Avoir le montant indiqué à sa disposition et se rendre dans une agence ne suffisent pas toujours pour pouvoir payer sa facture d’électricité. C’est la dure réalité à laquelle sont confrontés beaucoup de clients de l’électricité de Guinée (EDG). Fatigués et révoltés, certains clients de l’agence de Yattaya ont exprimé leur colère ce vendredi 30 juin 2023, a appris Guineematin.com à travers un des ses reporters qui était sur place.
Récemment mise en service, l’agence d’EDG de Yattaya est censée se rapprocher des clients de la société en vue d’atténuer leurs difficultés, car avant, ils devaient aller à Lambanyi pour régler leurs factures alors qu’il y a souvent du monde là-bas. L’installation de cette nouvelle agence à environ 500 mètres du carrefour de Foulamadina, commune de Ratoma, a dû ravir plus d’un. Mais, c’était sans compter avec les coupures intempestives d’électricité ici (comme dans d’autres quartiers de Conakry également), notamment.
Ce vendredi matin, nous avons décidé, comme d’autres clients, d’aller payer notre facture d’électricité dans cette agence. Arrivé sur place vers 10 heures, nous y avons trouvé une dizaine de personnes qui y sont allées pour la même raison. Deux ou trois d’entre elles ont pu payer avant que le courant ne parte. Venir payer sa facture d’électricité et le courant s’en va. Curieux !
Après une trentaine de minutes d’attente, certains clients commencent à s’impatienter face à cette réalité qu’ils estiment anormale. « Ils n’ont pas de groupe électrogène de secours ici ? », s’est demandé l’un d’entre eux. Un responsable de l’agence qui passait par là lui demande de se calmer et de patienter. Entre-temps, d’autres clients sont arrivés et le courant n’est toujours pas revenu.
Aux environs de 11 heures 40 minutes, il revient mais repart aussitôt. Ce qui a irrité encore plus les clients. « Les gens viennent ici, se torturent, il n’ y a même pas suffisamment de places pour s’asseoir. C’est un problème qui fatigue les gens ici », a réagi Thierno Sounounou Barry en colère.
Un autre travailleur de l’agence, qui a tenté de le calmer, explique que même sans électricité leurs machines ont une certaine autonomie pour fonctionner mais que le problème serait dû à l’absence de réseau. Mais cette explication ne passe pas auprès des clients.
« Normalement, ils devraient avoir un groupe, mais dire que même s’ils en ont un, les poteaux orange ne vont pas allumer leur groupe pour les servir, ce n’est pas une vérité. Orange ne peut pas rester sans le courant », a poursuivi Sounounou Barry avant de s’en aller.
En plus des coupures d’électricité, certains clients pointent du doigt le manque de disponibilité des agents à Yattaya.
« Je suis venue payer ma facture à EDG mais j’ai vraiment des problèmes à le faire parce qu’à chaque fois que je viens ici, c’est les mêmes bêtises. Si ce n’est pas le manque d’électricité, eux-mêmes qui servent le courant à la population, les agents ne sont pas disponibles. Tu peux passer tout une journée ici sans payer ta facture, tu es obligé parfois de rentrer et de revenir pour la même chose », a déploré Souadou Barry, qui a peur de manger l’argent de la facture.
« Tu as une famille à nourrir, on t’envoie une facture, tu arrives à gagner difficilement pour payer, dans les conditions normales tu dois pas venir et retourner avec cet argent. Ce n’est pas bien pour toi parce que tu peux avoir des situations difficiles qui te poussent à toucher cet argent-là et de le manger. Et si tu n’arrives pas à payer la facture après, ils vont venir sans chercher à savoir pourquoi tu n’as pas payé, ils te coupent le courant. Tu vas te retrouver dans le noir », a-t-elle fait savoir.
La colère de ces deux clients est partagée par plusieurs autres rencontrés sur place et qui sont rentrés chez eux sans pouvoir payer leurs factures.
Au-delà de l’agence de Yattaya, c’est tout le système du service public en Guinée qu’il faudra repenser car la plupart ont ce genre de difficultés. Aux difficultés techniques, on peut aussi rajouter le mépris dont certains agents publics font preuve à l’égard des clients.
Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com
