Gongoré (Mamou) : le calvaire des habitants de Holländé Fougoun qui manquent de tout

Les habitants du secteur Holländé Fougoun, relevant du district de Kourou, dans la commune rurale de Gongoré, à 62 km du chef-lieu de la préfecture de Mamou, connaissent de nombreuses difficultés. Au manque de routes praticables pour y accéder, s’ajoutent la non couverture de la localité par le réseau téléphonique, le manque de poste de santé, d’écoles et de marchés. Un véritable handicap pour les populations locales qui ne savent plus à quel saint se vouer. Tel est le constat fait sur place par Guineematin.com à travers son envoyé spécial.

Le secteur Holländé Fougoun, relevant du district de Kourou, est situé à 7 km du Gongoré centre et à plus de 8 km de Kourou centre. Les habitants de cette localité se plaignent de l’absence du réseau téléphonique mais aussi du manque de poste de santé, d’écoles, de marché et même de signaux pour recevoir les émissions radiophoniques.

Mamadou Pathé Diallo, marchand, ressortissant de Hollande Fougoun à Conakry

Mamadou Pathé Diallo, marchand, ressortissant du secteur à Conakry, dénonce. « L’une des plus grandes difficultés dans notre village, c’est le manque de réseau téléphonique. Nous n’avons aucune fréquence de radio ici. Nous sommes dans le secteur de Holländé Fougoun ici. Il y a beaucoup de villages qui ne sont pas couverts par le réseau téléphonique. Il en est de même pour la connexion internet. Pour avoir une connexion internet, il faut aller à Bowoun Guillako. Dans notre localité, les jeunes se battent pour l’entretien des villages, il y a des clôtures grillagées. Mais quand tu veux construire un bâtiment et que tu déplaces un camion pour le transport des agrégats, c’est tout un problème. Le problème de route est tout autre. Nous sommes à 6 ou 7 km du chef-lieu de la sous-préfecture de Gongoré. Quand tu veux te rendre ici, on te demande de payer 200 à 300 000 GNF à cause du mauvais état de la route », a dénoncé notre interlocuteur.

Elhadj Thierno Amadou Oury Diallo, natif de Hollande Fougoun

Même son de cloche pour Elhadj Thierno Amadou Oury Diallo, natif de Holländé Fougoun, qui demande de l’aide pour la réalisation d’un pont pour désenclaver le secteur. « Nous avons d’énormes difficultés liées au manque de route. Nous n’avons qu’une seule route qui mène chez nous. Elle est la seule rentrée et la seule sortie. Nous avons tout fait pour qu’elle traverse notre secteur. Mais nous avons une rivière qui nous bloque entre ici et Dondé. Nous avons un pont là-bas. J’avais même déplacé un ingénieur qui avait quitté Mamou pour faire l’état des lieux. Il a fait savoir que c’est un pont long de 12 m. Nous sollicitons une aide pour la réalisation de cet ouvrage de franchissement qui arrive à Toulbheré en passant par Dondé Ley, Dounkiré, Madina et Maninka Sow Pennoun. C’est une route qui peut mener jusqu’à Dalaba et Tougué. Il y a deux cours d’eaux à ce niveau. C’est la même rivière de Badiwol qui est traversée deux fois. Nous sollicitons un financement de ce pont, puisque nous n’avons pas de moyens pour les travaux. Nous avons même lancé un SOS à nos parents qui vivent à Conakry, aux Etats Unis d’Amérique et ailleurs. Moi-même, j’ai eu à déplacer un camion pour transporter six chargements de blocs de pierre dans la rivière afin de permettre le passage des motos et véhicules. Mais l’eau a tout transporté. Nous demandons aux autorités de nous aider à réaliser cette route et le pont », a plaidé Elhadj Thierno Amadou Oury Diallo.

Ibrahima Kandia Keita, chef secteur Hollande Fougoun

Selon Ibrahima Kandia Keita, chef du secteur de Holländé Fougoun, les citoyens se battent avec les moyens du bord pour colmater les brèches sur les routes.  « Les citoyens se mobilisent chaque année pour travailler la route. On creuse, on casse les pierres. Les jeunes aménagent les cours d’eau pour permettre le passage des motos et autres. Mais actuellement, tout est dégradé, surtout au niveau de la rivière Badiwol et celle de N’dala. En quittant Gongoré pour venir à Missidé Holländé, il y a également plusieurs collines et des petites montagnes, y compris des Bowés où les véhicules et motos patinent parfois. Si le gouvernement nous assiste, cela sera utile pour nous et nos voisins », a expliqué le chef du secteur de Holländé Fougoun, Ibrahima Kandia Keita.

Kadé Billo Diallo, ménagère domiciliée à Hollande Fougoun

Pour sa part, Kadé Billo Diallo, ménagère domiciliée à dans ce secteur, est revenue sur les difficultés de la couche féminine. « Les femmes ont de sérieuses difficultés à Holländé Fougoun, liées au manque d’eau, d’un poste de santé, d’écoles et de marché. Si une femme tombe enceinte ici, elle rencontre des problèmes de soins. Pour aller prendre un carnet, il faut que tu déplaces une moto qui coûte chère. Nous n’avons pas de poste de santé. Pour se soigner, il faut aller jusqu’à Gongoré centre ou bien on déplace l’agent de santé pour venir nous consulter. Beaucoup de femmes ont des complications liées à l’accouchement. Ensuite, nous n’avons pas d’eau. Ici, il n’y a qu’un seul forage pour tout le village, et la seule rivière tarit pendant la saison sèche. Les puits tarissent souvent ici. Nous avons aussi des enfants non scolarisés par manque d’école. Nous faisons l’agriculture avec un rendement élevé. Mais, le problème lié aux frais de transport se pose. Nous n’avons pas de marché sur place. Nos produits agricoles pourrissent à cause des mauvaises routes… ».

En outre, la bonne femme est revenue sur les problèmes d’électricité et d’accès au réseau téléphonique. « Pour recharger les batteries de nos téléphones, c’est compliqué. Il y a un seul endroit où il y a du courant. C’est à l’aide de l’électrification rurale de la société Orange Guinée, financée par notre parent Elhadj Baïlo Bhouria qui paye 200 000 GNF par mois. C’est insuffisant pour la localité. On est obligé d’aller jusqu’à Gongoré centre pour recharger nos téléphones en payant 1 500 à 2 000 GNF par charge qui ne dure pas. Je demande aux personnes de bonne volonté et au président de la République de nous assister. Nous sommes fiers d’être commandés par le district de Kourou. Pour cela, nous demandons à Elhadj Alpha Amadou Kourou, partenaire privilégié de la société Orange Guinée, de nous manager afin qu’on obtienne le réseau chez nous », a sollicité Kadé Billo Diallo, ménagère domiciliée à Holländé Fougoun.

De Holländé Fougoun (Gongoré, Mamou), Amadou Baïlo Batouala Diallo, envoyé spécial de Guineematin.com

Tél : (00224) 628 516 796

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