Tribunal de Dixinn : l’ancienne ministre, Mimi Coumbassa, jugée pour escroquerie

Hadja Mariama Mimi Coumbassa, ancienne ministre de l’action sociale et marraine des mareyeuses de Guinée

C’est en compagnie de son fils, Abdoulaye Camara, que Hadja Mariama Mimi Coumbassa, ancienne ministre de l’action sociale et marraine des mareyeuses de Guinée, a comparu jeudi dernier, 17 mars 2022, devant le tribunal de première instance de Dixinn. Les deux sont poursuivis avec Kélétigui Samoura, en fuite, pour des faits d’abus de confiance et escroquerie. Aïcha Baldé, policière au Canada, et épouse du prévenu Abdoulaye Camara, accuse ces trois personnes de lui avoir extorqué un montant de 450 000 000 de francs guinéens, a constaté un journaliste de Guineematin.com qui a suivi l’audience.

Selon la plaignante, c’est à travers le réseau social Facebook qu’elle a fait la connaissance d’Abdoulaye Camara, fils de l’ancienne ministre Hadja Mariama Mimi Coumbassa. Après plusieurs échanges, les deux ont fini par se marier. Et après le mariage, explique Aïcha Baldé, « ma belle-mère (Hadja Mimi Coumbassa) m’a convaincue d’envoyer de l’argent pour chercher une licence de pêche en Guinée. Elle m’a dit qu’investir dans la pêche en Guinée est une bonne affaire. Convaincue, j’ai envoyé 450 000 000 de francs guinéens pour acheter une licence de pêche. On a déposé l’argent au domicile de Hadja Mariama Mimi Coumbassa à Nongo. Ensemble, on a compté l’argent qui était destiné à investir dans la pêche.

Mais, dès qu’elle a reçu l’argent, elle a changé d’avis. Elle m’a dit que 450 000 000 GNF ne peuvent pas acheter une licence de pêche. Elle m’a dit que pour acheter une licence, il faut avoir un bateau ou une somme de deux milliards de francs guinéens. Donc, elle a dit de laisser l’affaire de licence et de se lancer dans la pêche artisanale. C’est ainsi que Abdoulaye Camara (son mari) m’a mise en contact avec Kélétigui Samoura, auprès de qui on a versé 200 000 000 de francs guinéens. Et le reste du montant est resté par devers Hadja Mariama Mimi Coumbassa. Mais finalement, le projet n’a pas abouti et je n’ai pas récupéré mon argent », a expliqué la plaignante à la barre.

Comparaissant devant le tribunal de Dixinn, Hadja Mariama Mimi Coumbassa a plaidé non coupable. L’ancienne ministre de l’action sociale a assuré n’avoir pas compté l’argent envoyé par sa belle-fille, ni assisté au dépôt du montant remis à Kélétigui Samoura. Ce qui veut dire qu’elle n’a rien à se reprocher dans cette affaire.

« Moi, je n’ai pas compté cet argent. Donc, je ne connais pas le montant qu’elle a envoyé. Elle a déposé le carton d’argent chez moi, mais je ne savais pas combien il y avait dedans. Après a pris cet argent, elle est allée verser 250 000 000 de francs chez Mamady Kalo pour acheter du poisson. Et le reste, elle l’a donné à Kélétigui Samoura. Si elle a versé de l’argent chez Mamady Kalo à l’effet pour lui de livrer du poisson et Kalo n’a pas exécuté les travaux, c’est à Kalo qu’elle doit réclamer son argent et non à moi. Ce qui est versé chez Kalo à mon absence ne me regarde pas », a dit l’ancienne ministre.

Tout comme sa mère, Abdoulaye Camara a indiqué que c’est à Mamady Kalo et à Kélétigui Samoura que la plaignante a remis son argent. « Ma mère ne lui a jamais proposé une affaire de vente de poisson. Moi aussi, elle ne m’a jamais remis de l’argent dans le cadre d’une activité de vente de poisson. Quand je suis revenu d’Europe, je n’ai pas eu de travail, je me suis lancé dans le business du poisson. Elle m’a vu évoluer dans ça et a décidé aussi de se lancer. Elle a envoyé 450 000 000 de francs pour lancer son activité. En ce moment, on habitait à Plaza Diamond, mais je lui ai dit d’envoyer l’argent dans la grande famille, à Nongo. On a envoyé l’argent là-bas. Mais, c’est elle-même qui a donné son argent à Mamady Kalo et Kélétigui Samoura », a soutenu cet autre prévenu.

Après les débats, le tribunal a ouvert la phase des plaidoiries et réquisitions. Prenant la parole, l’avocat de la partie civile, Me Salifou Béavogui, a indiqué que le 8 janvier 2020, Aïcha Baldé a remis effectivement un montant de 450 000 000 de francs guinéens à Hadja Mariama Mimi Coumbassa. Cela, dit-il, après que cette dernière et son fils l’ont convaincue que le commerce du poisson rapporte bien en Guinée. Le projet n’a pas abouti et jusqu’à présent, souligne l’avocat, sa cliente n’a pas pu récupérer l’intégralité de son argent.

« Ils (les prévenus) restent devoir 337 000 000 de  francs guinéens à ma cliente. Donc, nous vous demandons de les condamner au paiement à titre principal du montant de 337 000 000 de francs guinéens. Et pour tous les préjudices confondues, nous réclamons un montant de trois milliards de francs guinéens », a fait savoir Me Salifou Béavogui.

Dans la même lancée, le procureur Moustapha Mariama Diallo a demandé au tribunal de retenir les prévenus dans les liens de la prévention d’escroquerie et d’abus de confiance, en condamnant Hadja Mariama Mimi Coumbassa et  Abdoulaye Camara à six mois d’emprisonnement assorti de sursis et au paiement de 20 000 000 de francs guinéens d’amende. Quant au troisième prévenu, Kélétigui Samoura, en fuite, le procureur a requis une peine de cinq ans d’emprisonnement par défaut et un mandat d’arrêt contre lui.

De son côté, l’avocat de la défense, Me Mohamed Sidiki Bérété, a plaidé non coupable, demandant au tribunal de renvoyer ses clients des fins de la poursuite. La décision du tribunal est attendue le 7 avril prochain.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com 

Tel: 620 589 527/664 413 227

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