Manifestation à Sidikila (Mandiana) : les employés de la GBG (Guinean Birimian Gold) contre leurs « mauvaises conditions de travail »

Les travailleurs de la GBG (Guinean Birimian Gold Sarl), une société minière installée dans la sous-préfecture de Sidikila (Préfecture de Mandiana), se sont fait entendre hier, jeudi 23 juin 2022. Ils ont cessé le travail pour manifester contre leurs conditions de vie et de travail, qu’ils jugent très précaires, et exiger la satisfaction de leurs revendications, a constaté le correspondant de Guineematin.com à Kankan, qui s’est rendu sur place.

C’est sur le site abritant l’usine de la société qui exploite de l’or à Sidikila (une sous-préfecture située à 125 kilomètres de la ville de Mandiana) que les plusieurs employés de la GBG (Guinean Birimian Gold Sarl) se sont rassemblés pour manifester leur colère. Ils protestent contre « le mauvais traitement » qui leur est réservé par leur employeur, et exigent le paiement des heures supplémentaires et des primes de rendement, mais aussi la prise en charge sanitaire.

Lanciné Maria, porte parole des travailleurs

« Nous souffrons énormément au sein de cette société. Parce que nos conditions de vie et de travail sont très mauvaises. Depuis le lancement des activités de cette société, en septembre 2018, nous travaillons nuit et jour, mais nous n’avons pas un bon traitement, ni un respect de la part de nos responsables. Quand un travailleur guinéen tombe malade, on le pointe absent, et on enlève 200 000 GNF sur son salaire. Pour le transport, on nous fait payer 175 000 GNF par travailleur guinéen.

Donc, tous nos droits sont bafoués, que ce soit sur le plan salarial, sur le plan social, et celui sanitaire. Pourtant, les Chinois sont très bien payés, en dehors des primes qu’ils reçoivent. Et ce sont eux, les Chinois, qui pilotent tous les engins lourds. Et ils ont des primes par semaine. Alors que les Guinéens aussi peuvent faire ce travail », a expliqué Lancinè Mara, le porte-parole des travailleurs. « Malheureusement, nos autorités prennent toujours parti pour la société, ignorant notre souffrance », regrette Lancinè Mara.

En plus de leurs « mauvaises conditions » de vie et de travail, les manifestants dénoncent aussi des licenciements abusifs auxquels se livreraient les responsables de la GBG. Mamy Niankoye Koulémou se présente comme étant l’une des victimes de cette pratique.

Mamy Niankoye Koulémou, employée à la société GBG

« J’ai signé un contrat d’un an avec la société. Après avoir commencé le travail, je suis tombée enceinte. Durant les 6 premiers mois de ma grossesse, j’ai continué normalement le travail. Maintenant, j’ai demandé un congé de maternité, vu mon état de santé, ils m’ont accordé ce congé. Et à mon retour du congé, ils m’ont dit que je suis licenciée. Ce qui m’a vraiment étonné. Je leur ai demandé : comment pouvez-vous me licencier alors que je n’ai rien gâté ici ? Ils m’ont juste dit que c’est la décision du grand patron. J’ai alors réclamé mes trois mois de salaire qui restaient, ils ont refusé de payer. Et ils m’ont dit d’aller me plaindre là où je veux », a-t-elle dénoncé.

Mais le syndicat des travailleurs de la GBG dément toutes les informations données par les manifestants. Mamady Kanté, le chargé des négociations et conflits au sein du bureau syndical, dénonce une campagne de diffamation contre la société, perpétrée par une entité non reconnue.

Mamadi Kanté, chargé des négociations et conflits au bureau syndical de la société GBG

« Dans notre entreprise ici, le licenciement arbitraire n’existe pas. Lorsque vous faites une faute, on se réfère aux règlements intérieurs pour vous sanctionner. Donc, c’est à notre grande surprise que nous avons constaté l’arrêt des travaux hier, aux environs de 14 heures. Nous, le syndicat des travailleurs, on s’est demandé de quoi il s’agit. Parce que normalement, il ne peut pas y avoir un syndicat dans une société et qu’un soi-disant collectif qui n’est pas reconnu, se lève pour revendiquer. En tant que bureau syndical, nous démentons catégoriquement les propos de ce collectif. C’est une manière pour eux de salir le nom de la société, parce tout ce qu’ils disent est faux », a déclaré Mamady Kanté.

Pour l’heure, il n’y a pas eu de négociations entre les responsables de la société minière, GBG, et les manifestants. Et ces derniers se disent déterminés à poursuivre leur mouvement de protestation jusqu’à la satisfaction de leurs revendications.

De Kankan, Souleymane Kato Camara pour Guineematin.com

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