Boké : les fonctionnaires refusent souvent de servir à Sansalé (les rasions)

Les populations de la sous-préfecture de Sansalé (préfecture de Boké) se plaignent essentiellement de l’enclavement de la localité qui engendre le mépris des fonctionnaires à servir dans leur zone. 

Selon les explications recueillies sur place et le propre constat de l’envoyé spécial de Guineematin.com à Sansalé, dans la quasi-totalité des services publics, le peu de fonctionnaires qui y ont été mutés et qui ont accepté de rejoindre leurs postes, ne résident pas à Sansalé. Ils cherchent un logement au centre urbain de Boké pour y laisser toutes leurs familles.

A en croire Monsieur Sékou Gassama, vice-maire de la commune rurale de Sansalé, le refus des agents publics de servir dans cette sous-préfecture abandonnée par l’Etat est compréhensible ! C’est pourquoi les citoyens locaux ne condamnent pas ces fonctionnaires, mais ils dénoncent plutôt les gouvernants au haut niveau qui ne font rien pour cette zone.

Sékou Gassama, vice-maire de Sansalé

« Aucun fonctionnaire ne vient ici avec sa famille, ou ne vient pour s’installer ici de façon permanente. Les raisons sont simples : quand ils viennent avec leurs enfants, ils ne vont pas étudier parce qu’il n’y a pas d’études sérieuses ici. Quand on tombe malade ici, quelque soit la souffrance du malade, on l’envoie sur la moto jusqu’à la mer et on prend la pirogue. Quand on appelle quelqu’un ici pour un programme en ville, il lui faut réfléchir longtemps pour bouger, se demander combien de fois je vais tomber sur la route, combien je vais dépenser. Je ne peux pas vous citer tous nos problèmes parce qu’ils sont très nombreux », s’est plaint le vice-maire de Sansalé.

De son côté, intervenant sous le sceau de l’anonymat, un sage ressortissant de Sansalé et qui réside en Guinée-Bissau qui requise l’anonymat ajoute : « si le gouvernement veut aider une localité, il lui donne trois (3) choses : la route, l’hôpital avec ses agents, l’école avec ses enseignants. Mais, nous ici, rien de tout ça ne marche. Il y a un beau bâtiment qui abrite le centre de santé ; mais, il n’y a pas d’équipements, pas de médecins. Même si tu as des maux de dents, tu ne peux pas te soigner ici. Des fois, même des femmes que nous amenons à Boké pour accoucher meurent en cours de route ! Et, nous ramenons les corps sur la moto. C’est pourquoi, aucun fonctionnaire n’accepte de venir chez nous. Et, nous aussi, nous n’avons pas beaucoup d’intellectuels… », s’est lamenté notre interlocuteur.

Pour confirmer ces dernières affirmations, l’envoyé spécial de Guineematin.com a tenté de rencontrer les responsables comme le délégué sous-préfectoral de l’enseignement élémentaire (DSEE), le directeur de l’école primaire de Sansalé ou un enseignant, le directeur du centre de santé, le receveur de la commune rurale : mais, en vain ! Personne d’entre eux n’a été trouvé à Sansalé. Et, pour les rares administrateurs qui sont actuellement réguliers à Sansalé, ils s’occuperaient plutôt de leurs champs ou plantations d’anacardiers qui rapportent beaucoup plus que leurs maigres salaires…

Mais, ce qu’il faut écrire avec beaucoup d’insistance est que tous les citoyens de Sansalé, de toutes les catégories socioprofessionnelles n’ont qu’une même « urgence » parmi tous les besoins évoqués : le manque de route…

De retour de Sansalé, Mamadou Diouldé Diallo pour Guineematin.com

Tel : 622 671 242

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