La sous-préfecture de Doko est la toute dernière localité guinéenne à traverser avant d’entrer dans le territoire malien, à travers le poste frontalier de Kourémalé. Elle est située à 45 kilomètres au Nord-Est de Siguiri. Dès la rentrée de cette petite ville, la première impression qui frappe est l’aspect désertique qu’elle présente. A partir de 8 heures, hommes, femmes, enfants, jeunes et vieux, tous rallient les nombreuses mines d’orpaillages ouvertes à l’exploitation. Et, ce n’est qu’à 19 heures que ce beau monde revient au centre de la commune rurale.
Pour ce monsieur originaire de Guéckédou, ce déplacement n’est pas fortuit. Selon lui, la pratique de l’orpaillage lui permet de faire vivre dignement sa famille qu’il entend rejoindre très bientôt à Conakry.
« Au lieu de rester à Conakry à ne rien faire ou à faire du banditisme, je demande à nos frères de venir chercher leur pain ici. On ne gagne pas tous les jours et des fois nous pouvons gagner jusqu’à neuf grammes. Ici, le gramme d’or se négocie entre 315 000 à 320 000 GNF, selon la quantité dont tu disposes. Maintenant que j’ai passé deux ans ici, je m’apprête à rentrer rejoindre ma famille à Conakry », précise Alexis Tolno.
Pour avoir une portion de terre à exploiter, les orpailleurs de Doko font face à plusieurs exigences. C’est le cas par exemple de la mine de Bayarani où le versement de la somme de 50.000 Francs Guinéens est obligatoire pour tous les non natifs. En plus de cela, toutes les machines utilisées dans la mine sont taxées. A la fin de chaque mois, les propriétaires des machines de prospection d’or s’acquittent de la somme de 500.000 GNF. Ceux qui possèdent des motos tricycles payent la somme de 15 000 ou 20 000 GNF par voyage. Un véritable business pour les propriétaires terriens.
Tout comme à Fatoya, c’est les tombolomas et les chasseurs traditionnels, appelés « Donzo », qui gèrent les mines, les uns assurant la surveillance la journée et les autres la nuit. Ils le font sans ménagement, se substituant parfois aux autorités locales.
Après l’ouverture et l’exploitation des mines d’orpaillages, aucune mesure n’est mise en place pour la restauration du couvert végétal. A ce jour, tous les lits des cours d’eau de Siguiri sont remplis de boue. Le sous-préfet de Doko, Namory Doumbouya, en est conscient et dénonce vigoureusement cet ta de fait. « Nous avons plus de trente mines ouvertes, certaines sont déjà abandonnées après exploitation et d’autres sont en exploitation. Vous l’avez constaté vous même que l’environnement a été sauvagement impacté par l’exploitation de l’or. J’ai pris, à mon arrivée, les choses en main pour remédier à la limite de mes moyens à ce problème. J’ai reboisé quatre hectares à Soumbarakoni et derrière le siège de la sous préfecture », a expliqué monsieur Doumbouya.
Outre les menaces sur l’environnement, le flux impressionnant de citoyens guinéens et étrangers ouvre la voix à d’autres pratiques illégales. Les plus fréquentes sont entre-autres la consommation de la drogue et la pratique de la prostitution à grande échelle.
En ce qui concerne la prostitution, le sous-préfet dit que plusieurs filles ne sont pas venues sur les lieux pour faire de la prostitution. Selon lui, c’est après une perte brusque d’espoir, que ces filles s’adonnent à certains actes malsains. Une Chose que Namory Doumbouya déplore énormément et promet d’y remédier.
De Doko (Siguiri), Mouctar Barry pour Guineematin.com
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