Très remontées contre l’interdiction de leur marche par le gouverneur, alors que celle-ci avait été autorisée par les mairies de Dixinn et de Ratoma, les Forces Sociales ont jugé nécessaires de poursuivre le général Mathurin au tribunal. Pour la journée de ce mardi, ni les avocats du gouverneur encore moins l’ancien membre du CNDD ne se sont présentés face au juge Mohamed Chérif Sow.
A l’entame de l’audience, le parquet a demandé cinq (5) millions de francs guinéens comme caution avant l’ouverture des débats. Un montant que la partie civile a jugé exorbitant au regard du statut des plaignants. Selon leur avocat, maître Salifou Béavogui, « cinq millions est insoutenable pour les Forces Sociales qui ne disposent d’aucun moyen. Elles ne reçoivent aucune subvention et ce n’est pas un procès avec des pensées pécuniaires. Mais, c’est un procès fait pour le respect de la loi ».
Au sortir de l’audience, maître Salifou Béavogui a expliqué qu’on est dans une procédure pénale. « Le gouverneur est poursuivi pour abus d’autorité et entrave à la liberté de manifester, une infraction prévue et punie par les dispositions du Code Pénal, notamment les articles 643 et 625 », a-t-il dit.
Selon cet avocat, si on prend l’article 625 du Code pénal, il dispose que l’entrave au droit de manifester est punie de 1 à 6 mois d’emprisonnement et de 1 à 5 millions de francs guinéens d’amende ou de l’une de ces deux peines. « Les forces Sociales de Guinée, qui sont entrain de se battre pour la diminution du prix du carburant ont obtenu successivement deux autorisations des communes de Matam et de Dixinn. Les lettres d’autorisation ont été dûment signées à la suite des demandes. Et, à la dernière minute, monsieur le gouverneur a fait un communiqué pour interdire la marche. Ce qui constitue une violation de l’article 10 de la Constitution ainsi que les articles 643 et 625 du Code pénal », a expliqué l’avocat.
A en croire maître Salifou Béavogui, dans ses prérogatives, le gouverneur de Conakry, en tant qu’autorité de tutelle, peut confirmer ou infirmer une interdiction. Mais, précise maître Béa, il n’a aucun droit d’interdire une manifestation. « Lorsque les communes ont autorisé la marche, en tant qu’autorité locale compétente, le gouverneur ne peut que sécuriser en tant que responsable du conseil de sécurité de la ville. C’est la raison pour la quelle, les forces sociales l’ont attaqué en justice. Et, c’est une responsabilité pénale qui est personnelle, qui est à dissocier de sa fonction », a-t-il fait remarquer.
Par rapport à l’absence du prévenu et de ses avocats, maître Salifou Béavogui dira que « cela n’arrête pas le cours de la procédure normale qui va continuer de plus belle jusqu’à ce qu’on ait une décision de justice qui sera exécutée ».
Maître Béa a promis de tout mettre en oeuvre pour déposer la caution afin que le gouverneur vienne expliquer à la barre pourquoi il a agit ainsi.
Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com
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