Tout d’abord, il importe de signaler qu’après l’annonce du décès de sa grand-mère, Thierno Fatoumata CIRA Diallo à Siguira, monsieur Boubacar Baldé a décidé d’y aller le lendemain pour présenter ses condoléances et assister aux funérailles. Il embarquera alors dans sa propre pirogue ses deux épouses (Koumba Alarba Diallo et Penda Baldé), son jeune frère (Abdourahmane Baldé) et son neveu (Ousmane Baldé). Ils traverseront la rivière vers 11 heures, ce mercredi, sans difficulté.
Malheureusement, l’atmosphère a changé, entre temps ! Après un kilomètre de parcours, un vent violent a soulevé des vagues qui ont renversé la pirogue. Boubacar a alors décidé de ne pas laissé cette rivière « avaler » sa dernière femme (Penda) qui ne savait pas nager et son neveu (Ousmane). Il les suit alors et se bat jusqu’à son dernier souffle…
Avec les cris de ce jeune, plusieurs piroguiers sont venus au secours. Mais, Boubacar Baldé, sa femme et son neveu avaient déjà tous répondu à l’Appel d’Allah !
Face au reporter de Guineematin.com, madame Koumba Alarba Diallo, du haut de ses trente ans, jure ne pas réussir à dormir depuis cette épreuve où elle a perdu sa coépouse qui est entrée dans son foyer depuis 7 ans ; et, surtout, son cher époux, Boubacar Baldé, l’homme avec lequel elle a fait quatre enfants durant ces douze dernières années !
Concernant les causes de cette noyade, les avis sont partagés dans ce village ; certains résument tout à la volonté de Dieu qui s’est accomplie ; et, d’autres accusent des diables qui habiteraient la rivière et qui se seraient transformés en tornade pour renverser la pirogue…
« Mon mari n’avait pas disputé avec quelqu’un, il est aimé par tout le village. Je n’accuse personne, c’est Dieu qui a voulu ainsi et a fait souffler le vent », a dit madame Koumba Alarba Diallo. C’est aussi l’avis du jeune rescapé. D’ailleurs, plus que son grand-frère, Abdourahamane Baldé continue de pleurer son ami et neveu, Ousmane, qui était venu comme lui de Conakry pour passer la Tabaski en famille : « si ce que j’ai vu n’a pas changé une personne, celle-ci ne changera jamais ! Maintenant, je vais rentrer à Conakry sans mon ami. C’est la volonté de Dieu », ajoute le jeune rescapé.
Cette rivière est pleine de diables
Pourtant, Mody Mamadou Baïlo Diallo, un autre sage de ce village (Bidon), estime que la rivière fait plus de morts ailleurs qu’au niveau de leur village, ajoutant que certains contournent même cette rivière pour rejoindre les autres villages en passant par Kafah.
A rappeler que depuis sa source, dans la sous-préfecture de Kollagui (Tougué), la rivière de Koloun (qui se jette dans le fleuve Kioma) traverse plusieurs villages sur une distance qui avoisine les 11 mille hectares de long et 4 kilomètres de large, formant ainsi une vaste plaine. Elle sépare les sous-préfectures de Koïn et de Kansagui. Pour la traverser pendant la saison pluvieuse, les populations locales utilisent des pirogues, notamment à l’occasion des cérémonies sociales (mariage, baptême, décès…) qui réunissent les familles établies de part et d’autre ou bien pour le grand marché hebdomadaire de Koïn. On fait ainsi payer la traversée, à l’aller comme au retour.
De Tougué, Alpha Ibrahima Diogo Baldé pour Guineematin.com
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