L’ancien ministre de la défense national, Dr Mohamed Diané, a comparu ce lundi, 8 mai 2023, devant la cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Il s’est présenté à la barre sans aucun avocat pour assurer sa défense dans cette affaire où il est poursuivi pour un chapelet de crimes économiques dont « détournement de deniers publics, blanchiment d’argent ». Les avocats qui l’ont accompagné jusque-là dans ce dossier ont jeté l’éponge et Dr Mohamed Diané refuse de se faire défendre par un avocat commis d’office.
Il a annoncé à la cour qu’il vient de constituer un cabinet étranger pour la défense de ses intérêts. Mais, l’avocat de la partie civile, Me Amadou Babaein Camara, a demandé à la cour de rejeter cette demande de constitution d’un cabinet d’avocats, rapporte Guineematin.com à travers son équipe de journalistes déployé à la CRIEF.
Dans cette affaire, Dr Mohamed Diané est en détention à la maison centrale de Conakry depuis le 6 avril 2022. Et, les avocats qui suivaient son dossier ont fini par jeter le tablier, laissant l’ex ministre de la défense nationale orphelin de Conseil.
Pour permettre la continuation des débats dans cette affaire, la cour a adressé des courriers au ministère de la justice et au bâtonnier de l’ordre national des avocats pour la constitution d’un ou des avocats pour Dr Mohamed Diané. Ces courriers ont d’ailleurs été lus à l’audience de ce lundi. Mais, l’ancien ministre de la défense nationale ne compte pas succomber au charme des avocats commis d’office et il l’a fait savoir aujourd’hui à la cour.
« J’essaie de convaincre mes avocats de venir me défendre. Mais, s’ils n’acceptent pas de venir, je suis en mesure de me trouver des avocats. Mais, je n’accepterai pas des avocats commis d’office », a dit Dr Mohamed Diané à la barre.
Prenant la parole, le ministère public a sollicité le renvoi de l’audience pour régler cette question de constitution d’avocats pour le prévenu.
« En cette matière, nous n’entendons pas aller au fond des débats pour poser des questions, si préalablement il n’y a pas un avocat constitué… Donc, s’il n’y a aucun constitué pour défendre le prévenu (Dr Mohamed Diané) ici présent (…), nous requérons qu’il plaise à votre Cour de renvoyer cette affaire pour cette question de constitution d’avocats », a sollicité Joséphine Loly Tinkiano, substitut du procureur.
De son côté, l’avocat de la partie civile, représentée par l’agent judiciaire de l’Etat, a exprimé son opposition à la constitution d’un cabinet d’avocats. Me Amadou Babaein Camara assimile cela à une violation de la loi.
« Les avocats refusent d’être de connivence avec leur client, cela ne doit pas être un obstacle pour la cause de procéder jugement de cette affaire. Mais, monsieur le président, c’est la lettre de constitution d’un nouvel avocat ou d’un nouveau cabinet d’avocats qui a attiré mon attention. Ce cabinet d’avocats a élu domicile à l’étude de Me Almamy Samory Traoré qui est l’un des avocats qui a refusé de venir assister leur client. Ce qui est paradoxal monsieur le président. Et mieux, monsieur le président, la constitution du cabinet d’avocats est contraire aux lois guinéennes. Sur la lettre de constitution du cabinet d’avocats, je ne vois pas l’autorisation du bâtonnier, je ne vois donc pas la réciprocité entre la République du Mali et celle de la Guinée. C’est pourquoi, monsieur le président, nous nous sollicitons qu’il vous plaise de rejeter cette demande de constitution du cabinet d’avocats », a plaidé Me Amadou Babaein Camara.
Finalement, la Cour a renvoyé l’affaire au 15 mai prochain pour la constitution d’avocats de Dr Mohamed Diané.
Mamadou Laafa Sow et Emmanuella Assou pour Guineematin.com
