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Verdict du procès du massacre du 28 septembre : « Le tribunal a fait droit à l’essentiel des droits des parties civiles », (Me Martin Pradel FIDH)

Me Martin Pradel, avocat de la FIDH

Après quinze années d’attente et d’angoisse, les victimes du massacre du 28 septembre 2009, réunies au sein de l’association des victimes, parents et ami(e)s (AVIPA), de la fédération internationale des droits de l’Homme et organisation guinéenne des droits de l’Homme, ont enfin obtenu justice. Au terme de 20 mois de débats et de plaidoiries et réquisitions des parties au procès, le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la cour d’appel de Conakry) a prononcé son verdict dans la présente affaire hier, mercredi 31 juillet 2024. Les principaux accusés, parmi lesquels figurent l’ex chef de l’Etat, capitaine Moussa Dadis Camara, ont été reconnus coupables de crimes contre l’humanité.

Quelques instants après l’annonce de ce verdict, les avocats des parties civiles notamment l’AVIPA, la fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) ont tenu une conférence de presse dans un réceptif hôtelier à Conakry. En prenant la parole à l’occasion de cette rencontre, Me Martin Pradel, avocat de la FIDH à Paris, parle d’un grand soulagement et une satisfaction vis-à-vis de la décision du tribunal.

« Voir le tribunal pendant quatre heures faire la lecture des motifs essentiels de sa décision montrait que le tribunal a fait du droit, montrait que le tribunal a montré une méthode pour que jamais on ne puisse dire que la décision qui a été prise est une décision arbitraire. Pour nous, c’est un moment important, un grand soulagement. Parce qu’étant aux côtés des victimes depuis 15 ans, nous savons que l’attente des victimes est une attente de justice pas du tout une attente de vengeance. Cette attente, elle était exigeante et que manifestement le tribunal a eu à cœur d’être à la hauteur de cette exigence. Notre impression est que la justice avance et l’impunité recule dans d’un pays qui a besoin que l’impunité cesse et qu’elle ne soit plus la règle qui s’impose dans le paysage en Guinée », s’est-il félicité.

Plus loin, cet avocat français a dit s’en tenir à la décision du tribunal, bien que les parties civiles ont été déboutées de certaines de leurs prétentions. Il estime que le tribunal a fait droit à l’essentiel des droits des parties civiles.

« Le tribunal a fait droit à l’essentiel des droits des parties civiles. D’abord, il y a un signale qui est essentiel, c’est que les associations qui sont : l’organisation guinéenne des droits de l’Homme, la fédération internationale des droits de l’Homme et l’association des victimes, parents et ami(e)s des victimes du stade du 28 septembre sont des associations qui sont reconnues comme victimes. C’était essentiel. Dites-vous qu’il n’y aurait pas eu cette affaire s’il n’y avait pas eu des associations derrière les victimes pour les entourés et aussi contribuer à leur protection. Nous avons été entendus là-dessus, c’était pour nous l’essentiel. Nos demandes sur le plan de la répression ont été entendues, nous voulions que les faits soient requalifiés en crime contre l’humanité, nous avons été entendus. Nous avons fait des demandes de dommages et intérêts qui étaient importantes, qui n’avaient pas pour objet de permettre à ces victimes de s’enrichir, mais d’obtenir une compensation pour leur permettre d’espérer une vie meilleure, nous avons été entendus. Les sommes qui ont été accordées sont importantes. Le tribunal a un souci d’équilibre à l’évidence. Quand on recherche l’équilibre, ça veut dire que quand on est victime, il faut savoir qu’on n’a pas nécessairement tout ce qu’on a demandé. Ce n’est pas là l’essentiel. L’essentiel est que justice soit rendue », a estimé Me Pradel. 

Pour rappel, le 28 septembre 2009, une manifestation pacifique au stade de Conakry s’était soldée par un massacre brutal, faisant plus de 150 morts, des centaines de blessés et de nombreuses femmes violées. Ce procès était très attendu par les victimes et leurs familles, en quête de justice depuis près de quinze ans.

Malick DIAKITE pour Guineematin.com 

Tél : 626-66-29-27 

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