je fume ça parce que quand on va à la pêche, la mer sent mauvais. On fume ça pour diminuer la mauvaise odeur. Mais quand je sors d’ici, je ne vais plus fumer ça parce que c’est interdit », a-t-il dit.
Après les aveux de ces deux prévenus, tous les autres ont clamé leur innocence. Cherif Haidara dit avoir été interpellé par les forces spéciales alors qu’il ne détenait rien.
« Moi, je ne fume pas la cigarette, à plus forte raison la drogue Kusch. Je ne touche à aucun vice. Même le thé, Attaya, je ne n’aime pas. Ils m’ont pris sans rien trouver sur moi. Je ne détenais rien », a-t-il lancé.
Abou Soufiane Sylla donne la même version. « On m’a interpellé pendant que j’étais arrêté entre deux pirogues en train d’uriner. C’est moi qui découpe les gros poissons. Je ne consomme pas la drogue, ni la cigarette ni l’alcool. Ils n’ont rien vu avec moi ».
Même argument pour Mamadou Lamarana Diallo : « Je suis venu ici à cause de la drogue Kusch. Mais moi, je n’ai jamais vu la drogue. Je ne fume pas. On m’a mis aux arrêts alors que je ne détenais rien », a-t-il déclaré.
De son côté, le prévenu Ibrahima Camara dit ne rien savoir dans cette affaire. « Je ne connais rien. Je ne fume pas. J’étais parti me soulager aux toilettes. A mon retour, les forces spéciales qui étaient partout m’ont mis aux arrêts. Mais, je ne détenais rien… »
Ibrahima Cissé dit également être innocent. « Je suis innocent. On m’a arrêté à Boulbinet pendant que je me préparais pour aller à la pêche. J’étais assis dans le bateau. J’ai vu les gens courir en disant que les gens des forces spéciales sont là. Je n’ai pas fui. Quand ils sont venus, ils m’ont pris et conduit à leur base, puis à la maison centrale », soutient le jeune homme.
Même son de cloche chez Saïdou Camara. « J’ai été arrêté au moment où je m’apprêtais à aller à la pêche. J’ai acheté le riz dans le marché de Boulbinet, c’est là que les agents des forces spéciales m’ont interpellé. Ils m’ont fait monter dans leur pick-up et conduit à la police », a-t-il dit.
Cependant, le procureur a estimé qu’ils sont tous coupables et il demande au tribunal de les retenir dans les liens de la prévention de détention et consommation de substances psychotropes. « Pour la répression, vous les condamnerez à 10 mois de prison avec sursis », a requis le procureur.
Finalement, le tribunal les a tous déclarés coupables des faits mis à leur charge. Ils ont été condamnés à 2 mois 23 jours d’emprisonnement et au paiement d’une amende de 500 000 francs guinéens chacun.
Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com
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