Tombé en disgrâce au lendemain du putsch du 05 septembre dernier, Sidy Souleymane N’Diaye, ancien procureur de la république près le tribunal de première instance de Dixinn, vient de faire son comeback dans les sérails de la justice guinéenne avec une promotion. Ce magistrat qui est parti du parquet de Dixinn avec une gibecière d’accusations et d’humiliations pour son rôle nocif dans la répression des opposants au troisième mandat d’Alpha Condé (ex Chef d’Etat guinéen) a été nommé hier, jeudi 21 avril 2022, avocat général au niveau du parquet de la Cour Suprême. Mais, son retour aux affaires suscite déjà des réactions d’indignation et d’inquiétude au sein de l’opinion publique guinéenne où certains y voient un retour des « vieux démons ».
Dans un entretien accordé à Guineematin.com ce vendredi, Abdoulaye Bah, secrétaire national chargé de l’animation et du marketing politique de l’UFDG, a dénoncé une nomination qui choque la conscience et la dignité des Guinéens, notamment ceux qui ont été les victimes des agissements malsains de ce « procureur du troisième mandat » qui incarcérait d’innocentes personnes dans le seul but de s’attirer les grâces du régime d’Alpha Condé. Cet homme politique qui a été envoyé en prison par Sidy Souleymane N’Diaye pour son opposition au troisième mandat d’Alpha Condé estime que ce procureur n’a pas sa place dans une Guinée en refondation.
Également, Abdoulaye Bah pense que cette promotion accordée à ce magistrat très controversé met le CNRD (la junte militaire actuellement au pouvoir en Guinée) en porte-à-faux avec ses déclarations de prise de pouvoir le 05 septembre dernier. Et, il ne cache pas sa déception.
Décryptage !
« C’est un sentiment de déception, de frustration et de peur pour la Guinée. Le colonel Doumbouya (président de la Transition) a déclaré officiellement à la face de la Guinée et du monde qu’il n’y aura de recyclage, c’est-à-dire qu’il n’y aura pas de reprise de ceux-là qui ont été des acteurs dans cette situation de troisième mandat (pour le président Alpha Condé) qui a occasionné le coup d’Etat du 05 septembre 2021. Egalement, il a dit publiquement que les erreurs du passé ne seront plus commises. Donc, apprendre que monsieur Sidy Souleymane N’Diaye qui était le procureur du troisième mandat, qui arrêtait à tour de bras tout citoyen à Conakry qui réclamait le respect de notre constitution et du peuple, est nommé au lieu d’être devant la justice, c’est vraiment le ciel qui tombe sur la tête des Guinéens. Parce que ce monsieur a causé beaucoup de tort aux Guinéens. Il a fait arrêter, il a fait emprisonner, il a accusé des gens. Par exemple, nous, le mardi 10 novembre, c’est lui qui a fait appelle à vous les médias, alors que nos domiciles sont connus, nos numéros de téléphone sont connus, notre président est là, notre parti est là, nous sommes des citoyens dans ce pays, pour organiser un point de presse pour annoncer à la face de la Guinée et du monde que Ousmane Gaoual Diallo, Cellou Baldé, Elhadj Chérif Bah, Etienne Soropogui, Sékou Koundouno et moi-même Abdoulaye Bah de Kindia nous sommes recherchés activement pour des faits de crimes commis à Conakry. Alors que le code de procédure pénale est clair en la matière. Quand un citoyen est sollicité par la justice, on lui envoie une convocation. Et, l’accusation était très grave. Parce qu’il était question de détention d’usines de fabrication d’armes de guerre et armes automatiques dans ce pays. C’était tellement incompréhensible et humiliant. Mais, il nous a quand-même collé ces accusations ignobles sur la peau. Et, on a été arrêté alors que nous ne sommes des citoyens qui n’ont rien commis si ce n’est qu’on s’est opposé à une dictature, à un troisième mandat. Donc, je n’ai pas la prétention de demander qu’on annule ce décret (qui a nommé Sidy Souleymane N’Diaye) ; mais, nous constatons comme tout citoyen que cette nomination choque notre conscience, notre dignité, notre espoir et met fin à beaucoup de sentiment d’estime qu’on avait pour le CNRD. C’est très grave. Sidy Souleymane N’Diaye ne devait plus être dans les sérails de la justice. Il devait être remercié, d’autant plus qu’il est avancé en âge. Je pense que de pareilles personnes, dans la Guinée qu’on veut refonder, si ce n’est pas de la manipulation verbale, devraient rester tranquilles si elles ne sont pas poursuivies par la justice. Mais, l’histoire jugera ; et, puisque nous sommes tous des croyants, Dieu jugera également », a déclaré Abdoulaye Bah.
Mohamed Guéasso Doré pour Guineematin.com
