Affaire Elhadj Doura Diallo : les débats clôturés, les réquisitions et plaidoiries annoncées pour le 10 janvier prochain

Feu Elhadj Abdourahmane Diallo

Entamé le 29 mars dernier devant le tribunal criminel de Dixinn, le procès des auteurs présumés de l’enlèvement et l’assassinat de Elhadj Abdourahamane Diallo (plus connu sous le nom de Elhadj Doura) s’est poursuivi ce mercredi, 22 décembre 2021, devant cette juridiction de première instance. L’audience de ce jour a essentiellement porté sur la déposition de la partie civile représentée par Thierno Boubacar Diallo (l’un des fils du défunt Elhadj Doura). Et, à la barre, ce jeune a démenti les informations qui faisaient croire que son père était malade de Diabète au moment de son enlèvement. Il a laissé entendre que feu Elhadj Doura Diallo ne souffrait de rien, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

« Au moment du kidnapping de mon père en décembre 2017, certains médias racontaient qu’il était diabétique. Mon père n’était pas malade. C’est vrai qu’il avait 77 ans, mais il était bien portant. Chaque année, il partait à Dakar pour faire son bilan. La dernière fois qu’on est allé au Sénégal avant son enlèvement, après son examen, son médecin même était étonné. Il m’a dit : malgré son âge, je peux dire que ton père se porte bien plus que toi », a révélé Thierno Boubacar Diallo devant le tribunal.

Poursuivant sa déposition, ce jeune est revenu en détail sur les circonstances de l’enlèvement de son père à Hamdallaye et les évènements qui ont suivi jusqu’à la découverte de son corps à Forécariah.

« C’est la maman en pleurs qui m’a appelé (au téléphone) aux environs de 6 heures pour me dire que mon papa est parti à la mosquée depuis 5 heures et qu’il n’est pas encore revenu. De chez moi à Matam, je me suis précipité dans la concession familiale à Hamdallaye. On a su effectivement qu’il a été enlevé à travers ses babouches, son bonnet et son chapelet qu’on a retrouvés sur le chemin de la mosquée. Ce sont les jeunes du quartier, au retour de la mosquée, qui ont ramassé ces objets de mon père pour aller les remettre à l’imam. C’est l’imam à son tour qui a reconnu ces objets et les a ramenés à la maison tout en demandant qu’ils n’ont pas vu Elhadj Doura aujourd’hui à la prière de l’aube. Ma maman l’a répondu que bien sûr il est allé et que c’est lui qui nous a tous réveillés pour prier. C’était le mardi 5 décembre 2017. Le mercredi déjà, nous avons reçu le premier appel de la part des ravisseurs sur le téléphone de mon frère. Par après, c’est moi qu’ils appelaient. À chaque fois, ils (les ravisseurs) changeaient de numéro. Car, quand on les rappelait sur les numéros qui nous appelaient, ça ne passait pas. D’abord, ils nous ont demandé de payer une somme de 200 millions de francs, puis 500 mille dollars quelques jours après, ensuite un million de dollars sinon ils vont découper le vieux (Elhadj Doura Diallo), le mettre dans un sac et le déposer devant notre porte. Comme on avait déjà un comité de crise composé des policiers et des gendarmes au sein de la famille, j’ai remonté la requête des ravisseurs à la famille. Ensemble, nous avons estimé que c’est trop un million de dollars. De discussion en discussion, j’ai arrêté sur une somme de 100 mille dollars. Finalement, on s’est entendus autour de 100 mille dollars. C’est moi-même qui ai déposé la rançon quelque part à Lambanyi où ils m’ont fait traîner de 19 heures à 00 heures. Après avoir déposé la rançon, ils nous ont promis de libérer mon père, promesse qu’ils n’ont pas tenu. C’est un jour maintenant que l’un des ravisseurs qui s’est désolidarisé du groupe, Lama Kaba, m’a contacté pour me donner quelques pistes concernant ses amis et sur l’endroit où se trouvait mon père. Il m’a dit qu’il regrettait d’avoir participé à cette opération. Ce dernier aussi m’a soutiré plus de 80 millions de francs guinéens, par tranche, via Orange Money. Le premier nom que Lama Kaba m’a donné était celui de Kam’S. À chaque fois que Lama Kaba me donnait des informations, ça se révélait vrai et je les remontais au près de la police et de la gendarmerie. Mais, l’enquête se déroulait mal. Il a valu l’implication du président Alpha Condé, qui nous a accordé une audience, pour que les choses bougent. C’était un dimanche, quand je l’ai  expliqué que le général Baldé et Malick Koné, alors respectivement Haut commandant de la gendarmerie et directeur de la police judiciaire, le président a fait venir le général Baldé et il a grondé avant de l’exhorter à traquer toute personne associée de près ou de loin à cette affaire. C’est entre-temps que la gendarmerie m’a appelé un jour pour aller avec eux à Maferinya et que mon père serait là-bas. Donc, arrivé, c’est son corps que nous avons retrouvé enterré dans un sac. Mais, les ravisseurs avaient même enterré mon père au bord d’une rivière », a expliqué Thierno Boubacar Diallo.

Par ailleurs, Thierno Boubacar Diallo a aussi révélé que le nommé Elhadj Mamadou Diallo (cerveau présumé de l’enlèvement et l’assassinat d’Elhadj Doura Diallo) était venu dans la famille le jour du kidnapping de mon père pour compatir à la douleur de la famille.

« Parce que quand il (Elhadj Mamadou Diallo) a été arrêté et que j’ai montré sa photo à ma marâtre, elle a reconnu qu’il était passé saluer à la maison, qu’il portait ce jour une culotte et un sac à dos. Elhadj Mamadou est connu dans la famille. Sa mère travaillait à l’époque pour mon père. Et, mon père rendait souvent visite à son beau-père », a précisé Thierno Boubacar Diallo.

Après cette déposition de la partie civile, le tribunal a déclaré les débats clos et renvoyé l’affaire au 10 janvier 2022 pour les plaidoiries et réquisitions.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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