Kolaboui (Boké): un jeune conducteur sévèrement tabassé par un chinois dans une mine

Au-delà des conditions de travail et de vie difficiles, certains travailleurs des sociétés minières évoluant dans la zone de Boké sont constamment victimes de violences de la part des expatriés. C’est le cas du jeune Ousmane Soumah, âgé de 23 ans et conducteur de chargeur, qui a été sévèrement tabassé dans la mine de Filibowé par un chinois, tous travaillant au compte de l’entreprise Henan Chine. Après des premiers soins à Boké, le jeune Soumah est aujourd’hui abandonné à lui même à Kolaboui, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Depuis quelques jours, les travailleurs de certaines sociétés minières exerçant dans la zone de Kolaboui étaient en grève pour exiger à leurs employeurs de meilleures conditions de travail et de vie. Malgré cet état de fait, de nombreux autres guinéens qui sont sans emploi frappent aux portes de ces mêmes entreprises pour espérer être recrutés.

Racontant au reporter de Guineematin.com sa mésaventure, Ousmane Soumah dit avoir refusé de travailler dans une zone à risque avant d’être copieusement tabassé par son patron qui n’était pas à son premier essai.

« J’étais sur ma machine lorsqu’il m’a demandé de travailler dans une zone à risque. Il y avait un fil électrique à terre. Je lui ai dit que je préfère contourner pour venir faire son travail sans prendre ce risque. C’est ainsi qu’il a pris une grosse pierre qu’il a lancée en ma direction. Je lui ai demandé ce qui ne va pas ; et, il est venu ensuite me donner un coup avec ses bottes au niveau de mon genou gauche. Il y avait des gens là-bas qui n’ont pas osé me venir au secours. C’est comme ça que j’ai traîné dans la boue pendant 30 minutes avant de m’évanouir… », a expliqué Ousmane Soumah, ajoutant s’être retrouvé seulement à 23 heures à l’hôpital de Boké.

Après être rendu compte de la gravité des coups reçus par leur compatriote, les autres travailleurs de l’entreprise Henan Chine ont voulu se venger en pourchassant l’auteur communément appelé Rambo. Finalement, ce dernier aurait réussi à se réfugier dans un conteneur pour échapper aux griefs de l’ensemble des employés.

Dès après l’hôpital, Ousmane Soumah est allé devant les autorités locales de Kolaboui pour leur faire part de sa mésaventure. Selon ses propres explications, c’est la population qui a contraint les chinois à prendre en charge ses soins à l’hôpital et à l’indigénat.

« Quand les chinois sont venus en ville, ils ont été encerclés par la population afin de les contraindre de me prendre en charge. J’ai fait l’échographie, je suis allé à l’indigénat où ils ont payé les frais et mon acheté l’ordonnance. Ils m’ont ensuite remis 220 000 francs pour ma dépense qui est finie depuis longtemps. Aujourd’hui, tout mon argent est fini et je n’arrive même pas à trouver quoi manger. Je suis couché chez moi sans aide et mon pied me fait encore mal », a précisé Ousmane Soumah.

Interrogé par Guineematin.com sur cette affaire, le commandant de la gendarmerie locale qui a réglé le problème à l’amiable affirme que la direction de l’entreprise Henan Chine a reconnu son tort et a demandé pardon.

« Toutes les parties sont venues ici et on a réglé le problème à l’amiable. Les chinois ont pris l’engagement, après avoir soigné le petit, de verser sa prime journalière jusqu’à son rétablissement ; et, de verser son salaire le 28 de ce mois. Aussi, il est libre d’aller reprendre le boulot après sa convalescence. Tout est sur papier et se trouve avec moi », a rassuré le Capitaine Sylla, commandant de la gendarmerie de Kolaboui.

Concernant la somme versée à la victime, le commandant Sylla affirme que les chinois ont versé 420 000 GNF et non 220 000 GNF.

Selon nos informations, l’auteur de la bastonnade qui est surnommé Rambo est un habitué des faits, il se serait livré aussi à de tels agissements à Kaback. On apprend d’ailleurs qu’il n’est pas actuellement dans la zone d’exploitation.

Nous y reviendrons !

De Kolaboui, Mouctar Barry pour Guineematin.com

Tél. : 621 607 907

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