Un sommet de l’UA pour faire avancer la zone de libre-échange africaine

Les chefs d’Etat africains sont rassemblés samedi à Addis Abeba pour un sommet de l’Union africaine (UA) consacré notamment aux violences meurtrières au Sahel et en RDC et au projet de zone de libre-échange continentale.

La réforme des institutions et les crises alimentaires, alors que le continent est confronté à une sécheresse historique dans la Corne de l’Afrique, figurent également parmi les priorités au menu.

Depuis de nombreuses années, les dirigeants du continent discutent de la mise en oeuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlec), qui doit réunir 1,3 milliard de personnes et devenir le plus grand marché mondial en termes de population.

Ce 36e sommet de l’UA, qui regroupe 55 pays et se tient au siège de l’organisation continentale à Addis Abeba, s’est ouvert samedi vers 10H20 heure locale (7H20 GMT).

Au moins 35 présidents et quatre Premiers ministres y participeront, selon le gouvernement éthiopien.

Il portera notamment sur « l’accélération » de la Zlec, destinée à favoriser le commerce au sein du continent et attirer des investisseurs.

Pour l’heure, le commerce intra-africain ne représente que 15% des échanges totaux du continent.

Selon la Banque mondiale, d’ici 2035, l’accord permettrait de créer 18 millions d’emplois supplémentaires et « pourrait contribuer à sortir jusqu’à 50 millions de personnes de l’extrême pauvreté ». Son PIB combiné s’établit à 3.400 milliards de dollars, selon l’ONU.

Mais des divergences demeurent sur le continent.

Tous les pays de l’UA, à l’exception de l’Erythrée, y ont adhéré, mais les discussions achoppent sur le calendrier des réductions des droits de douane, notamment pour les pays les moins développés.

– Débats houleux –

Le président rwandais Paul Kagame présentera par ailleurs un rapport sur la réforme des institutions de l’UA. Depuis de nombreuses années, M. Kagame plaide pour une série de profonds changements, notamment en faveur de l’indépendance financière de cette institution qui fonctionne principalement grâce aux donateurs étrangers.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, présent au sommet, y fera une déclaration devant l’assemblée.

Le président palestinien Mahmoud Abbas s’exprimera également, mais virtuellement, devant les chefs d’Etat du continent.

En 2022, les débats au sein de l’organisation avaient été houleux, notamment sur l’accréditation controversée d’Israël. Les discussions avaient dû être reportées.

En amont du sommet, des échanges ont eu lieu sur la situation dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) en proie aux groupes armés, en présence notamment du chef de l’Etat congolais Félix Tshisekedi et de son homologue rwandais Kagame.

Durant cette réunion, des chefs d’Etat de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), constituée de sept pays, ont appelé à un « retrait de tous les groupes armés » d’ici le 30 mars.

La RDC accuse son voisin rwandais de soutenir ces rebelles, ce qui est corroboré par des experts de l’ONU, les Etats-Unis et d’autres pays occidentaux, bien que Kigali s’en défende.

Par ailleurs, Azali Assoumani, président des Comores, petit archipel de l’Océan indien d’environ 850.000 habitants, prendra la présidence tournante de l’UA, à la suite de Macky Sall, le chef de l’Etat sénégalais.

Le président comorien « aura besoin du soutien d’autres dirigeants africains pour assumer son mandat, compte tenu du poids diplomatique limité du pays », note l’ONG International Crisis Group (ICG).

– Suspension –

Avant de passer la main, le chef de l’Etat sénégalais présentera un rapport sur les crises alimentaires, sur un continent durement touché par les conséquences – notamment la flambée des prix – de la guerre en Ukraine.

Le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, trois pays dirigés par des militaires issus de coups d’Etat, ont demandé le 10 février la levée de leur suspension de l’UA. Les trois pays ont envoyé des délégations à Addis Abeba pour plaider la levée de leur suspension.

Vendredi, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA, avait déclaré à l’AFP que le conseil « paix et sécurité » de l’institution se réunirait, à une date non précisée, pour décider d’une éventuelle levée de la suspension de ces trois pays.

AFP

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